Un trader lambda, un cadre comme les autres ?
Si c’est le cas, l’établissement financier aurait donc fermé les yeux, puis fait payer le pot aux roses brisé au lampiste… Si ces faits sont avérés, l’affaire Kerviel deviendrait donc bientôt surtout celle de la Société Générale. Jerôme Kerviel serait alors blanchi, puisqu’il aurait agi sinon sur les ordres, du moins avec l’accord tacite de son employeur. Dans cette hypothèse, il est donc hautement probable que la banque ait abrité en son sein plusieurs cadres agissant avec son assentiment exactement à l’instar de Jérôme Kerviel. Celui-ci aurait donc été un trader lambda, un cadre comme les autres, dans une vaste machine qui, la crise survenant, l’a ensuite froidement broyé, le jetant simultanément en pâture aux sarcasmes des médias, à la vindicte populaire et aux foudres de la justice.
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Une rédemption
avec Benoit XVI et Mélenchon ?
Par la suite ses rencontres successives et apparemment incongrues avec des personnalités aussi différentes et médiatisées que le pape Benoît XVI et Jean-Luc Mélenchon qui l’a chaleureusement soutenu, ne font que témoigner de son incroyable sens de la communication. En s’assurant le pardon de la plus haute autorité morale catholique et l’appui du chantre français de l’anticapitalisme, il a réalisé un joli tour de passe-passe qui l’a indéniablement rendu attractif sinon sympathique et attachant. Cette façon de brouiller les pistes comme s’il était en quête de rédemption l’a humanisé et lui offre un tremplin de choix pour rebondir. Après 112 jours de détention et un bracelet électronique au poignet, peut-être porté pour rien, peut-être réussira-t-il le tour de force de se faire indemniser par son ex-employeur, maintenant au bord du banc des accusés ?
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Un contre-emploi
pour une star médiatique ?
En perdant 4,9 milliards d’euros pour la Société Générale – avec ou sans elle – Jérôme Kerviel est incontestablement passé de victime malgré lui au statut construit par lui de star médiatique. Il a en effet su, comme à l’époque où il était trader, faire fructifier ce capital sympathie que lui a attiré cette inconfortable position de bouc émissaire et d’une des victimes expiatoires française d’un capitalisme outrancier et décomplexé qui a mené au crash financier de 2008.
Il est certain que cette position alliée à ses qualités intrinsèques qui ont fait qu’une banque l’a jadis laissé jongler avec des milliards laisse augurer qu’il retrouvera sans mal un emploi. Peut-être à contre-emploi ou dans un domaine où on ne l’attend pas : gestionnaire de la banque du Vatican, des finances du Parti de gauche, ou encore d’une association visant à aider… les victimes de la crise ?
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