Par Marie Assaad, Benjamin Sylvand et Jean-Jacques Clavier, coachs certifiés ICF. Le coaching a-t-il un genre ? Le coaching, en plein essor, suscite de nombreuses questions. L’une d’elles se démarque : le coaching a-t-il un genre ? Le coaching se veut être une pratique neutre, mais est-ce réellement le cas ? Selon l’étude PWC Global Study 2023, 58 % des clients de coaching sont des femmes cisgenre, 73 % des clients ont entre 35 et 54 ans. Les thématiques les plus fréquentes sont liées au développement du leadership. On compte tout de même 19 % de demandes liées au coaching de vie.
Ces chiffres posent une question importante : bien que le coaching se veuille égalitaire, existe-t-il des différences de genre ? Loin des clichés, les professionnels du coaching œuvrent au quotidien pour s’adresser à tous les profils indépendamment des problématiques de genre.
Le coaching, le reflet d’une société genrée
Le coaching, en tant que pratique d’accompagnement centrée sur l’individu et ses objectifs, est intrinsèquement équitable. Les principes fondamentaux du coaching, tels que l’écoute active, la bienveillance et la neutralité, s’appliquent à tous les individus, indépendamment de leur genre. Cependant, il est important de reconnaître que la société dans laquelle nous évoluons est imprégnée de normes et de stéréotypes de genre. Ces biais peuvent influencer la manière dont les individus perçoivent le coaching et interagissent avec les coachs.
Certaines personnes peuvent associer le coaching à un développement personnel davantage féminin. En raison du sentiment que les femmes sont plus enclines à travailler sur elles-mêmes et à chercher des solutions introspectives. Cela peut être lié à des préjugés selon lesquels elles seraient plus émotionnelles et tournées vers la communication et l’amélioration personnelle. En revanche, d’autres peuvent voir le coaching comme un outil d’optimisation professionnelle plus masculin. Celui-ci est perçu comme une méthode pour renforcer la performance, l’efficacité et le leadership dans un contexte professionnel compétitif. Cette vision peut être influencée par des clichés qui associent les hommes à des traits tels que l’ambition, la compétition et la réussite professionnelle.
Une évolution des perceptions et des pratiques
Toutefois, la société évolue et de nouvelles tendances sociétales plus en phase avec des valeurs de pluralité et d’équité viennent renforcer une nouvelle vision du coaching. Cette évolution est soutenue par la professionnalisation croissante du métier de coach. Ainsi, tandis que de plus en plus d’hommes prennent conscience d’un besoin, voire de la nécessité, de remettre en question leur parcours personnel et professionnel, les pratiques encadrées et structurées du coaching leur permettent de s’y tourner plus naturellement. Dès lors, ils l’envisagent sérieusement pour améliorer leur leadership et leur gestion d’équipe. Cette tendance reflète un changement sociétal plus profond. La barrière du genre tend à se fissurer, ouvrant la voie à davantage d’hommes pour s’engager dans des démarches de développement personnel autrefois considérées comme féminines. A plus forte raison, dans le monde de l’entreprise, les femmes accèdent à des niveaux de responsabilités plus élevés leur donnant accès aux formations et coaching au même titre que leurs homologues masculins. Selon l’étude Women in Business 2024 de Grant Thornton, 33% des femmes dans le monde occupent un poste de direction ou à responsabilité dans les ETI soit 1% de plus qu’en 2023.
La professionnalisation contribue à une reconnaissance accrue du coaching. Comme un domaine où les compétences, l’empathie et la neutralité sont primordiales, décorrélées de toute considération liée au genre. De plus, elle encourage la diversité des coachs et des coachés, enrichissant ainsi les perspectives et les approches dans ce domaine.
La progression de la société sur ces questions de fond souligne la nécessité de poursuivre la dynamique pour dépasser les stéréotypes de genre qui rejaillit de manière positive. En adoptant une approche inclusive et neutre, les coachs professionnels peuvent créer un espace de confiance où chaque individu se sent libre de s’exprimer et d’explorer son potentiel, sans se soucier des barrières notamment liées au genre.
Le coaching, un espace bienveillant ?
Pour que le coaching soit véritablement inclusif, les coachs doivent adopter une posture d’accueil et de bienveillance, favorisant un espace sûr pour tous les clients, indépendamment de leur genre. Le cadre déontologique des coachs professionnels, axé sur des compétences neutres et non genrées, garantit cette neutralité et cette sécurité.
La relation de confiance entre le coach et le coaché est essentielle pour maximiser l’impact positif du coaching. Lors de coachings initiés par les entreprises, il est souvent proposé aux clients de choisir parmi plusieurs coachs pour mieux correspondre aux personnalités et attentes. Bien que le coaching soit non genré, chaque individu apporte son propre bagage et expérience, enrichissant ainsi le processus. Le coach doit aider le client à identifier et surmonter ses propres stéréotypes sans imposer les siens, contribuant ainsi à la croissance personnelle du coaché et à une société plus équitable et inclusive.
Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire d’encadrer le métier de coach. Permettre aux coachs de se former pour adopter au mieux des pratiques de plus en plus inclusives et de déjouer les préjugés. Le code de déontologie de l’ICF définit les principes éthiques et les normes de comportement attendus des coachs professionnels. Il joue un rôle essentiel dans ce cadre. Face aux évolutions sociétales et aux enjeux professionnels, chaque candidat au coaching doit avoir accès à un coach professionnel, capable de l’encadrer de la manière la plus neutre et saine possible, sans jugement aucun, afin de garantir un espace de confiance et de sérénité lui permettant d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé.
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