La période actuelle laissera sans aucun doute une empreinte sur plusieurs générations. A l’heure de la mondialisation, jamais une pandémie n’aura provoqué un tel bouleversement dans un espace-temps aussi contraint à travers tous les continents. L’humanité doit une nouvelle fois trouver les moyens de traverser cette crise tout en développant de nouvelles approches pour se protéger des prochaines.
En France, même si la perception de la population peut varier selon sa localisation géographique, sa tranche d’âge, son niveau social ou son éducation, une grande majorité de celle-ci a subi des conséquences directes de cette crise sanitaire devenue rapidement économique. La notion de « contrainte » fut une découverte brutale pour certains, privation de la liberté d’aller et venir, de consommer, de se réunir ou même d’échanger avec son cercle proche. Aujourd’hui après un an de crise, malgré le vaccin et ses promesses, la souffrance psychologique s’installe dans nos vies et sur le plan professionnel.
Assurer la mise en œuvre d’une bonne chaîne décisionnelle dans l’incertitude
Alors, sommes-nous maintenant confrontés à une crise de
« confiance » ? Probablement, et les effets peuvent être catastrophiques car sans confiance, il n’y a pas d’adhésion et sans adhésion aucune chance de convaincre, enfin sans conviction il n’y a pas d’énergie pour la mise en action efficace. Il est toujours facile de critiquer la gestion d’une crise a posteriori, alors que les décideurs ne disposaient pas, par définition, des éléments sur lesquels s’appuient ceux qui critiquent.
Alors comment peut-on s’assurer de la mise en œuvre d’une bonne chaîne décisionnelle dans l’incertitude ? Comment s’assurer du plein engagement des équipes au cœur de la crise ? Enfin, comment garder le « sens » de la mission devant des perspectives incertaines ?
La gestion des émotions, au centre des priorités du dirigeant et des collaborateurs
La gestion des émotions conditionne le niveau de confiance individuelle, il est possible de préparer, réviser, anticiper, apprendre, mais s’il est impossible de restituer lorsqu’il y a de l’enjeu et donc de la pression, alors les efforts seront vains, et avoir confiance sera impossible. La gestion du stress conditionne directement la qualité de ce qui est produit. Elle conditionne, par ailleurs, le plaisir ressenti dans l’adversité, dans l’incertitude, et ce plaisir sera une source de motivation extrêmement puissante pour fournir durablement les efforts nécessaires. Enfin, la gestion des émotions nourrira l’enthousiasme qui lui-même, par contagion, facilitera l’adhésion de l’entourage. Car, sans confiance individuelle, il est illusoire de vouloir diffuser de la confiance collective.
Comment créer cette confiance
L’humilité est un mot galvaudé aujourd’hui, mais déterminant dans sa quête de performance durable. En matière de gestion des émotions, il faut avoir l’humilité de la remise en question, systématiser les débriefings après chaque décisions ou actions importantes, et il s’agit véritablement de débrief émotionnel et non pas technique. « Ai-je été un élément fédérateur, ai-je su rassurer, ai-je su motiver et mettre en mouvement mon équipe ? » Bien souvent, ces objectifs ne sont atteints que sur la seule base de la gestion des émotions et non pas sur des chiffres ou indicateurs factuels.
L’humilité et la discipline émotionnelle c’est finalement s’entrainer à gérer ses émotions, pratiquer des techniques de relaxation, de mobilisation, de visualisation, ne pas laisser au hasard de l’humeur ou de paramètres extérieurs, la possibilité d’arriver à « son pic de forme mental ».
Dans le mot « discipline » il faut entendre régularité et rigueur, toute communication à fort enjeu devrait être précédée d’un « scanning émotionnel », vérifier son état émotionnel afin de s’assurer qu’il correspond à la mission donnée.
Prenons un exemple concret
Un dirigeant s’attend à des perspectives compliquées dans les mois à venir et si son équipe n’arrive pas à infléchir une courbe, cela l’inquiète légitimement. Il doit donc s’adresser à son équipe et il devra à ce moment, non pas dissimuler ses émotions « négatives » mais générer celles nécessaires à la « détermination » et au « courage ». Les mots ne représentent que 15% environ du message, le reste c’est de l’émotion !
Générer et non feindre les émotions, nombreuses sont les prises de parole en public qui n’emportent pas, pire, desservent le message initial et cela bien souvent à cause d’un manque de maîtrise des émotions de l’orateur. Techniquement cela passe par la mise en œuvre, si besoin, après l’étape du « scanning émotionnel », de l’étape du « sas émotionnel ». Prendre quelques minutes ou secondes, pour se concentrer sur sa respiration, se détendre et générer une imagerie mentale positive, de réussite passée ou à venir, de détermination, de plaisir dans l’action…
Enfin, un autre axe d’optimisation est celui de la maîtrise du dialogue interne, savoir se parler intérieurement, se réguler, se motiver, s’encourager avec bienveillance. Cela peut paraître abstrait pour certains, mais très souvent le pire ennemi, celui qui emmène vers la contre-performance n’est pas en face de nous mais en nous ! Le combat est intérieur. Parlez-vous comme si vous aviez la chance de parler dans l’oreillette de votre meilleur ami au cœur d’une situation de fortes tensions, sans jamais lui mentir, en utilisant que des phrases positives et débordant de détermination.
La maîtrise des émotions « au cœur de l’action » apporte la sérénité des sages par temps calme, et elle permet de transformer une crise en opportunité pour (re) créer la confiance essentielle au développement !