Certains y voient l’oeil de Big Brother, popularisé par George Orwell dans son roman « 1984 ». Simple rappel, il faut toujours tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. La décision prise par le Conseil des Prud’hommes de Boulogne-Billancourt va faire des vagues.
Ce jugement peut faire jurisprudence s’il est confirmé en appel. Les prud’hommes jugent « fondé » le licenciement de deux salariés d’Alten, il leur est reproché d’avoir échangé des propos critiques à l’égard de leur hiérarchie et d’un responsable des ressources humaines de l’entreprise sur le réseau social Facebook. Petit rappel des faits. En décembre 2008, lors d’échanges sur Facebook, l’un des salariés, s’estimant mal considéré par sa direction, ironise un samedi soir sur sa page personnelle, en disant faire partie d’un « club des néfastes ». Deux autres employés répondent :« Bienvenue au club.» L’échange est parvenu aux oreilles de la direction par le biais d’un quatrième salarié. Alten licencie les trois personnes « pour faute grave » estimant les propos tenus comme un « un dénigrement de l’entreprise » et une « incitation à la rébellion ». L’un des salariés sanctionnés renonce à engager des poursuites devant le conseil de prud’hommes et préfère une transaction à l’amiable, les deux autres considèrent cet échange de nature strictement privée. Une ligne de défense pas suivie le Conseil des Prud’hommes de Boulogne-Billancourt, qui retient les arguments de la société. Cette dernière estime ne pas violer la vie privée de ses employés, les échanges ont lieu «sur un site social ouvert». Le tribunal estime que «la page mentionnant les propos incriminés constitue un moyen de preuve licite du caractère bien-fondé du licenciement».
« C’est la première fois que la justice reconnaît que le licenciement des salariés pour avoir tenu des propos privés sur Facebook est fondé », explique Grégory Saint-Michel, l’avocat des deux licenciés, qui fait appel de cette décision : « Nous espérons obtenir satisfaction au second degré devant la chambre sociale de la cour d’appel de Paris.» L’avocat prévient néanmoins : « Les salariés doivent faire extrêmement attention à ce qu’ils disent de manière humoristique ou pas.»