Le déclic en voyant une photo de son arrière-grand-père
Guillaume Guilbault l’affirme, il a toujours voulu entreprendre. A sa sortie de HEC en 2009, il ambitionne de monter un fast food bio, et c’est pour prendre ses marques dans ce domaine qu’il intègre la chaîne des marchés Bio c’Bon, en tant que salarié. Cette année-là pourtant, il découvre par hasard une photo de son arrière-grand-père en train de poser devant la boutique familiale, une fabrique de bagages pour les pilotes de l’aérospatiale. Fasciné et sûrement déjà amoureux du savoir-faire à la française, il met aux oubliettes le projet de fast-food et relance l’aventure de son aïeul, sous les traits d’une marque qui prend le nom de celui-ci Léon Flam.
Un pari sur 600 slips fabriqués en Dordogne
Tout peut se vendre si l’on concocte une belle histoire ! C’est ce que pense fermement Guillaume Gibault quand il parle d’entrepreneuriat – et de Léon Flam – avec ses amis qui eux, ne soutiennent pas du tout cette théorie. Non, on ne peut pas tout vendre avec une belle histoire, disent-ils, le slip par exemple, c’est impossible ! Le pari est lancé. C’est ainsi que nait le Slip Français. Nous sommes en 2011. Du fast-food à la bagagerie, Guillaume Gibault passe désormais aux sous-vêtements pour homme. Ce sont plus exactement deux marques qu’il lance en même temps, celle dédiée aux bagages de son arrière-grand-père et celle qu’il récupère de son pari sur les slips. La première est sa chouchoute, il y consacre toute son énergie. La seconde est un complément, du « on verra bien » sur son temps libre, l’envie de vendre quelques slips pour faire rire les copains. Mais pour les bagages Léon Flam, Guillaume Gibault peine à trouver un atelier de fabrication digne de ce nom. Le projet stagne et son temps libre s’étire. En revanche, pour produire des slips de qualité, il trouve rapidement une usine en Dordogne. Il en ramène 600 exemplaires à Paris, dans une voiture de location.
De la bidouille au succès
Slips en poche, il bidouille un site de vente en ligne. Ce mode de distribution lui semble le plus opportun pour des sous-vêtements légers au transport, ne nécessitant pas d’essayage en cabine. Pari gagné ! Contre toute attente, les 600 sous-vêtements partent comme des petits pains ! Guillaume Gibault repasse commande auprès de l’usine, et en moins de trois mois, enregistre 40 000 euros de chiffre d’affaires.
Le slogan des présidentielles détourné pour le Slip Français
En 2012, Guillaume Gibault lance le Slip Français, et profite des présidentielles pour détourner un fameux slogan politique au profit de sa marque. Les affiches « Le Changement de slip, c’est maintenant », estampillées made in France, font un carton. Pour cette première année civile pleine et entière d’existence, la marque fait 300 000 euros de chiffre d’affaires. Guillaume Gibault embauche et développe des boutiques en parallèle du site Internet. En 2013, l’entreprise collabore avec les marques Princesse TamTam ou encore Agnès B pour élargir sa gamme aux dessous féminins. En 2014, s’y ajoutent des maillots de bain, des espadrilles et des sacs à dos, en collaboration avec Saint James.
Aujourd’hui, le Slip Français, qui communique essentiellement sur les réseaux sociaux, avec une quarantaine de salariés et des boutiques à Bordeaux, Toulouse, Lyon ou encore Aix-en-Provence, réalise un chiffre d’affaires de plus de 7 millions d’euros. Guillaume Gibault avait raison, une belle histoire fait tout vendre, même des slips.
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Et la marque de bagages Léon Flam ?
Malgré le succès du Slip Français, Guillaume Gibault n’a pas renoncé à sa marque de bagages. Léon Flam a bien vu le jour ! L’entreprise est moins médiatisée, plus « classique » dans son mode de fonctionnement, aux dires de Guillaume Gibault. Quand le Slip Français faisait en 2012 300 000 euros de chiffre d’affaires, Léon Flam en enregistrait 100 000. Aujourd’hui, il s’agit d’une marque de maroquinerie haut de gamme pour hommes et femmes.