La vitesse à laquelle vous vivez et les technologies associées vous poussent à changer de posture un nombre incalculable de fois par jour : passer de cadre à époux, parent, collègue… d’un instant à l’autre pendant la journée, ce qui exige une grande agilité physique et mentale épuisante à la longue. Les conseils d’une experte pour vous en sortir.
Evacuez le stress
Lors de mon premier poste de manager, j’ai dû être une chef rassurante, participative, à l’écoute, une collègue, un n-1 technique, généraliste, un chef de projet… Et le soir, démarrer une autre vie…
Au service des entreprises, ces changements se sont pour moi grandement accélérés d’une posture d’accompagnement à une autre, d’un lieu à un autre, d’une personne à une autre….
Dans un travail sur la gestion du temps ou du stress, les cadres me confient qu’ils jonglent eux aussi pour maintenir leur vie privée et montrer leur engagement professionnel à leurs équipes ou à leur hiérarchie. Certains sont mieux armés que d’autres pour ces changements rapides, mais pour la majorité d’entre vous, c’est du stress. Alors que faire ?
Travaillez la transition
Pour l’avoir testé personnellement et fait vivre à de nombreux autres, le sas de décompression est un concept facile à mettre en œuvre et très efficace. Le principe est simple : il s’agit de faire exister, pour vous, une transition entre un “mode”/une posture A et un “mode”/une posture B. Entre maison et travail, entre cadre et parent.
Il n’est pas nécessaire que cette transition prenne longtemps – ce temps vous ne l’avez sans doute pas – mais elle doit être consciente et agréable pour vous.
– Exemple 1 : vous venez de voir votre équipe en réunion et aller voir votre supérieur pour débriefer sur un autre projet.
– Exemple 2 : commercial, vous passez d’un client à un autre, d’un prospect à un autre tout en devant montrer un maximum d’attention, par exemple au téléphone.
– Exemple 3 : vous rentrez du travail chez vous après des heures de trajets en avion/ taxi, votre famille ravie de votre retour vous saute dessus, vous n’avez qu’une envie c’est d’être tranquille…
– Exemple 4: votre fils de deux ans ne vous a pas vu de la journée et vous devez l’emmenez directement chez le dentiste parce que la grande a une rage de dents. Il hurle dans la voiture toutes les deux minutes.
– Exemple 5 : vous êtes en retard pour le travail et votre vie de famille vous retarde encore plus par leurs multiples demandes ou résistances.
Dans ces différents exemples, vous avez peu de temps devant vous pour changer et pouvez avoir l’impression de subir le changement trop rapide.
Prenez le temps ou faites avec celui que vous avez
Dans le cas du retour au domicile après un long trajet (exemple 3), vous pouvez soit prendre le temps, soit faire avec celui que vous avez. Prendre le temps revient dans cet exemple à partager avec les vôtres votre besoin d’un “sas de décompression” de mettons 20 minutes. Au lieu de vous jeter dans l’arène, partez vous isoler dans une activité qui vous convient.
Ce sas est particulièrement nécessaire pour les plus introvertis. Faire avec le temps que vous avez, c’est profiter du trajet pour décompresser au lieu de s’énerver sur le taxi bloqué par les bouchons. Plus rien n’est sous votre contrôle : détendez-vous, profitez de l’instant. C’est votre sas de décompression.
Avec votre petit (exemple 4), vous pouvez passer un peu de temps à vous occuper de lui complètement, sans interruption téléphone. Idéalement, laissez-le choisir une activité qui lui convienne pendant par exemple 20 minutes, le “temps par terre” selon Dr Stanley Greenspan, psychiatre spécialiste de l’éducation des enfants difficiles. Après ce temps, partez à votre rendez-vous et vous verrez qu’il suivra sans ronchonner. Si vous n’avez pas le temps avant le trajet, profitez du trajet pour reprendre contact avec lui : échanger avec lui ou mettez une musique ou une histoire qu’il apprécie. Il manifeste simplement son besoin d’attention.
Un cadre sous pression, que j’ai accompagné, rentrait à vélo chez lui afin de respirer un grand coup avant d’arriver. Il a appris à prendre ce temps pour décompresser, être dans l’instant afin de mieux vivre son arrivée. Au sein même du travail, créer un sas de décompression revient à marcher un peu ou à respirer quelques minutes ou secondes avant de reprendre une autre activité.
Créez un rituel
Toutes ces situations peuvent s’améliorer sous le coup du “sas de décompression” à condition de respecter les clés du succès suivantes :
– Le sas doit être conscient, c’est-à-dire choisi et dans un temps limité que vous connaissez. Il est possible de le planifier et d’en connaître la durée à l’avance, ce qui vous permet de communiquer dessus, entre autres.
– Communiquez si nécessaire sur ce sas à votre entourage sur le mode “j’ai besoin de x temps et après je serai pleinement disponible, est-ce OK pour vous?”. Répétez-vous si besoin.
– Lors du sas de décompression, faites attention à une seule chose ou une seule personne, qui peut être vous.
– Le moment doit être agréable : par exemple, après avoir accéléré tout le monde le matin, vous passez un bon moment à chanter ensemble dans la voiture :)
– Plus vous pratiquez, plus c’est praticable : le « sas de décompression » est comme un rituel qui vous permet d’accepter le changement.
– Proposer aux autres de prendre leur « sas de décompression », ils en ont besoin aussi.
– Le sas de décompression est comme tout, la méthode ne fonctionne que si elle est appliquée. Le marteau ne plantera pas le clou tout seul :) Et si vous essayiez ?