Peter Thiel, un des entrepreneurs les plus célèbres du siècle, est à l’origine d’innovations qui ont changé la face du monde (PayPal, Palantir). Il investit largement dans les startups et des projets à haut potentiel via son hedge fund Valar Ventures (Facebook, LinkedIn, SpaceX …). De ses expériences entrepreneuriales, Peter Thiel en a fait un ouvrage. Publié en 2012, « From Zero to One : Notes on Startups or how to build the future » Il explique ce qui selon le serial entrepreneur constitue les clés de succès d’une entreprise ou d’une startup qui part de zéro. Voici les trois piliers de la réussite d’une entreprise.
1 – Choisissez votre associé comme votre conjoint
Peter Thiel compare l’association entrepreneuriale à un mariage. Dans cette union si particulière, les compétences de chaque associé sont importantes et doivent dans l’idéal se compléter. Mais la complémentarité des caractères et des personnalités, le niveau d’investissement personnel, le plaisir à travailler ensemble sont encore plus importants.
Peter Thiel estime qu’il faut en effet avoir « du plaisir à être ensemble » et « une histoire commune » pour créer une entreprise durable, dans laquelle chaque associé se sent totalement impliqué, à hauteur de l’investissement personnel des autres membres de l’équipe fondatrice. Et si vous rencontrez votre associé sur le tard, charge à vous de « créer » cette histoire commune.
Pour réussir son association dans de telles conditions, Peter Thiel explique qu’il faut savoir prendre le temps : le temps de connaître la personne, ses points forts et points faibles professionnels, mais aussi ses qualités et ses défauts personnels. A-t-elle du courage ? De la pugnacité ? De la passion ? Tiendra-t-elle dans la durée malgré les périodes difficiles ? Et surtout : a-t-elle la même vision de l’entrepreneuriat et du risque que vous ? Il faut savoir que certaines personnes investissent pour obtenir du dividende, voire une plus-value de cession à court terme, ce qui est tout à fait louable. Mais si vous-même envisagez une croissance lente, basée sur le réinvestissement constant des gains, par exemple, vous ne ferez pas bon ménage !
Enfin, dès lors que vous décidez d’une association, pensez à faire rédiger un pacte d’associés. Ce contrat vous permettra d’anticiper les situations de conflits et leurs modalités de règlements, un peu comme un contrat de mariage.
2 – Définissez bien le rôle de chacun
Peter Thiel évoque trois catégories de personnes qu’il est important de connaître pour constituer une équipe solide et maintenir la cohésion dans la durée :
– la propriété : les personnes de cette catégorie possèdent des actions dans l’entreprise.
– la possession : les personnes de cette catégorie gèrent au quotidien l’entreprise ou l’un de ses services.
– le contrôle : les personnes de cette catégorie pilotent la stratégie et les affaires de la société. Ils ont des comptes à rendre en direct aux investisseurs et financeurs ou ils sont directement les investisseurs.
Pour Peter Thiel, cette répartition des « visions » aide celui qui constitue les équipes à mieux comprendre les intérêts et les contraintes de chacun, pour leur attribuer – éventuellement – des tâches associées ou pour le moins compatibles avec leurs propres enjeux.
Il est à noter que certaines personnes dans l’entreprise cumulent plusieurs catégories et donc plusieurs visions. Il est par exemple fréquent de voir apparaître des conflits entre propriété et contrôle avec des personnalités souhaitant voir l’entreprise capitalisée en bourse alors que d’autres personnes (généralement les fondateurs historiques) préfèreront perpétuer leur activité en dehors des marchés boursiers.
Pour éviter ce type de conflit, Peter Thiel recommande une action drastique : limitez au maximum les personnes ayant le contrôle, c’est-à-dire les membres du conseil d’administration. Il avance même un chiffre : 3 à 5 membres maximum pour une société non cotée.
3 – Définissez clairement les principes de rémunération
Selon Peter Thiel, moins un entrepreneur se rémunère, plus son entreprise croît. « Un entrepreneur qui gagne beaucoup d’argent aura tendance à maintenir le statu quo pour maintenir son salaire. Un entrepreneur qui gagne moins ou qui jouit encore d’une marge de progression financière consacrera beaucoup plus d’énergie à développer son entreprise. »
Sur la base de ce constat, l’homme d’affaires estime qu’une entreprise durable est une entreprise capable d’anticiper et de gérer l’augmentation des rémunérations pour chaque collaborateur, afin de maintenir la motivation intacte dans la durée. Cette stratégie s’applique autant aux salariés qu’aux membres fondateurs avec des avantages évolutifs tels que les primes et intéressements, mais aussi la participation au capital.
Dividende court terme vs réinvestissement : attention aux différences de vision.
Selon Peter Thiel, si la rémunération ne fait pas tout, elle reste une clé de la réussite à long terme.
Les trois conditions d’une entreprise durable, selon Peter Thiel
– associez-vous comme on se marie
– propriété/possession/contrôle : prenez en compte le rôle de chacun (et limiter les personnes ayant le contrôle)
– définissez une stratégie de rémunération à long terme
Source : Medium- Le contenu est tiré de l’article « La Loi de Thiel », d’Alexis Minchella, entrepreneur, auteur du podcast « Tribu Inde » et de l’ouvrage « Freelance : l’aventure dont vous êtes le héros », aux éditions Eyrolles.