Angélique Lacroix : un parcours académique pour devenir ingénieure en génie urbain

Angélique Lacroix, 35 ans, est ingénieure en génie urbain et cheffe de service au sein du groupe de conseil et d’ingénierie Ingérop. A l’occasion de la Journée Internationale des Droits de la Femme, elle témoigne pour sensibiliser à cette possibilité de choix de carrière mais aussi, de manière plus générale, pour mettre un coup de projecteur sur son métier. 

Le secteur de l’ingénierie est un secteur qui souffre d’une pénurie de talents. En 2023, Syntec Ingénierie – fédération professionnelle de l’ingénierie – estimait qu’il manque entre 50 000 et 60 000 nouveaux ingénieurs diplômés chaque année pour répondre aux besoins de l’économie française ; les grands projets d’infrastructures urbaines amplifiant ce constat. Comme pour d’autres secteurs scientifiques et techniques, les femmes sont sous-représentées.  Mais cela tend à évoluer dans le bon sens : dans le secteur de l’ingénierie et de la construction, une enquête réalisée par l’Observatoire des Métiers de la Construction montre que  les entreprises sont de plus en plus nombreuses “à considérer que la mixité est un enjeu important, qu’elle a des impacts positifs sur la performance globale de l’entreprise et qu’elle pourrait contribuer à atténuer les tensions liées au recrutement”. De nombreuses initiatives pour encourager la diversité et pallier cette pénurie de talents sont déployées par les écoles, les fédérations professionnelles et les entreprises. Angélique Lacroix fait partie des personnes qui œuvrent à sensibiliser les jeunes filles et les jeunes garçons en se rendant dans des collèges et des lycées pour expliquer en quoi consiste son métier et quelles perspectives de carrière ils peuvent envisager en choisissant cette filière.

Angélique Lacroix : un parcours académique pour devenir ingénieure en génie urbain

Une volonté de comprendre nos territoires et être actrice de leur évolution

 “Depuis l’adolescence, je voulais faire carrière dans l’aménagement du territoire, en ayant une compréhension totale des enjeux tant physiques que sociétaux. Il a fallu, pour cela, que je me crée mon propre parcours de formation en suivant différents cursus en parallèle car il n’existait pas de formation qui puisse être à la fois technique et scientifique tout en prenant en compte les sciences humaines.” Angélique Lacroix a, ainsi, suivi un premier cycle avec un double cursus Sciences de la Terre à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris et géotechnique en école d’ingénieur au CNAM, puis un second cycle à l’École Nationale Supérieure de Paysage (ENSP Versailles) en conception du paysage et à l’université en urbanisme. “J’ai une véritable soif de comprendre les choses ! Je voulais, comprendre le socle des métiers liés à la conception pour me sentir légitime mais aussi pour avoir une vision complète des enjeux sur lesquels je pourrais travailler plus tard. Cela m’a permis de mieux découvrir comment aménager, construire, penser un projet de manière optimale et au bénéfice de toutes les parties prenantes”, confie-t-elle. “Une fois diplômée, j’ai effectué quelques mois dans la recherche, sur le sujet des populations vivant dans les anciens territoires miniers du Sud Est de la France. Bien que le sujet m’ait passionné, la temporalité de la recherche et le fait de n’être que dans l’observation ne me correspondaient pas, j’avais besoin d’être davantage dans le concret, dans le moment présent et dans l’action.”

S’en est suivie une première expérience professionnelle en agence de paysage puis Angélique Lacroix a choisi de rejoindre Ingérop*. Révélateur, son entretien de recrutement l’a convaincue qu’elle partageait la même vision de l’entreprise de ce que peut et doit être la transformation des territoires : des compétences au service des populations pour leur permettre de mieux vivre. Elle explique : “je me suis sentie en phase avec le discours du recruteur, la façon dont Ingérop appréhende les territoires a résonné en moi et faisait sens avec ce que j’imaginais du travail que je voulais faire.”

Parce que l’ingénierie urbaine, ce n’est pas simplement comment construire un bâtiment, un quartier, des lignes de transports, une route, etc. C’est d’abord comprendre un lieu ou un territoire dans sa globalité, son histoire, les populations qui y vivent, prendre en compte leurs besoins actuels passés et futurs pour proposer des solutions de lieu de vie et de mobilité plus agréables, plus confortables tout en les pensant dans une logique de durabilité environnementale. La réflexion sur la conception et les études liées à celles-ci viennent ensuite.

L’ingénierie urbaine, une expertise qui dépasse l’appétence pour les maths et les sciences techniques

C’est pourquoi l’ingénierie urbaine n’est pas uniquement destinée à celles et ceux qui opteraient pour une école d’ingénieurs. Souvent, les jeunes collégiens et lycéens, filles ou garçons, s’interdisent de penser qu’elles ou ils pourraient exercer ce métier, faute selon eux, de compétences pour intégrer ce type d’établissements ou parce qu’ils ne perçoivent pas le champ des possibles en termes d’applications concrètes qui peut s’ouvrir à eux dans cette filière.

Angélique Lacroix souligne “les passionnés d’histoire, de sociologie, d’écologie ou d’art, entres autres exemples, peuvent se retrouver dans notre métier puisque nous travaillons sur des projets patrimoniaux, humains et/ou en lien avec la nature. Ce sont mêmes des compétences très recherchées aujourd’hui en génie urbain car ces personnes ont une vision et une manière d’aborder les choses différentes, elles savent s’adapter et penser hors du cadre établi pour trouver des solutions. Finalement, contrairement aux idées reçues, être scientifique, un as des mathématiques ou des sciences techniques n’est pas la condition ultime mais une composante. Cela est encore plus vrai aujourd’hui car il existe de plus en plus de dispositifs de formation qui permettent, grâce à des passerelles, d’évoluer vers un diplôme d’ingénieur.”

Un métier aux missions variées offrant des perspectives d’évolution

L’ingénierie en génie urbain, de part, la multiplicité des projets possibles et des interlocuteurs avec lesquels travaillent les ingénieurs est loin d’être synonyme de routine. C’est une filière qui ne faiblit pas en matière de recrutement et qui donne la possibilité d’évoluer rapidement notamment vers des postes de management d’équipes projets.

Salariée depuis une dizaine d’années chez Ingérop, Angélique Lacroix a d’ailleurs cette double casquette de manager et d’ingénieure : “Au quotidien, je manage une équipe d’une quinzaine de personnes, je développe notre activité en répondant à des offres et en faisant du suivi de clients. Par ailleurs, je conçois et je réalise des projets en tant que chef de projet, je vais à la rencontre des différents acteurs et parties prenantes des projets concernés, j’étudie, soumets et défends des propositions, etc.”   

Au cours de sa carrière, Angélique Lacroix a travaillé sur une variété de projets, de la plus petite échelle à la plus grande, et parfois emblématiques comme le réaménagement de grandes places parisiennes, la création ou la modernisation de lignes de transports ferroviaire, l’aménagement de sites industriels, etc. Elle confie : “On ne peut pas s’ennuyer en génie urbain car nous pouvons être amenés à travailler sur tous les projets possibles en matière d’aménagement des territoires. Ceux qui me tiennent particulièrement à cœur sont les projets de rénovation urbaine car il y a une véritable dimension sociale autour de ceux-ci. Nous avons encore plus la certitude que notre métier a un sens quand nous contribuons à rendre des lieux de vie plus confortables pour leurs habitants ou que nous reconnectons certains territoires pourtant urbains mais isolés au reste de la ville. ”

 *Ingérop Fort de sa croissance recrute régulièrement de nombreux profils pour différents projets à impact en matière d’aménagement du territoire au service du vivant. En 2024, ce sont plus de 300 postes en CDI qui étaient à pourvoir.

 

Paule-Emile ADMIN: