Aujourd’hui, 15 à 20% des salariés aident un proche fragilisé (handicap, maladie ou grand âge) et la France compte au total 11 millions d’aidants familiaux. Alors que les entreprises comme les pouvoirs publics s’intéressent davantage à leur situation et aux risques encourus par les aidants familiaux (espérance de vie inférieure à la moyenne nationale, charge émotionnelle, sommeil perturbé durant des années, stress, gestion difficile de l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle,…), quel rôle les DRH ont-ils à jouer et pourquoi il devient urgent de mettre en place un accompagnement global pour tous les salariés concernés ? Les entreprises ont -elle réellement pris conscience de l’ampleur de ce phénomène et de son impact à tous les niveaux ?
Des entreprises également impactées par ces nouvelles évolutions sociales
Le nombre d’aidants en France ne cesse de progresser et le nombre d’aidants salariés est plus important que le nombre de salariés en charge d’un jeune enfant.
Pendant des années, les directions des ressources humaines ont œuvré pour faciliter la vie des jeunes mamans en s’appuyant notamment sur le dispositif de crédit impôt famille en vue de développer des solutions d’accompagnement comme les crèches d’entreprise ou les réservations de berceaux.
Désormais, l’entreprise doit faire face à ces nouveaux enjeux pour lutter efficacement contre l’absentéisme (16jours par an en moyenne pour un aidant salarié), le présentéisme, la chute de l’engagement et les risques psychosociaux associés. En parallèle, 83% des salariés aidants recherchent un soutien au sein de l’entreprise pour être en mesure de gérer dans de meilleures conditions le difficile équilibre vie professionnelle et vie privée.
Chacun a un rôle à jouer
Un large panel de solutions existe émanant du public, du privé et de l’associatif. A titre d’exemple, l’indemnisation d’un congé aidant proposée par le gouvernement est un premier pas mais éviter aux aidants de chuter passera surtout par des actions de prévention, d’information et de coordination réalisée en amont.
Il serait nécessaire d’augmenter le plafond de défiscalisation du Crédit Impôt Famille, actuellement limitée à 500 000 euros. Ce dispositif fiscal incitatif à destination des entreprises permettrait d’encourager la mise en place de dispositifs d’informations, de soutien et d’accompagnement concret. Dans le secteur de la petite enfance, il a d’ailleurs participé à la création de 80 000 emplois ; un cercle vertueux permettant de meilleures conditions de travail, un meilleur engagement des salariés auprès de leur entreprise et le développement des nouveaux métiers du « care », porteurs de sens et d’utilité sociale.
En parallèle, le PLFSS2019-2020 instaure un congé aidant mais il s’avère trop faiblement indemnisé et surtout bien trop court : 3 mois sur toute la carrière professionnelle ! Pour les entreprises, il ne règle en rien les questions d’absentéisme, de présentéisme et la chute de l’engagement. Sortons des logiques curatives, coûteuses et peu efficaces et encourageons la prévention !
Surtout, n’oublions pas que les aidants sont les piliers d’une société bienveillante et inclusive tout en développant des compétences nouvelles dont bénéficient les entreprises : gestion des priorités, sens de l’organisation, réactivité, résistance au stress…. L’entreprise se doit donc de les préserver, les soutenir et réitérer leur confiance.
En cette fin d’année faite d’arbitrage pour les actions prioritaires en 2020, les DRH doivent prendre le temps du discernement. Plutôt que de penser « babyfoot » et « panier bio », priorisons les actions qui pourront véritablement soulager ceux qui laissent leur santé et parfois leur vie à aider. Sentons-nous responsables de nos collaborateurs aidants ! Aidons ceux qui aident et vite !