Arnaud Petit
Le DRH doit être un acteur puissant de la digitalisation. L’expérience collaborateurs et la qualité de vie au travail figurent parmi les priorités stratégiques des entreprises. C’est pourquoi la fonction RH est engagée dans la construction d’une nouvelle approche de la gestion des ressources humaines.
Or, de nombreuses études indiquent que le poids administratif de leur mission handicape fortement la disponibilité des DRH. Ainsi, pour basculer franchement dans la culture de la valorisation du capital humain, il est manifestement nécessaire de définir une nouvelle expérience DRH, pour que DRH devienne un acteur puissant de la digitalisation
Le DRH, un acteur puissant de la digitalisation, pour une responsabilité stratégique
En février 2023, McKinsey Global a publié une étude1 qui démontre ce que toutes les organisations pressentent intimement. Les entreprises qui investissent dans le capital humain enregistrent un surcroît de performance. Plus intéressant encore, et toujours conforme à l’expérience commune, le retour sur investissement est constaté dans les périodes d’expansion comme dans les phases où la résilience est vertu cardinale.
Au demeurant, pour le DRH, la guerre des talents n’est que la partie émergée de l’iceberg, mesurée au sein des différents services en termes de postes pourvus ou non. En effet, la capacité de l’organisation à attirer et surtout à fidéliser les profils les plus adaptés repose sur une stratégie étayée de « business partner ».
Le cabinet Deloitte propose par exemple cinq axes prioritaires2 pour modeler en profondeur la communauté des collaborateurs de l’entreprise :
- Les grands équilibres socio-démographiques de l’effectif.
- Le pilotage des coûts associés à la main d’œuvre.
- La fiabilité du plan de succession et la fluidité des carrières.
- La santé et le bien-être au travail.
- L’invention de nouvelles manières de travailler.
La disponibilité, talon d’Achille du DRH
La valorisation de la relation avec les collaborateurs, de l’anticipation stratégique dans la gestion des ressources et de l’accompagnement des managers constitue donc clairement le fil conducteur de la mission du DRH d’aujourd’hui. Mais cela ne veut pas dire qu’il est 100 % disponible pour animer les processus qui y sont associés.
Une récente étude mesure le pas qui reste à franchir. Les DRH estiment consacrer 19 heures par semaine en moyenne à la gestion administrative. La culture du capital humain est mise en pièce par la gestion des ressources humaines ‘’à l’ancienne’’.
Plus grave, cette dichotomie préjudiciable au succès des organisations tourne à la schizophrénie pour les DRH. L’écart se creuse entre le sens qu’ils donnent à leur mission et la réalité de leur quotidien. Dit autrement, l’expérience DRH est très inférieure à leurs aspirations !
La digitalisation, pour sortir par le haut de cette impasse
Le DRH doit être un acteur puissant de la digitalisation. Partir de la problématique de l’expérience DRH est une bonne manière de situer les enjeux. Comment faciliter la vie de celle ou de celui en charge de faciliter celle des collaborateurs de l’entreprise ? Est-il tenable que le DRH voit sa qualité de vie au travail durablement minorée ? Certainement pas. Il y a même urgence. La même étude indique que 66 % des DRH se disent inquiets quant à l’avenir de leur profession.
Au moment où l’on attend le plus de la fonction RH, celle-ci traverse une crise existentielle ! Pourtant, des solutions existent. Celles d’ailleurs qui contribuent déjà à libérer les collaborateurs de tâches chronophages et répétitives. Et à développer leur autonomie dans la gestion de leur propre carrière.
Car la digitalisation des ressources humaines a deux volets. La dématérialisation des outils RH à usage des collaborateurs et la montée en capacité des outils de la fonction. Pour supprimer l’angle mort qui voit les DRH accaparés par des tâches de contrôle et de reporting, poursuivons dans la lancée !
L’intelligence artificielle, en particulier, est capable aujourd’hui de constituer un véritable assistant intelligent pour les DRH. Susceptible de les aider par exemple à prioriser leurs tâches, de leur suggérer des commentaires dans des tâches d’analyse ou d’automatiser la recherche de données utiles dans le big data social de l’entreprise.
À l’heure de la mobilisation générale, le DRH doit être un acteur puissant de la digitalisation. Il en va de sa capacité à servir l’entreprise à la hauteur de la mutation interne à opérer.
1Performance par les personnes : transformer le capital humain en avantage concurrentiel ; McKinsey Global Institute ; février 2023
2Cinq paramètres que le DRH doit surveiller comme le lait sur le feu ; Deloitte ; 2023Le DRH doit être un acteur puissant de la digitalisation Depositphotos_allaserebrina