Au commencement était le « Je »
Vous êtes invité à dire « Je » quand vous échangez avec un collaborateur, « Je sens », « Je ressens », « Je dis », « Je fais ». Le « Je » est le pronom de l’engagement. Je rassure. « Je vais faire » est plus rassurant que « On m’a dit ». CQFD. Dire « je sous-entends » ou « je choisis » plutôt que « il faut » ou « on doit »… Une nuance : j’ai des opinions, des idées. Les opinions que j’ai peuvent rassurer, « Le manager sait » ou générer du conflit : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous pensez ». Toute opinion admet généralement un contraire et génère de la discussion. A manipuler avec précaution donc ! Trop de « Je » finit toutefois par gonfler le collaborateur qui n’entend plus que Monsieur le Manager qui ramène tout à lui… Heureusement, il reste 8 autres options pour échanger !
« Tu » tue ou le bruit assourdissant
« Tu » marque un début d’éloignement : « Je réussis mais tu t’es trompé. ». Une autre version de « ma fille est géniale mais la tienne ne fait que des bêtises » Quand je dis « tu » pour parler d’une histoire qui me concerne, je mets de la distance et me désengage. A quel point je ne veux pas m’identifier dans ce que « tu » dis ? Exemple : le manager raconte une situation difficile et dit : « Tu stresses dans ce cas et tu ne trouves pas de solution à cette problématique… ». Astuce : écoutez-vous et écoutez vos collaborateurs… En Communication Non Violente, le « tu tue », il est mortel de parler de l’autre à sa place. Exemple : « Tu l’as fait exprès ». Qu’en savez-vous ? Vous n’avez pas pour l’instant un lecteur absolu de l’intention de l’autre. Une piste à essayer : « Comment as-tu vécu cette situation ? »
Pour aller plus loin, lisez Méthode Harvard : prendre plaisir aux conflits en particulier le 3ème principe
« Il » ou « Elle » parle de la rumeur
Imaginons que vous rapportez les propos d’un tiers « il » ou « elle » à votre collaborateur, le danger est double : il perçoit le danger et se ferme, en particulier si les propos sont teintés de négatif. « Il » ou «Elle » prépare sa réponse pour qu’elle reflète ce que vous avez envie d’entendre. J’appelle cela le mode « centré réduit ». Votre collaborateur soupçonne une alliance entre vous et l’autre « Il » ou « Elle ». Il se méfie et peut vous jouer le numéro du charme, de la victime ou de la colère. Danger pour vous !
« On » est un con
Si vous dites « on », vous parlez à partir de l’indéterminé, l’indéfini, du flou, qui je le rappelle, se termine invariablement en connerie précise, enfin souvent. Le pronom devient impersonnel. Le « On » dans par exemple : « On va s’occuper de vous » marque aussi l’impuissance du manager « Je ne peux rien faire mais on… ». Dire « On » donne un sacré coup à votre capacité d’influence et à votre charisme.
« Nous » rassemble s’il est sincère
« Nul n’est parfait mais une équipe peut l’être » selon Meredith Belbin, spécialiste reconnu de l’équipe : le « Nous » appelle à l’intelligence collective. « Nous sommes ensemble dans le même bateau et regardons dans la même direction ». Le « Nous » engage s’il est illustré par des actes : le leader efficace fait ce qu’il dit.
Le « Vous » tueur à gage dans un gant de velours
« Vous » est une version élégante de « Tu », une sorte de tueur à gage dans un gant de velours ? Je vous raconterai ce que « Ils » ou « Elles » pensent de tout cela afin de partager mon étonnement : parfois un tout petit changement peut provoquer une révolution…