Le risque un atout stratégique. Confrontées à une montée des risques sans précédent, les entreprises doivent modifier en profondeur la façon dont elles prennent en compte l’incertitude. La liste des dangers auxquels sont confrontées aujourd’hui les entreprises – dans les domaines géopolitiques, économiques, des échanges internationaux, de la conformité, de la cybersécurité ou de l’environnement – nécessite une prise en compte totalement différente de la notion de risque au sein des entreprises. La gestion du risque ne doit plus être affaire de conformité ou de contrôle, mais faire intégralement partie de la stratégie de l’entreprise et de ses mécanismes de création de valeur.
« Future of Risk », une étude de KPMG International réalisée en 2024
« Future of Risk », une étude de KPMG International réalisée en 2024, révèle que 61 % des dirigeants mondiaux s’attendent à une montée des risques dans les trois à cinq prochaines années. Mais grâce à une meilleure prise en compte des data et aux nouveaux outils d’intelligence artificielle, la fonction gestion des risques peut être embarquée de façon beaucoup plus profonde dans le système de prise de décision de l’entreprise. L’outil digital fait gagner en productivité, grâce notamment à l’ensemble des datas collectées dans les réseaux IT de l’entreprise.
Il permet un reporting quasi en temps réel au Comex, permettant d’intégrer pleinement l’analyse des risques opérationnels aux prises de décision stratégiques. Selon cette étude de KPMG, seuls 31 % des dirigeants reconnaissent que cette intégration est une réalité.
Le risque doit devenir un élément clé de la création de valeur
Changer la vision du risque nécessite donc de repenser radicalement la manière dont il est géré, en alignant toutes les parties prenantes dans l’entreprise. C’est parce que l’anticipation des risques irriguera très en amont le processus décisionnel de l’ensemble de l’organisation que le risque deviendra un élément clé de l’équation de création de valeur. L’objectif opérationnel est de transmettre la culture du risque à tous les salariés pour mieux y faire face. Travailler en silo n’est plus envisageable, alors qu’un risque identifié par un département peut déclencher d’autres risques dans d’autres directions. L’effet boule de neige est toujours possible et une vision partielle du risque génère un risque pour l’ensemble de l’entreprise.
Développer cette nouvelle approche est aussi naturellement l’affaire des directions générales, dont les membres doivent s’impliquer plus systématiquement dans la façon dont l’entreprise affronte l’incertitude. D’une certaine façon la « C-Suite » doit devenir la « R-Suite ». Toute décision en matière de gestion des risques devrait commencer et se terminer par une réponse à la question : « En quoi cette décision contribue-telle à la création de valeur de l’entreprise ? » Une telle approche permettra de faire migrer la gestion du risque d’un « département » de l’organisation à un véritable « service », qui crée de la valeur en permanence et améliore la position concurrentielle de l’entreprise et son attractivité.
Depuis quelques années, les critères ESG sont appréhendés comme un atout concurrentiel déterminant. On peut aujourd’hui imaginer une évolution similaire de la perception et de la gestion des risques.
Tribune Co-écrite par Silvia Nanni Costa et Mathieu Chastre, Associés de KPMG en France, spécialistes « Risk & Compliance »
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