30 % des créations d’entreprise sont féminines en France
Effectivement, si le montant global investi vers des entreprises pilotées par des femmes a augmenté de 29 % en un an (126 millions d’euros en 2016), ce qui est extrêmement positif, ce chiffre ne représente que 15 % des opérations de levées de fonds (étude publiée par Numa en partenariat avec le cabinet Roland Berger). Au niveau mondial, seuls 7 % des montants issus du capital-risque vont vers des sociétés pilotées par des femmes. In fine, les femmes ne sont pas plus nombreuses à entreprendre. Simplement, celles qui sautent le pas ont tendance à investir plus.
« Sur 44 investissements, nous n’avons que 5 dossiers portés par des femmes », explique Samantha Jeruslamy*, partenaire chez le fonds de capital-risque Elaia. Globalement, ce n’est pas que les investisseurs refusent de suivre un projet porté par une femme, mais plutôt que les femmes ne portent pas de projet !
Le fait d’être une femme, premier frein à l’entrepreneuriat ?
Effectivement, 69 % des femmes interrogées par GirlPower3.com sont attirées par l’entrepreneuriat, mais 33 % d’entre elles estiment que le fait même d’être une femme constitue une barrière pour entreprendre. Pour justifier ce sentiment, elles évoquent pèle-mêle la vie de famille, la peur de ne pas réussir à concilier vie personnelle et vie professionnelle, le sentiment de culpabilité de « privilégier » une carrière à son foyer ou son couple, ou encore la peur d’intégrer un univers fortement masculin. Et les femmes qui entreprennent, dans les startups des nouvelles technologies notamment, investissent majoritairement « les secteurs de la mode, de la FoodTech, du e-commerce », explique Marie Ekeland**, cofondatrice du fonds d’investissement Daphni et coprésidente de l’association de soutien aux startups France Digitale… Là encore, des activités investies par des femmes sont… à forte connotation féminine !
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Les freins à l’entrepreneuriat seraient aussi psychologiques
« Il faut simplement des actes conscients pour que cela change, argumente Marie Ekeland, comme promouvoir une plus grande diversité, d’où naît la richesse. » Elle s’y attelle elle-même, comme tant d’autres, à promouvoir l’entrepreneuriat des femmes, à densifier les réseaux dédiés, à médiatiser les dirigeantes de tout bord, bref, à libérer les mentalités. « La prochaine étape, c’est d’aller dans les établissements scolaires, convaincre les lycéennes qu’il est possible de réussir dans cette voie [la création d’entreprise] », ajoute Samantha Jerusalmy. Ce qui est évident, c’est que les femmes ont des idées à revendre et l’envie de sauter le pas. Et si la clé de l’entrepreneuriat au féminin était de réussir (enfin) à déconstruire les stéréotypes ?
*Après l’EDHEC, la Schulich Business School of Toronto (Bachelor), Loyola University of Chicago (MBA) elle commence sa carrière en tant que consultante chez Eurogroup, cabinet de conseil en organisation et stratégie, puis rejoint comme analyste Clipperton Finance, société de Corporate Finance dédiée aux entreprises high-tech en forte croissance, et en 2008 Elaia Partners, comme Investment Manager et Partner en 2014. Son expertise tourne autour de SaaS, l’E-commerce, le Marketplace, le Digital Media, Mobile.
**Après un diplôme d’ingénieur en mathématiques et en informatique de l’Université Paris IX Dauphine, plus un master d’Analyse et Politique Economique à l’Ecole d’Economie de Paris, elle entre en 1997 comme informaticienne dans la banque d’affaires JP Morgan à New York, puis à Paris où elle gère l’équipe en charge de son support global. En 2000, elle rejoint l’équipe d’investissement dans l’innovation de CPR Private Equity, puis celle de Capital Risque de Crédit Agricole Private Equity, et rejoint Elaia Partners en 2005. Elle fonde Daphni un fonds qui a réuni 150 millions de corporates d’institutionnels et réinvente le métier d’investisseur.