L’organisation des Jeux Olympiques de Paris en 2024 est plus qu’un simple événement sportif. C’est un véritable révélateur des évolutions en cours dans le monde du travail. Ces jeux, prévoyant la mobilisation de près de 150 000 salariés et 45 0000 bénévoles dans des domaines aussi variés que la sécurité, l’hôtellerie, la restauration et le transport, offrent ainsi une opportunité sans précédent de mettre en lumière et de reconsidérer des travailleurs souvent oubliés.
Dans la restauration, des chiffres particulièrement éloquents
Dans le secteur de la restauration, les chiffres sont particulièrement éloquents. Il faudra pourvoir 18 000 postes en cuisine pour servir environ 13 millions de repas. De même, entre 22 000 et 23 000 agents de sécurité sont requis pour assurer le bon déroulement de l’événement. Ce secteur devra notamment faire appel à des étudiants et éducateurs sportifs en formation pour pallier la pénurie d’effectifs. Malgré le recours planifié aux réserves opérationnelles de la gendarmerie et de l’armée.
Cette demande explosive et temporaire illustre la flexibilité extrême requise par le marché du travail et met en lumière la précarité potentielle que cela engendre pour les travailleurs. Particulièrement dans des filières déjà confrontées à des difficultés de recrutement en période normale. Cette flexibilité, même si sa variation est plus faible que pour cet évènement majeur, est d’ailleurs permanente dans notre société pour répondre aux besoins d’évènements et aux fluctuations de la consommation.
La question cruciale de la flexisécurité
Cette configuration pose une nouvelle fois la question cruciale de la flexisécurité. Ce modèle doit impérativement évoluer pour intégrer non seulement la nécessité de flexibilité pour les employeurs, mais aussi assurer la sécurité et favoriser la progression de carrière des employés qui prennent le risque de la flexibilité.
Ces secteurs, déjà confrontés à des défis significatifs, se caractérisent par des salaires souvent bas, des horaires contraignants, et des conditions de travail pénibles. Ces facteurs dissuadent certains candidats de s’engager, d’autant plus que l’avenir reste incertain une fois l’été passé. Quel avenir peuvent espérer ces travailleurs après les Jeux ?
Les contrats courts (CDD, CDU, CTT), nécessaires pour répondre aux variations d’activité exceptionnelles, doivent être repensés pour offrir des perspectives de carrière plus stables et durables et éviter le recours aux auto-entrepreneurs, qui tire la valeur du travail vers le bas. Cela nécessite une revalorisation de ces contrats souvent sous-estimés et une révision de la manière dont le marché du travail perçoit ces profils et les protège entre deux contrats.
Les Jeux Olympiques 2024 : une vitrine mondiale pour la France et un catalyseur pour transformer les modèles d’emploi
Pour les secteurs impliqués dans les Jeux Olympiques, il est donc crucial de ne pas limiter la vision de cet événement majeur à de simples opportunités d’emploi temporaire. Au contraire, les Jeux doivent être envisagés comme un tremplin pour une réforme structurelle approfondie, visant à rendre les filières plus attractives, moins hermétiques entre elles, à poursuivre le développement des compétences des nouveaux employés, et à ouvrir de nouvelles perspectives transformant ainsi les défis temporaires en opportunités de croissance et de développement pérenne pour chaque secteur.
Si les Jeux Olympiques de Paris 2024 doivent être une vitrine mondiale pour la France, ils doivent également servir de catalyseur pour une transformation profonde des modèles d’emploi, nécessitant un engagement résolu de toutes les parties prenantes, y compris les entreprises et les décideurs politiques, pour garantir que les bénéfices de cet événement profitent à long terme à l’ensemble des acteurs du marché du travail.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024/Les Jeux Olympiques de Paris 2024
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