Face à une société civile malade d’un individualisme croissant et d’une fragmentation communautariste inédite, l’entreprise sort progressivement de son statut « fournisseur d’emplois » et créateur de richesse pour apparaitre de plus en plus comme l’un des espaces inclusifs où le vivre ensemble fait sens. La notion de raison d’être portée par Nicole Notat et Jean-Dominique Senard souligne sa dimension sociale, sociétale et environnementale et en fait un acteur politique de la Cité à part entière. Mais l’entreprise n’est pas à l’abri des dérives de la vie publique et doit faire face, sans cesse, à de nouveaux comportements et de nouveaux usages et autres modes de vie. En échos, le politiquement correct sévit. Les concepts succédant aux concepts affaiblissent, voir anesthésient, la parole des dirigeants. Les éléments de langage corporate formatent la pensée et le management.
Pour exister, il faut être dans le moule de l’ère du temps, à la pointe de tous les défis sociétaux et environnementaux… La poussée du wokisme en s’implantant en Europe, en est un parfait exemple outre atlantique. Seul l’esprit d’équipe donne du sens à l’esprit d’entreprise

Culture, exemplarité du management et esprit d’équipe.

Or l’entreprise est censée avoir, en elle, une valeur fondamentale qui se nourrit de sa culture et de l’exemplarité de son management à savoir l’esprit d’équipe. L’esprit d’équipe est une notion souvent galvaudée car mise en avant comme un postulat naturel alors même que l’esprit d’équipe est avant tout le miroir de l’ambition humaine de l’entreprise et de ses dirigeants.
Créer une communauté de femmes et d’hommes issus de tous les horizons, unis par la volonté du bien-faire au nom d’une mission partagée, d’une culture et de rites exclusifs, devrait être le sens même de la création et du développement d’une entreprise.
S’il existe un vrai projet humain, corolaire du projet économique, l’esprit d’équipe sera naturel et nourrira toutes les relations, en interne comme en externe. Il qualifiera l’ambiance et la dynamique de l’entreprise, loin des poncifs de la marque employeur aseptisée que l’on constate un peu partout. Son authenticité fait toute la différence.
Si l’entreprise se drape dans la vertu des beaux sentiments sur papier glacé à la mode pour répondre aux injonctions du politiquement correct, l’esprit d’équipe devient une mascarade.

Esprit d’équipe, fierté de son entreprise et oeuvre commune

L’esprit d’équipe se vit à travers une culture forte, l’envie de porter avec fierté les couleurs de son entreprise et surtout le sentiment de faire oeuvre commune non pas uniquement pour la rentabilité économique mais bien pour assumer la raison d’être de son entreprise.
Elle seule donne du sens à l’action collective ; participer au récit collectif en associant le
« je » de chacun à l’esprit collectif du « nous » permet à chaque personne de se sentir partie prenante de l’aventure humaine qu’est censée être une entreprise.
C’est à travers sa capacité à créer, développer, encourager un esprit d’équipe fort que l’on peut évaluer la puissance d’une culture d’entreprise, mais aussi l’excellence d’un modèle de management.
L’esprit d’équipe « naturel » c’est le bon sens en action tout simplement. Un bon sens qui unit par la mission globale, par l’utilité et l’envie de créer ensemble.
L’esprit d’équipe impose aux Managers un respect profond face à leurs équipes, de l’humilité aussi pour savoir s’effacer devant l’énergie collective qu’ils ont le talent de déclencher. L’esprit d’équipe est un hymne à l’authenticité qui respecte les différences mais qui refusent que les différences nuisent à la dynamique du groupe.

L’entreprise, l’ultime rempart de la laïcité

L’entreprise est en passe de devenir un ultime rempart de la laïcité et du faire équipe en laissant aux vestiaires de la vie privée ses croyances et/ou ces certitudes privées. L’individualisme est un fléau pour l’équilibre d’une entreprise ; le manque d’engagement ressenti un peu partout par les difficultés d’attractivité et de fidélisation met en cause la crédibilité des entreprises à créer de véritables esprits d’équipes.
Quelles que soient les générations, les personnes ne supportent plus les mots valise (bienveillance, respect, diversité…) qui ne s’accompagnent pas de comportements miroir ; tout le monde en a assez de ces communications de façade qui n’ont rien à voir avec la vraie vie en interne. Pas étonnant que toutes les études soulignent l’importance des relations avec ses collègues pour rester dans une entreprise. Encore une fois, c’est du bon sens ! Le temps passé dans une entreprise est avant tout un temps humain fait d’interactions, de relations, de passions aussi.
L’esprit d’équipe est de loin la première richesse d’une entreprise ; il incarne ce que l’on aime nommer le capital humain. Le collectif doit primer sur l’individualisme.
Au moment où nombres d’indicateurs politiques sont dans le rouge, l’entreprise est un excellent laboratoire pour repenser le vivre ensemble au nom de rêves destinés à devenir réalité.
L’esprit d’équipe, l’entreprise ne se nourrit pas de promesses, elle est légitime par ses résultats et ses engagements qui, par définition, sont censés être uniques. Elle doit rester pleinement une aventure humaine.
L’esprit d’équipe Depositphotos_TarasMalyarevich

 

Les articles à lire du même auteur

L’exemplarité managériale : la priorité d’une politique RH
Contre l’individualisme : donner du sens à l’oeuvre commune
Et si l’année 2022 était celle de toutes les audaces ?!
Le commerce : un des meilleurs ascenseurs sociaux pour les jeunes
Je lance un appel à tous les DRH : ouvrez l’emploi aux jeunes
Agile, vous avez dit agile ?
La priorité des DRH : inventer l’avenir d’un horizon collectif