« On ne vit pas dans le monde des Bisounours ! » Cette expression revient fréquemment comme un boomerang à qui déplore un manque de sens – et d’humanité – dans son travail, au bureau, à l’usine ou au guichet. Et pourtant…
Dans quel monde professionnel vivons-nous ?
Dans un monde soumis à une raréfaction – une récente enquête d’Adobe révèle que les cadres français consacrent 5,6 heures en moyenne, chaque jour, à traiter leurs e-mails – et à une accélération du temps.
Dans un monde perturbé par des comportements trop souvent enfermés dans le fameux « victime, persécuteur, sauveur » du « triangle dramatique de Karpman », où les relations de travail risquent à tout moment d’être polluées par l’intrusion du soi dans le fait.
Dans un monde fragilisé par le désir d’instantané et la tyrannie du court-terme. Dans un monde sans égard manifeste pour la dignité propre à chacun.
Mais également dans un monde poursuivant sa recherche de sens, de bonheur. Et si le sens du travail résidait dans le bonheur de servir ?
L’objectif de l’entreprise est de servir
Pour l’entreprise, faire de l’argent n’est pas un objectif, mais un impératif. Se positionner sur un marché en détectant et en anticipant les attentes – voire le créer en provocant de nouveaux comportements – ne représente pas non plus un objectif, mais une stratégie. L’objectif de l’entreprise est de servir, d’apporter un service – qui peut être un produit – à ses clients. Le sens de la vie professionnelle, la motivation pour le travail, ne résident-ils pas dans ce bonheur d’atteindre et de dépasser cet objectif, en servant au mieux les clients de son entreprise, externes bien sûr, mais également internes ? Le plaisir et la passion de tous ceux qui ressentent la satisfaction que procure l’offre de leur entreprise en témoignent.
Recettes pour savourer ce bonheur de servir
Etre pleinement présent
Les exigences multiples et les nombreuses contraintes sont autant d’incitations à ne pas prendre le temps de se poser pour s’affranchir des routines, des automatismes et des idées préconçues. Comme jadis le Maréchal Foch, toujours se demander « de quoi s’agit-il ?», être pleinement attentif au cadre – pour éventuellement en sortir – et présent à ceux qui le partagent.
Exercer son sens de l’observation et son intuition. Cas pratique, en réunion : ne pas hésiter à stimuler la créativité en utilisant un support hors-contexte, pour décentrer la réflexion et ouvrir de nouvelles perspectives.
Ecouter et reformuler
L’utilisation croissante en interne de l’e-mail brouille parfois la communication. Prendre le temps d’une conversation, de préférence en face-à-face, permet de gagner en efficacité. A condition de bien écouter et reformuler pour s’assurer que le message est reçu et compris. Cas pratique : s’assurer que l’animateur d’une réunion reformule les décisions prises ou les principales observations, d’autant que les comptes-rendus ne sont pas toujours lus.
Accorder un peu de votre précieux temps au silence
20 secondes de silence suffisent à interrompre le tourbillon, à vous recentrer et réaliser votre unité avec votre entourage. Un cas pratique consiste, à condition qu’elles soient bien préparées et que tous soient ponctuels, à démarrer les réunions d’équipe par un court temps de silence, permettant à chacun de prendre conscience de la raison de sa présence, de son attente vis-à-vis des participants et de ce qu’ils attendent de soi. Des périodes de silence plus longues, seul ou en groupe, développent la clarté de l’esprit et procurent l’habilité de transcender son ego et de percevoir la réalité avec plus de clarté et d’objectivité. Cette pratique de la méditation est aujourd’hui suivie par un nombre croissant de décideurs.
Reconnaître ce bonheur : les bons résultats des indicateurs de satisfaction des clients tant externes qu’internes représentent autant d’occasions de souligner l’apport des efforts individuels et collectifs et de les célébrer ensemble. Et les résultats décevants gagnent à être accueillis comme une recette favorisant cohésion et progression !