Augmentons la durée de vie des produits électroniques pour réduire notre empreinte environnementale

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Responsables d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre, les entreprises se doivent désormais d’agir sur leur empreinte environnementale pour non seulement se conformer aux réglementations de plus en plus strictes à ce sujet, mais surtout pour préserver les systèmes naturels dont nous sommes tous dépendants. Lors de la COP27 qui s’est tenue en novembre dernier, le Global Carbon Project (GCP) a tiré une nouvelle sonnette d’alarme en révélant que 40,6 milliards de tonnes de CO2 (GtCO2) avaient déjà été émises avant même la fin de l’année. À ce rythme, si rien n’est fait, l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique sera hors de portée.

Le message est clair : chacun doit réduire son impact sur l’environnement. Pour y parvenir, les entreprises peuvent entre autres évaluer leur empreinte carbone en mesurant les émissions de gaz à effet de serre associées à leur activité grâce au Greenhouse Gas Protocol (GHG Protocol), qui classe les émissions de CO2 en trois catégories : scope 1, 2 et 3.

Des scopes d’émissions de CO2 pour réduire l’empreinte environnemental des produits informatiques

Le scope 1 concerne toutes les émissions de gaz à effet de serre directement émises par une entreprise à travers sa combustion d’énergies fossiles, par exemple pour le chauffage au gaz de ses locaux ou l’utilisation de ses véhicules à essence.
Le scope 2 regroupe les émissions indirectes générées lors de la production des énergies consommées par une entreprise, principalement l’électricité.
Enfin le scope 3 regroupe quant à lui tout le reste des émissions indirectes d’une entreprise, notamment celles associées aux produits qu’elle achète et vend (il s’agit ici principalement des émissions générées par les fournisseurs d’une entreprise pour le développement des produits/services qu’elle achète mais également des émissions issues de l’utilisation de ses propres produits/services). Ces trois catégories donnent un aperçu de l’empreinte carbone d’une entreprise et constituent un outil efficace pour identifier et mettre en œuvre les améliorations nécessaires. Parmi ces trois périmètres, le scope 3 est le plus complexe à calculer, notamment parce qu’à ce jour, il n’existe dans la grande majorité des cas aucune méthode normalisée pour mesurer l’empreinte carbone des émissions couvertes par ce scope. Or, si l’on prend par exemple le cas des équipements informatiques utilisés par une organisation, qui font donc partie du scope 3, et plus spécifiquement d’un ordinateur portable, il apparaît que sa fabrication représente 80 % de la totalité de son empreinte carbone. Au regard de l’attention considérable qui est porté à leur performance en phase d’utilisation – notamment au niveau de leur consommation énergétique (réduction du scope 2), il est important de souligner que la majorité des émissions de gaz à effet de serre associées à un produit informatique interviennent en réalité lors de sa phase de fabrication… avant même qu’il ne soit allumé.

Prolonger la durée de vie des produits informatiques doit devenir la norme

La piste la plus crédible pour réduire l’empreinte carbone des appareils informatiques est donc… de prolonger au maximum leur durée de vie de manière à amortir au plus possible dans le temps les émissions de gaz à effet de serre liées à leur production et éviter les répétitions de celles-ci (réduction scope 3)! Il est dans cette perspective crucial que ces produits soient durables, réparables et entretenus. Dans ce contexte, des composants facilement remplaçables et une durée de vie prolongée des batteries doivent par exemple devenir la norme.

Le temps est à l’action

Le gouvernement français travaille en ce sens en mettant en place des lois telles que la loi REEN (Réduire l’Empreinte Environnementale du Numérique) qui rendra obligatoire l’intégration de l’indice de réparabilité dans les marchés publics, ainsi que la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) qui encourage les organismes publics à se procurer un pourcentage minimum de produits reconditionnés dès que cela est possible (pour le secteur informatique, le pourcentage minimum est de 20 %). De telles décisions peuvent avoir un impact considérable, car chaque année, les pouvoirs publics de l’UE dépensent environ 2000 milliards d’euros dans l’achat de biens et de services. Associés à un grand nombre de problèmes environnementaux, les produits informatiques représentent ici un levier important à saisir…

Mesurer ses émissions scope 3 peut clairement aider les entreprises à mieux comprendre leur impact sur l’environnement, à fixer des objectifs clairs de réduction des émissions et à accroître la transparence et la responsabilité dans leur chaîne d’approvisionnement. En termes d’action, une fois encore, étant donné que la majeure partie de l’empreinte carbone des produits informatiques se situe généralement au niveau de sa production, l’action la plus importante pour les organisations qui souhaitent réduire leurs scopes 3 est de trouver différents moyens de prolonger la durée de vie de leurs produits. Pour cela, elles peuvent augmenter la durée d’utilisation pour un premier utilisateur, trouver un deuxième utilisateur au sein de l’organisation, ou encore acheter des produits reconditionnés et rapporter les produits usagés à une filière de reconditionnement/recyclage.
Credit Depositphotos scanrail

 

 

 

Barton Finn, Responsable des Achats chez TCO Development: Passionné par le développement durable, les technologies de l'information et les achats. Barton Finn travaille pour TCO Certified, la principale certification de durabilité pour les produits informatiques, où il aide les acheteurs institutionnels à faire passer la responsabilité environnementale et sociale dans leurs décisions d'achats.