La RSE et les professions règlementées : une compétence à offrir mais pas que …

CreditPhotos-Depositphotos-CadreDirigeantMagazine-

La RSE :  sujet situé encore à l’arrière-plan de notre cerveau, il est pourtant devenu l’objectif Numéro 1 de certaines entreprises après la crise sanitaire qui nous a questionnés sur nos valeurs. Pour les professions réglementées, la notion reste encore abstraite et trop peu abordée.
Vous avez peut-être entendu parler de la Cop 21, du rapport du Giec (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du Climat), des objectifs de développement durable de l’ONU pour sauver le monde, des accords de Paris, de la Loi PACTE, mais savez-vous ce qu’est la RSE ? Le Ministère de l’économie et de la relance définit la RSE comme
« l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ». Mais quelles conséquences pour les PME et plus particulièrement pour les professions réglementées ? 

Est-ce une compétence à offrir à ses clients ?

De nombreux textes européens récents flèchent tout le système économique vers l’écologie mais aussi vers des mesures sociales et éthiques.
En introduisant dès à présent une politique RSE au sein de leurs entreprises, les dirigeants prennent le parti d’y apporter de la valeur ajoutée. Cette politique va engendrer de la performance mais aussi ajouter des éléments différenciant par rapport à la concurrence. La compétitivité de leur société en sera immédiatement améliorée et l’accès aux marchés publics facilité.

L’image de marque de l’entreprise est ainsi affirmée et c’est l’occasion de définir une véritable « raison d’être » du cabinet. Une majorité de Français considère qu’une entreprise doit être utile pour la société dans son ensemble et plus elle sera perçue comme utile, meilleure sera sa réputation. Un cercle vertueux va ainsi s’installer et va attirer de nouveaux clients sensibles eux aussi aux enjeux de la RSE et souhaitant s’inscrire dans cette démarche.

Pour les parties prenantes externes (notamment les clients), une entreprise qui s’intéresse à la RSE est forcément sensible à la qualité du service qu’elle apporte. A en juger par le peu d’articles écrits sur les professions réglementées et la RSE, on pourrait en déduire que celles-ci ne s’y intéressent pas ? Mais pourquoi ?
Elles n’ont pas ou peu appréhendé cette notion en raison souvent de leur petite taille ou parce que trop souvent la RSE est ramenée à la question écologique. La RSE ne doit cependant pas rester l’apanage des grands groupes. La transition sociale et environnementale ne pourra pas se faire sans les PME et les ordres professionnels des professions réglementées doivent prendre en main ce chantier.

Il paraît difficile pour n’importe quel professionnel du chiffre ou du droit de ne pas s’intéresser aux préoccupations de la société dans laquelle il évolue. La déontologie, l’éthique des pratiques, l’indépendance, le respect du secret professionnel, le respect de la réglementation sont autant de valeurs que les professions réglementées portent en étendard. Toutes ces valeurs sont en parfaite adéquation avec les enjeux de la RSE.

Sans le savoir, les professions réglementées font souvent de la RSE au sein de leurs cabinets, mais engager une politique RSE c’est repenser son entreprise dans la perspective de ses relations avec la société donc avec ses parties prenantes et en particulier avec ses clients. La compliance (ou conformité) représente un enjeu pour ces professions et la RSE est un formidable outil de développement pour le professionnel qui s’y intéresse.
Face à la mise en concurrence accrue des professionnels notamment engendrée par la Loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques (dite
« Loi Macron ») et à l’arrivée des LegalTech sur le marché du droit, les professionnels doivent renforcer leur image de compétence et aller chercher encore plus la confiance de leurs clients.
Car intégrer les valeurs de la RSE contribue à donner de la confiance !

Les professions réglementées doivent donc être au cœur des grands enjeux de la société d’aujourd’hui et la RSE est probablement l’un des axes les plus importants de leur modernisation.

La RSE, un vecteur d’engagement et de fidélisation des clients internes, les collaborateurs

Catherine Sauvat

En effet, les professions réglementées dont l’actif principal est l’humain se doivent d’avoir un volet social qui se traduit par des objectifs en matière de conditions de travail, de bien-être et de motivation des collaborateurs. Les entreprises doivent favoriser la qualité de vie au travail et encourager le dialogue social.
En effet, cette notion de QVT (Qualité de Vie au Travail) qui en était encore à ses prémices est devenue un élément encore plus fondamental pour les collaborateurs surtout après ces 2 années passées entre confinement, télétravail, split team, reconfinement….
La crise sanitaire a remis la santé au travail et la qualité des conditions de travail au cœur des préoccupations.

Béatrice Duquerroy

C’est pourquoi le nouvel ANI (Accord National Interprofessionnel) en date du 9 décembre 2020 a « rebaptisé » la QVT en QCVT (Qualité de vie et des conditions de travail). En effet, le mot QVCT s’impose dans le 4ème Plan Santé au Travail (2021-2025) et pourrait à terme supplanter l’usage actuel dans la pratique.

Le développement du télétravail en fait partie et a marqué un tournant durable. Le travail doit également permettre un équilibre vie privée et vie professionnelle. Mais la RSE doit bien entendu également intégrer un recrutement objectif, de la transparence dans les perspectives d’évolution mais aussi des valeurs en matière de parité, de non-discrimination et d’égalité salariale entre les hommes et les femmes.

Alors bien évidemment, certains pourraient dire qu’il n’est nul besoin d’une politique RSE pour mettre en place des actions et des outils spécifiques qui touchent tous les volets de l’activité de l’entreprise et comportent des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Mais c’est faux car décider d’une politique RSE c’est se fixer des objectifs, les mesurer et déterminer les marges de progression. C’est également accepter la transformation du monde du travail mais aussi faire preuve de résilience. Et puis, cela va devenir un élément différenciant pour les cabinets de conseils du chiffre et du droit car les entreprises clientes vont de plus en plus sélectionner des conseils qui leur ressemblent…

Idem pour les talents qui ne resteront que dans une structure qui répond à leurs attentes et qui attache de l’importance à ces 3 piliers économiques, sociaux et environnementaux mis en exergue par une politique RSE… Alors voyez-y une opportunité, foncez et surtout n’attendez pas qu’il soit trop tard.

Catherine Sauvat et Beatrice Duquerroy, membres d'EMERIZE, le think tank des professions réglementées du chiffre et du droit.: Catherine Sauvat, fondatrice et présidente d’Emerize, lieu d’échange et de réflexion, et laboratoire d’idées («think tank»), qui regroupe des dirigeants de cabinets de professions réglementées et/ou de structures interprofessionnelles ayant la volonté de réfléchir ensemble à leurs problématiques managériales et aux évolutions de leurs professions respectives. Après un début de carrière à la direction financière de groupes internationaux, Catherine Sauvat a été pendant vingt ans directeur général puis secrétaire général de deux grandes entreprises de services juridiques. Béatrice Duquerroy, huissier de Justice à Paris, Présidente et associée fondatrice de la SAS CERTEA. En parallèle de sa carrière d’huissier de justice, elle s'est impliquée dans la vie ordinale de 2002 à 2005 et de 2008 à 2015, elle a exercé différents mandats au sein de la Chambre Départementale des Huissiers de Justice de Paris; membre de la Chambre Nationale des Huissiers de Justice depuis 2014, elle est membre du conseil d'administration d'Emerize