Les communautés sectaires ont quelque peu délaissé le porte-à-porte quotidien pour se concentrer davantage sur d’autres types d’infiltrations, moins repérables mais plus insidieux. Des sites internet jusqu’aux coachings personnalisés, les entreprises sont aussi et surtout les proies très prisées des sectes en tout genre.
Comment une secte pénètre votre entreprise
Les sectes se retranchent derrière les besoins de l’entreprise et, tout en cachant leurs véritables objectifs, proposent un certain nombre de prestations. Ces dernières passent par l’organisation de séminaires, de stages et de formations, généralement en lien avec le développement personnel, la gestion des émotions et les sujets tournant autour de la psychologie. Pour se faire connaître, différents moyens sont utilisés : l’envoi de brochures regroupant les interventions possibles, les appels de « commerciaux » ou du secrétariat d’un cabinet proposant un rendez-vous, l’utilisation des réseaux sociaux où sont présentés soit le profil d’un formateur soit le profil d’une structure. N’oublions pas non plus le site internet qui centralise l’ensemble des prestations, tout en mettant en valeur des outils utilisés par des organismes sérieux comme la PNL, l’analyse transactionnelle ou autres thérapies comportementales. Le but : améliorer le bien-être au travail et développer le potentiel des équipes. Autres victimes directes ou indirectes de l’infiltration sectaire : les organismes de formation. D’une part, il est relativement simple de créer ce type de structure : le numéro d’immatriculation s’obtient via une simple déclaration en préfecture. Ensuite, il suffit d’envoyer un rapport annuel regroupant les finances de l’organisme et un bilan pédagogique. A partir de là, le groupuscule peut créer son propre établissement, y placer les membres de son réseau et commencer à s’infiltrer au sein même des entreprises. D’autre part, les organismes de formation, tout à fait sérieux, mais dans lesquels s’introduisent à leur insu, certains formateurs issus de communautés sectaires.
Comment reconnaître un comportement sectaire
Il n’est pas aisé de repérer les méthodes utilisées par les sectes. Elles s’insèrent obscurément au centre de la cible. Toutefois, la première chose à faire est d’actionner l’instinct et la vigilance. Lors d’une formation ou d’un coaching personnalisé, il est important de rester attentif sur ces quelques points, au moment où l’intervenant va :
– valoriser exagérément ses victimes en faisant preuve de chaleur humaine et de fausse empathie; son but : la confiance ! Se sentir compris par l’écoutant et se donner un rôle de « sauveur » de la situation.
– destructurer et dramatiser la vision de l’entreprise dans laquelle évolue le participant, mais aussi sa vision sociale et familiale; son but : isoler la victime et la rendre dépendante du formateur.
– effectuer des tests de personnalité plus ou moins poussés et souligner surtout les points faibles de la personne. Il sera ensuite proposé d’effectuer des changements physiques et psychologiques pour renforcer les capacités afin de se reconstruire. Objectif: modifier le comportement et fragiliser le libre-arbitre.
– utiliser un discours reliant la psychologie à la médecine (ex : un problème psy peut engendrer un grave problème de santé) et tenir un sermon qui tend vers l’ésotérisme.
– prolonger la prestation à l’extérieur de l’entreprise. Ce prolongement est bien sûr payant.
Vous avez affaire à des manipulateurs émérites avec lesquels vous devez prendre des précautions. L’aspect financier est une part importante de la manipulation sectaire avec de nouvelles prestations sans cesse renouvelées et des tarifs de plus en plus prohibitifs. Bien sûr, il n’est pas question de stigmatiser tous les coachs, cabinets de formation et de recrutement et les formateurs indépendants. Seuls plusieurs indices cumulés ensemble peuvent laisser penser à un comportement sectaire.
Dirigeant et cadre : soyez vigilants !
Comme cela a été dit plus haut, la secte s’introduit par différents biais, elle peut également passer directement par le PDG et le mettre sous son emprise. Subissant une pression permanente, il est une proie proie idéale pour les gourous. Notons également que sous l’impulsion des chefs d’entreprise, cette place de choix permet à ces groupuscules de se déployer sur un grand groupe d’employés. Ainsi, avant de collaborer avec un formateur, un coach ou un cabinet, il est essentiel de :
– bien se renseigner sur leurs références et leurs diplômes
– vérifier la déclaration d’un organisme auprès des services généraux de contrôle de la formation professionnelle
– avoir un plan détaillé de leurs programmes avec les méthodes employées, la durée précise du stage, les tarifs et les objectifs de ces actions. Tout doit être transparent !
– être sur ses gardes face à un formateur qui refuse que son discours soit questionné, voire remis en cause. Le dialogue, la tolérance et les explications font partie d’une intervention sérieuse.
– se méfier des stages / formations qui se déroulent en extérieur, notamment durant les week-ends.
Bien d’autres points peuvent être vérifiés, voici déjà les bases afin d’éviter toute intrusion indésirable.