Domicile, Management, Compétences : ce que le télétravail change !

Alors que les partenaires sociaux et le gouvernement ont travaillé le 30 novembre 2020 sur un assouplissement du télétravail 5 jours sur 5, le récent accord interprofessionnel sur le télétravail ouvre des pistes utiles à une mise en place durable du télétravail pour l’ensemble des acteurs économiques.

Le travail à distance encore trop peu accepté

Le télétravail est une modification profonde de l’organisation de l’activité professionnelle, où il est moins finalement question dans notre rapport au travail de l’unité de lieu que de l’unité de temps. De la même manière, il impacte notre culture managériale qui est encore très largement ancrée dans une approche « présentielle » de l’activité.
Le récent rapport de la Fondation Terra Nova* s’en fait d’ailleurs l’écho en indiquant que la culture des entreprises françaises reste marquée par le « présentéisme et les pesanteurs de pratiques managériales ».
On observe également que le domicile devient depuis plusieurs années un espace réinvesti et prend de nouveaux rôles. La crise sanitaire que nous traversons en est un puissant révélateur.

Quand télétravail rime avec de nouvelles compétences

L’activité professionnelle reprend ainsi une place significative dans le domicile qui devient un lieu de développement de nouvelles compétences. Cette situation n’est pas nécessairement nouvelle et certaines périodes de l’Histoire ont montré que le domicile faisait partie de l’environnement de travail. A la fin du 19ème siècle par exemple, le domicile combinait lieu de vie et de travail fixe, comme en témoignent les soieries de Lyon, les dentelles d’Auvergne et de Normandie, ou encore les horlogeries et lunetteries du Jura. La révolution industrielle est ensuite venue bouleverser ce mode de vie, produisant ainsi l’exode des travaux et des activités à domicile vers les premiers regroupements de travail (les usines) avec un management verticalisé par le contrôle du temps et l’exécution des tâches.
Avec un retour progressif ces dernières décennies, boosté entre autres par l’arrivée massive des nouvelles technologies, le télétravail change malgré tout de visage. Travailler à domicile, manager à distance ouvrent alors des champs de nouvelles compétences à acquérir et à développer : être en mesure d’adapter son organisation et de gérer son temps, savoir être autonome tout en étant rigoureux, être capable de se motiver et de rester concentré pour se détacher des distractions et des interruptions de travail liées à une activité à domicile, savoir manipuler les outils numériques… Sans l’appui direct des personnes et des ressources habituellement mises à disposition au sein de l’entreprise, le télétravailleur ou son manager est ainsi confronté à lui-même pour agir au quotidien.

Télétravail et inégalités

De la même manière, si le domicile reste à ce jour le lieu commun au télétravail, il soulève de véritables disparités dans sa capacité à pouvoir répondre à une demande de confort, de sécurité, de concentration, d’équipements, favorisant d’autant l’émergence d’une porosité entre vie personnelle et professionnelle. Le travail à domicile a sans conteste aujourd’hui exacerbé les inégalités préexistantes, notamment celles liées à l’environnement familial : le passage soudain au télétravail a été vécu différemment en fonction du lieu d’habitation.
Certaines personnes ont en effet pu mettre en place des espaces confortables, personnalisés et répondant à leurs besoins professionnels. En revanche, d’autres personnes, en particulier les plus jeunes qui vivent dans des zones urbaines à forte densité de population, ont dû faire preuve de créativité afin d’installer leur poste de travail au sein d’un logement exigu et/ou surpeuplé. Quant aux personnes résidant dans des zones rurales, elles bénéficient généralement de plus d’espace pour installer un véritable bureau à domicile, mais se heurtent parfois à des problèmes de connexion internet.
Le triptyque « organisation du travail à domicile, management à distance et valorisation des compétences » se révèle être la condition pour réussir le déploiement du télétravail. Nous l’avons mis en lumière au travers de l’enquête que nous avons réalisée pendant la première période de confinement auprès de 460 télétravailleurs et managers de télétravailleurs et qui a donné lieu à l’édition d’un livre blanc disponible sur in-citu.fr
Dès lors, il nous appartient – dirigeants, managers, salariés – d’être collectivement acteurs pour faire évoluer nos modèles d’organisation du travail et nos pratiques professionnelles.
Baptiste Lenfant, délégué général du groupement « Domicile & compétences » @Iperia @UDD @Incitu: Avec une maîtrise en Sciences politiques et un DESS en Management des activités physiques et sportives, Baptiste Lenfant a débuté sa carrière professionnelle au sein d’une direction déconcentrée d’Etat, puis d’une fédération française olympique où il a accompagné le développement de politiques publiques en matière de sport. En 2009, il rejoint le secteur de l’emploi à domicile en intégrant IPERIA, la plateforme nationale de professionnalisation des assistants maternels et des salariés du particulier employeur, dont devient directeur général 7 ans plus tard. En 2017 il obtient un Executive Mastère Direction marketing et stratégie commerciale à HEC. En raison d’une forte croissance et de l’évolution du cadre réglementaire, IPERIA réorganise ses activités en 2020, le groupement « Domicile & compétences » voit le jour le 1er janvier 2021 et déploie trois marques : IPERIA, Université du Domicile et INCITU, dont Baptiste Lenfant devient le délégué général.