Une appli’ qui bouscule le secteur agroalimentaire
Avec plus de 10 millions de téléchargements, l’application Yuka fait désormais partie du paysage alimentaire français. On ne compte plus les consommateurs surpris en train de scanner des produits dans les supermarchés et certains industriels commencent même à changer la composition de leurs recettes pour devenir « Yuka compatible » et afficher le drapeau vert dans l’appli’. En effet, pas question pour Yuka de nouer de partenariats commerciaux et de favoriser certaines marques. L’entreprise reste indépendante ; elle se base sur la détection des additifs via les avis de l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) et elle utilise le système de calcul Nutri-Score validé par le gouvernement pour évaluer la qualité nutritionnelle des produits. À l’origine de cette idée dans l’air du temps ? Julie Chapon, 31 ans, Benoît Martin, 36 ans et François Martin, 31 ans.
3 associés en quête d’un projet entrepreneurial
Tout commence en 2015 quand les deux frères Benoît et François Martin cherchent à entreprendre. Après une école de commerce, Benoît travaille dans les achats. François est diplômé d’une école d’ingénieur. Il gère son agence Web et il développe des sites Internet. Julie Chapon, quant à elle, est diplômée de l’EDHEC, une école de commerce à Lille. Elle travaille depuis 5 ans à Paris dans une agence de conseil chargée d’accompagner les entreprises dans leur transition digitale. Elle gagne bien sa vie, mais elle cherche un sens à son travail. Lorsqu’elle apprend que son ami François souhaite se lancer dans une aventure entrepreneuriale avec son frère, elle propose de se greffer au projet.
Un Hackathon pour mettre le pied à l’étrier
Pour se tester à l’entrepreneuriat et flairer les bonnes idées, les trois associés décident de participer à un Food Hackathon : un concours de développement informatique destiné à lancer des projets dans la FoodTech (projets Web dans l’alimentaire). Là, ils conçoivent un premier concept d’objet connecté aimanté au frigo, mais petit à petit, à force de rencontres et de brainstorming, ils changent de trajectoire et ils finissent par coucher le projet d’application Yuka sur papier.
Un nouveau virage avec Ticket for Change
Les trois associés sont complémentaires : François Martin au commercial, Benoît Martin au développement informatique et Julie Chapon au marketing et création de contenus. Ils se lancent dans la conception de Yuka en travaillant soirs et weekends, sans lâcher leur emploi respectif… Jusqu’au jour où ils participent à Ticket for Change, un concours de startups à destination des « entrepreneurs du changement ». Là, ils rencontrent un écosystème passionné et impliqué. Ils réalisent que seul un investissement total leur permettra de mener leur projet à bien. Le virage est entamé. Chacun travaille sur Yuka à plein temps. Julie Chapon démissionne de son emploi salarié en 2016.
Un succès immédiat pour une stratégie rodée
L’application Yuka sort en janvier 2017 et le succès arrive très vite. Le modèle économique repose essentiellement sur le don et sur la vente de contenus premium via un blog au sujet de la nutrition. Pas de levée de fonds : juste du temps, de la pugnacité et des compétences bien utilisées. L’application, elle, reste gratuite jusqu’à 75 produits scannés. Fidèle aux tendances du moment, elle se veut collaborative, c’est-à-dire que les consommateurs intègrent eux-mêmes les produits qui ne sont pas encore référencés, sur le même modèle que Wikipedia, après vérification manuelle. En 2018, Yuka élargit ses analyses aux produits cosmétiques et cette année 2019, une version payante est proposée au tarif de 15 euros par an. Forte d’une équipe élargie à 10 personnes, l’entreprise part à la conquête des supermarchés espagnols, belges, anglais et luxembourgeois. Avec Yuka, on peut dire que Julie Chapon et ses associés ont donné un beau coup de pied dans les modes de consommation, mais aussi dans le secteur agroalimentaire !
Yuka en quelques chiffres
- Plus de 10 millions de téléchargements
- 3 millions de produits scannés chaque jour
- 35 produits scannés par seconde
- 450 000 produits alimentaires référencés
- 150 000 produits cosmétiques référencés
- entre 2 000 et 3 000 contributions par jour
- de 1 à 1.5 million de visiteurs uniques par mois sur le blog
- un très fort taux de connexion les soirs et weekends, les périodes de vacances, particulièrement pour Noël et le jour de l’an