Savoir ce que vous voulez
Vous vous raisonnez, vous vous accrochez mais au fond vous sentez bien que votre avenir est, désormais, ailleurs. Tout projet, quel qu’il soit, doit être abordé en professionnel avec la rigueur et la lucidité que cela exige. Vous savez ce que vous ne voulez plus, mais savez-vous ce que vous voulez ? Aborder une rupture dans de bonnes conditions suppose d’avoir un objectif, une perspective et un avenir. Votre décision de rompre s’en trouvera à la fois renforcée et apaisée, car elle ne sera pas une fin en soi. Cela ne signifie pas toujours de pouvoir embrayer immédiatement sur un nouveau projet, mais au contraire, de le planifier en envisageant l’avantage que peut présenter la rupture. Elle peut devenir un des moyens de votre ambition. Pour cela, il faut éviter de rêver et rester lucide, il vous faut donc bien connaître vos droits.
Bien connaître vos droits
La question est d’importance : le droit de partir est fort heureusement libre et uniquement soumis au respect d’un préavis, généralement 3 mois pour les Cadres ou fixé dans le contrat de travail. Il est consacré par la démission. Mais la démission suppose de pouvoir se passer de toute indemnité et même de la possibilité de s’inscrire à Pôle-Emploi pour percevoir une quelconque indemnisation. Dans ce cas, mieux vaut avoir un projet déjà bien abouti pour ne pas « lâcher la proie pour l’ombre ». Le droit a aussi prévu la « rupture conventionnelle » supposant l’accord des deux parties au contrat : votre employeur et vous. Pas toujours simple à aborder car en manifestant votre volonté de partir vous vous affaiblissez et êtes contraint de recueillir l’accord de votre employeur qui n’y a pas forcément intérêt. Vous vous exposez à un éventuel refus et le fait d’avoir initié la démarche risque d’altérer toute autre voie ou approche. A supposer que cela fonctionne vous ne pouvez espérer percevoir que vos indemnités légales ou conventionnelles en fonction de votre ancienneté mais cela vous permet d’être indemnisé par le Pôle-Emploi. A défaut, l’initiative d’un licenciement ne vous appartient pas ; vous pouvez, certes, le provoquer en vous mettant à la faute mais ce n’est guère satisfaisant, et cela risque de vous priver de vos indemnités légales et conventionnelles y compris celles de préavis si votre employeur retient une faute grave.
Deux autres modes de rupture
Il existe deux autres modes de rupture qui nécessitent le recours à un professionnel. Il s’agit de la résiliation judiciaire du contrat ou la prise d’acte de rupture dont l’intérêt consiste à être à l’initiative de la rupture en en imputant la responsabilité à votre employeur ; ce qui suppose une procédure judiciaire, donc de justes motifs et de très solides arguments factuels et juridiques. En revanche, si ces moyens sont utilisés à bon escient et justifiés, ils sont les meilleurs artisans d’une bonne négociation : ils vous permettent, non seulement d’obtenir le paiement de vos indemnités légales et conventionnelles mais encore de substantiels dommages et intérêts. C’est à ce stade qu’intervient la stratégie.
Stratège ne signifie pas piège
Le but n’est pas de tendre un piège à votre employeur comme on peut à tort l’imaginer parfois. La stratégie se fonde avant tout sur vos droits ; lesquels ne sont pas, comme on le croit trop souvent, acquis. En souhaitant partir, vous n’avez, dans l’absolu aucun droit spécifique à percevoir de votre employeur quelque indemnité que ce soit. C’est dans l’analyse des raisons qui vous poussent à partir qu’il faut véritablement vous pencher à l’aide uniquement d’un professionnel qui aura le recul, la connaissance du droit et l’expérience pour vous conseiller sur la bonne stratégie à adopter. Clé essentielle et garantie d’une bonne négociation, cette solution préserve vos droits et vos intérêts. Mais cela est bien plus complexe qu’il n’y paraît, mieux vaut prendre conseil en amont pour appréhender vos forces et vos faiblesses, ainsi que celles de votre employeur. Uniquement à l’issue de cette démarche pourra se dessiner le bon et le juste niveau de la négociation et des moyens à mettre en œuvre pour y parvenir ; en gardant à l’esprit que le bon niveau est toujours celui en deçà duquel l’employeur n’aura plus intérêt à négocier et préfèrera le risque d’une condamnation en justice.