La data pour tous : plaidoyer pour une démocratisation de la donnée

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L’explosion du volume de données est aujourd’hui une réalité à laquelle tous les secteurs sont confrontés. Du téléphone portable au compteur électrique et autres objets connectés, la donnée fait partie du quotidien de chacun, et pas seulement à titre privé. Ces données, d’apparence brute, peuvent se transformer en informations primordiales dont tout le monde devrait pouvoir bénéficier sans l’intervention d’un expert. Décryptage.

Une exploitation insuffisante des données

Afin de tirer une réelle valeur ajoutée de la donnée, il est primordial de la mettre à disposition de tous les acteurs de façon compréhensible. Un format technique et indigeste rendra impossible un usage démocratique de la donnée. Mais avant d’être accessibles, les données doivent être facilement trouvables, sinon elles risquent de rester des ressources inexploitées, représentant un coût de stockage et un véritable manque à gagner pour l’entreprise.
Les organisations privées ou publiques n’ont pas toujours conscience des opportunités d’une démarche de partage de la donnée. L’ouverture des données est pourtant une source d’innovation et de développement économique indéniable. Prenons l’exemple  d’une donnée créée par un compteur d’eau. Cette donnée va dans un premier temps indiquer la consommation d’eau. En agrégeant cette donnée, il sera possible d’analyser son évolution en temps réel, de détecter les fuites ou de permettre aux parcs immobiliers de recenser les appartements vacants. En croisant les données entre elles, leur usage est ainsi démultiplié. Dans une économie de services de plus en plus interconnectée, proposer une expérience continue aux utilisateurs nécessite d’échanger et partager les données.

Les bénéfices multiples du partage de données

Grâce à une meilleure utilisation des données, des problématiques très concrètes peuvent trouver une solution rapidement. En soumettant les données à une expertise plus large – des entreprises, des partenaires industriels ou plus largement, la société civile -, leur valeur est démultipliée. Plus besoin de se contenter d’une connaissance empirique pour prendre une décision, le partage de données offre la possibilité de bénéficier d’informations en temps réel et contextualisées.
De la même manière, ouvrir l’accès à ses données permet d’accroître la confiance des consommateurs. Jusqu’à présent, les entreprises produisaient chaque année des rapports indigestes pour prouver leur compétence. Désormais, la donnée est devenue un véritable outil de communication avec l’extérieur. Les entreprises les plus performantes sont celles qui seront les plus rapides à adopter une démarche de circulation et de partage des données. Ceci est également vrai pour le secteur public, qui a devancé le secteur privé en mettant à disposition du grand public les données de certains de ses départements, à l’instar des collectivités territoriales ou des ministères avec les portails open data.

Lever les freins de la démocratisation de la donnée

À l’heure actuelle, l’économie collaborative dans la data n’est encore qu’à ses prémisses. Les entreprises ont une forte résistance, non nécessairement consciente, au changement, mais qui témoigne d’une appréhension face aux pure players du digital qui semblent hors d’atteinte. En effet, elles pensent — à tort — qu’il s’agit d’un sujet technique qui n’est pas à leur portée. Face à cet enjeu d’acculturation, les entreprises doivent être accompagnées pour une transition réussie. Nombreuses sont celles qui se lancent dans des concours d’innovation permanents et des expérimentations sans objectif stratégique clair. Or, afin de ne pas se disperser, une mutation profonde est nécessaire au plus haut niveau de l’entreprise.
L’appropriation de la donnée n’est plus le nerf de la guerre. Ce qui fera la différence est la vitesse à laquelle elles sont exploitées et partagées. Ceci est également vrai pour les petites et moyennes entreprises. Plus agiles, certaines d’entre elles ont amorcé des changements radicaux dans leur structuration, prenant conscience de leur avantage compétitif grâce à une donnée démocratisée qui vient compléter leurs produits, augmenter leurs offres de services et renforce leur valeur ajoutée.

À l’heure actuelle, le partage de la donnée est une stratégie impulsée sous la pression de la société civile qui exige légitimement davantage de transparence. Ce parti pris conduit les organisations, leurs dirigeants et leurs équipes à s’engager progressivement dans une collaboration innovante en ouvrant de manière contrôlée la donnée et en posant ainsi les fondations d’une entreprise digitale.

Jean-Marc Lazard, Président Directeur Général de OpenDataSoft: Jean-Marc a co-fondé en 2011. Fort de 16 ans d’expertise en stratégie d'entreprise et en gestion des équipes , ce passionné par la donnée et son usage est convaincu du besoin de rendre la donnée accessible au plus grand nombre et surtout de la nécessité de la partager. Selon lui, les organisations ne réussiront leur transformation digitale que si elles modifient la manière dont elles utilisent et partagent les données.