Comment les actifs d’aujourd’hui seront-ils intégrés dans le monde professionnel futur dominé par les données, leur exploitation et les progrès technologiques permanents ? C’est ce que nous allons découvrir avec le professeur Javier Barbero.
En avril 2015, le ministère fédéral allemand du travail et des affaires sociales a publié un livre vert intitulé “Work 4.0, Re-Imagining Work” (Ré-imaginer le travail – Travail 4.0) , qui formule et discute les principales questions liées à l’avenir du travail. C’est ainsi qu’est né le terme « travail 4.0 » dont l’objectif est de définir les caractéristiques du travail de demain.
La nécessité de cette discussion découle d’un ensemble de tendances technologiques, sociales et professionnelles qui sont en train de transformer la façon dont les individus appréhendent le travail, ainsi que les emplois dont les entreprises ont besoin pour être plus efficaces et durables.
Mais qu’entendons-nous exactement par « travail 4.0 » ?
La principale tendance technologique qui influe sur le travail 4.0 est l’industrie 4.0, terme utilisé pour désigner la quatrième révolution industrielle, dont l’acteur majeur est le digital. Il s’agit de l’adoption de technologies numériques qui rendent possibles des avancées très diverses comme :
– la gestion du big data et du cloud computing pour disposer à la fois de données en temps réel et historiques sur tous les types de processus internes ou externes mis en œuvre au sein des entreprises et des organisations afin d’améliorer leur prise de décision ;
– la connexion entre les machines, appareils et individus qui échangent de multiples types d’informations par le biais des objets connectés (ou « internet des objets », en anglais « Internet of Things » ou IoT) ;
– l’automatisation des tâches et des processus grâce à l’intelligence artificielle (IA) ;
– l’utilisation de drones pour de nombreuses applications telles que la maintenance des infrastructures, la prévention des incendies et l’agriculture de précision ;
– l’impression 3D, qui facilite la fabrication de pièces dans diverses industries.
Le big data : comment gérer l’explosion des données ?
Parmi toutes les technologies citées ci-dessus, le big data mérite une attention particulière car il constitue la base de tout processus de transformation numérique. Selon la société mondiale d’intelligence économique International Data Corporation, la création de données dans le monde entier s’est accélérée de manière exponentielle depuis le début de la dernière décennie (années 2010), et les prévisions indiquent que le volume de données va continuer de croître au même rythme dans les prochaines années.
Cette explosion des données s’explique par plusieurs facteurs, comme la baisse du coût des appareils électroniques (smartphones ou capteurs), le fait qu’ils restent connectés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, la création de services de cloud computing par les grandes entreprises technologiques et la multiplication des réseaux sociaux, qui permettent à leurs utilisateurs de créer en permanence de nouveaux contenus (donc des données).
Cette énorme quantité de données générées est un outil à la valeur ajoutée inestimable qui permet à la société actuelle (et permettra aussi à la société de demain) de trouver des solutions innovantes, qui étaient totalement inimaginables il y a quelques années seulement.
Mais le big data a aussi une face cachée, notamment en ce qui concerne la collecte, la gestion et la conservation des données personnelles des citoyens, ainsi que l’effet que l’analyse de ces données peut avoir à leur niveau. Cela a conduit à l’émergence de nouvelles disciplines comme la cybersécurité, qui sont essentielles si l’on veut pouvoir utiliser des données en toute sécurité dans le cadre du travail 4.0 et en exploiter le plein potentiel dans le respect des réglementations.
Formation continue et collaboration
Les connaissances et l’expérience requises pour poursuivre l’expansion de l’industrie 4.0 sont très vastes. La science des données (data science), la robotique, voire l’informatique quantique ne sont que quelques exemples des sujets qu’il est déjà nécessaire de s’approprier aujourd’hui pour comprendre et être capable de travailler dans ce secteur. Les transformations technologiques entraînent nécessairement la création de nouveaux métiers pour pouvoir développer et déployer les nouvelles technologies.
Cela signifie que les actifs actuels et les jeunes qui arrivent sur le marché du travail devront être formés à l’utilisation de l’ensemble des technologies présentes dans l’industrie 4.0. La définition et la création des programmes et ressources requis est donc une question cruciale à laquelle le travail 4.0 doit répondre pour garantir la formation continue et de qualité des actifs.
Ce point peut être qualifié de « problème épineux » qui, par définition, n’appelle pas une solution simple ou évidente. Il n’y a en fait qu’une seule façon de relever ce défi : impliquer diverses parties prenantes qui ont la capacité et la volonté de proposer des solutions à cette situation, comme les gouvernements, les établissements d’enseignement et les entreprises. Seule une collaboration étroite entre tous ces acteurs permettra de mettre en place les normes nécessaires pour que le travail 4.0 devienne une réalité dont aucun actif ne sera exclu.