Oui mais MOI j’ai besoin de me sentir utile : quand j’échange avec des personnes sur leur mal-être au travail, certains me disent « oui mais MOI j’ai besoin de me sentir utile ».
Et je provoque toujours un peu sur ce sujet en disant que je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui me disait ou qui se disait « oh ba moi mon travail est parfaitement inutile, on pourrait parfaitement s’en passer et j’adore » !
Dans l’absolu tout le monde a envie que son travail soit utile, qu’il apporte quelque chose, mais ce qui va être très personnel c’est :
– l’importance de cette thématique dans tout ce que le travail a comme autres fonctions
– le sens en lui-même : pour un même travail, une personne peut se sentir utile et une autre pas du tout, et c’est ici une affaire très personnelle
Pourquoi travaillez-vous … véritablement ?
Pourquoi travaille-t-on ? Au-delà d’un sujet de bac de philo, la réponse à cette question est multiple et peut faire couler beaucoup d’encre.
Vous travaillez évidemment pour gagner votre vie, mais on voit, avec des personnes qui pourraient arrêter de travailler à l’âge de la retraite ou parce qu’elles ont gagné au loto, que cette motivation n’est évidemment pas la seule.
Vous travaillez aussi pour être avec des collègues, rencontrer du monde, pour faire des choses que vous aimez, qui vous épanouissent, vous stimulent dans le meilleur des cas.
Et vous pouvez vouloir par votre travail apporter une contribution, votre petite part de colibri au monde qui vous entoure.
Toutes ces motivations à aller travailler ne sont pas les mêmes pour tous et n’ont pas la même importance pour tout le monde.
La méthode des 3 curseurs ©
pour comprendre
J’ai mis au point dans mes accompagnements une méthode que j’appelle la méthode des 3 curseurs © pour regrouper ces thématiques, ces 3 curseurs étant :
– QUOI : ce que vous aimez faire, vos appétences, vos talents
– POURQUOI : vos valeurs, vos centres d’intérêts, ce que vous souhaitez apporter par votre travail
– COMMENT : les conditions de travail, salaire, management, type d’entreprise ….
Chaque curseur participe à l’épanouissement au travail mais, si je parle de curseur, c’est que parce qu’il s’ajuste, parce qu’il n’a pas la même importance pour chacun :
– certains vont mettre une priorité au salaire,
– d’autres aux horaires,
– d’autres à ce qu’ils font de leur journée : créer des objets, transmettre, vendre …
– d’autres au domaine, à ce qu’ils veulent apporter avec leur travail.
Le sens, l’utilité font bien partie du plaisir que vous pouvez prendre au travail MAIS PAS UNIQUEMENT. Je reprends souvent l’exemple d’un comptable qui serait démotivé dans son job ET aurait une forte prise de conscience écologique et envie de se sentir utile. On pourrait lui dire d’aller travailler dans une association ou une entreprise dans ce secteur. Mais s’il n’en peut plus de faire des bilans comptables, de la facturation, etc., l’arrivée du « sens » ne va pas suffire. Il va falloir changer plus profondément son quotidien.
Il est donc important, selon moi, quand vous êtes dans une quête de sens au travail, de bien creuser et identifier si le problème vient bien du sens et UNIQUEMENT du sens, sous peine de ne pas lancer les bons chantiers.
Prenez le temps de savoir ce à quoi vous avez envie, VOUS, de contribuer
Ce sens, ce sentiment d’utilité va être une question très personnelle. Quand je vois des titres sur une reconversion « dans un secteur de sens », je me questionne toujours sur ce que cela veut dire.
Est-ce que l’écologie et l’humanitaire sont les seuls secteurs de sens ?
Est-ce qu’un professeur n’apporte pas du sens ? Est-ce quelqu’un qui fait des gâteaux tellement bons que vos dimanches sont un petit bonheur n’apporte rien ?
J’accompagne des personnes qui travaillent dans l’humanitaire, dans l’aide sociale, dans l’enseignement, dans la santé et qui ont besoin d’autres choses maintenant. Beaucoup ont envie aujourd’hui d’apporter de la joie, de l’amusement dans la vie des gens parce qu’elles ont vu beaucoup de souffrance et cela va faire sens pour elles.
Vous pouvez avoir « tout à coup » une perte de sens alors que jusqu’ici vous ne vous étiez pas posé la question. Cela m’est arrivé après 15 ans en marketing grande consommation qui m’avaient plu parce que j’aimais le travail d’analyse, de compréhension de comportement du consommateur. Et petit à petit, l’âge, les enfants, la lassitude, l’état de la planète, des gens, mes envies m’ont fait me dire que tout cela n’avait pas de sens.
Ce métier avait la même utilité que la veille : analyser les comportements des consommateurs, les comprendre, c’est moi et mon jugement qui avions changé. J’avais toujours envie de comprendre le comportement mais dans un domaine qui avait plus de sens, POUR MOI ! Parce que certains vont trouver qu’aider à trouver sa voie professionnelle n’a pas de sens, que c’est un truc de bobo !
La question du sens est centrale dans le bien-être au travail parce qu’en se disant qu’on ne sert à rien ou pire en étant en décalage entre ce qu’on fait dans son emploi et ce qu’on veut être dans sa vie, les journées au travail deviennent très difficiles. On peut avoir l’impression de jouer un double jeu, d’avoir une double vie et le payer assez dur.
En revanche le sens ne fait pas TOUT et on peut être très mal dans un secteur « de sens » avec un mauvais manager évidemment !
Enfin le sens est très personnel, ce qui vous semble utile ne l’est pas forcément pour votre voisin et vice versa ! Prenez donc le temps de creuser ce à quoi vous avez envie VOUS de contribuer sans la pression du regard extérieur.
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