Il me voit bien sûr comme un concurrent
Un jour, alors que le nouveau DG n’est pas encore nommé, le Directeur commercial à l’international – un jeune loup de 28 ans, diplômé d’une grande école – vient dans mon bureau et me dit : « J’ai une certaine ancienneté ici, contrairement à vous, et j’espère bien avoir le poste de DG ». Il me voit comme un concurrent alors que je ne convoite absolument pas cette place ! J’essaie de le rassurer : « Je n’en ai ni l’ambition ni les compétences. » Mais il ne me croit pas. Cela a cassé le relationnel d’emblée.
Sa première décision : me mettre dehors !
De fait, la première décision qu’il prend en tant que DG dès le mois de janvier, c’est de me mettre dehors. Il me convoque et me l’annonce sans préciser la raison. 15 jours après, il m’informe que finalement il me garde tout en précisant bien que c’est le Président qui est intervenu en ma faveur : « Vous avez bien joué le coup. Il y a une pétition qui circule pour vous soutenir ». Il est persuadé que j’en suis l’instigateur ! En tant qu’officier de réserve, j’ai un code de l’honneur. Jamais je n’aurais demandé une chose pareille.
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Il agit comme un vrai dictateur
Pendant 2 ans, on se voit tous les 15 jours dans son bureau. Il n’a rien à me reprocher mais j’appréhende à chaque fois ce moment. J’essaie de ne pas le brusquer, veux lui faire comprendre qu’il se trompe sur moi et sur sa façon de manager, mais il gère tout en solitaire, veut tout savoir, et n’a confiance en personne. Même s’il est très intelligent, il est très dur, à la moindre erreur, c’est la mise à pied. Il mène tout le monde à la baguette. Un vrai dictateur. Pourtant, parait-il, en dehors du travail, il arrive à se lâcher et pratique même l’humour.
A la moindre erreur, il ne me loupe pas
En 2005, il décide de changer l’organisation, il supprime la Direction Commerciale France, il décentralise l’activité commerciale au niveau des régions sous le prétexte de responsabiliser les équipes et les rapprocher des clients. Mon poste disparait de l’organigramme – j’imagine que c’est pour me déstabiliser. Il me propose le poste de responsable des services généraux, à 53 ans je n’ai jamais œuvré à ce poste. Je me suis dit « J’essaye !». Mais à la moindre erreur, il ne me loupe pas. Il n’a pas confiance en moi, vérifie mes frais de mission au kilomètre près. Toujours la suspicion ! Lors des entretiens d’évaluation de fin d’année, il me casse complètement, et me balance tout ce qui n’a pas été bon, comme ça, si je lui demande une augmentation, il me coince ! Jamais il ne m’a invité à déjeuner, jamais il ne m’a adressé un compliment.
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Pour mon départ, il paye le “mousseux” !
Et puis, à partir de 2010, d’un coup il change du tout au tout, et propose de mettre en place un système de management participatif qui nous permet d’aborder tous les sujets et nous redonne un pouvoir de décision. Il fait des efforts et cesse son harcèlement, et quand je pars à la retraite en décembre 2014, me propose d’organiser un pot. Je lui dis : ” Ce sera l’occasion de boire le champagne” et il me répond : « Ah non ! On achètera du mousseux ! ».
Très agacé je n’organise pas de pot de départ, et en organise un trois semaines après mon départ sur mes deniers personnels.
Le DG ne m’a jamais dit « merci », sauf en septembre dernier parce que je lui ai rendu service. Le plus fort, depuis mon départ, c’est que sans vergogne il m’appelle en cas de problème.
Témoignage recueilli par Sylvie Marchal.
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