Mode masculine : assiste-t-on au retour du costume au bureau ?

Par

Christelle Ibach, Rédactrice pour Cadre Dirigeant Magazine, Strasbourg

31 juillet 2020

A l’heure où les Maisons de couture remettent le costume au goût du jour, 35% des actifs perçoivent cette tenue comme un signe de professionnalisme et d’expérience en entreprise. Le moment de sortir ses vieux costards du placard ?

Startup Nation vs Ancien Monde

Startup Nation oblige, le costume n’a plus la cote. La tenue casual « Jean-T-Shirt-basket » a pris le relai. Boostée par les figures de la Tech’ tels que Mark Zuckerberg ou Steve Jobs, elle relève désormais d’une mentalité à part entière, d’un style de vie revendiqué et tranché, à mille lieues des secteurs traditionnels de l’Ancien Monde, des secteurs bancaire et commercial par exemple, dans lesquels le costume fait figure d’emblème.

Les gens plus heureux sans cravate ?

Un sondage réalisé par la marque Dockers auprès d’actifs européens de tout âge révèle que désormais, seuls 17 % des travailleurs portent un costume sur leur lieu de travail. 90 % des moins de 40 ans estiment que les gens sont plus heureux – donc plus performants – lorsqu’ils ont la liberté de choisir leurs vêtements. Dans ces conditions, certains secteurs traditionnels ont assoupli leurs codes vestimentaires, et cela fait déjà plusieurs années. Dans la banque d’affaires Lazard, par exemple, le costume cravate n’est plus obligatoire, sauf en rendez-vous client. Plus généralement, le « Friday Wear », à savoir le choix de s’habiller de manière ultra détendue tous les vendredis, est pleinement entré dans les mœurs des entreprises de la Défense.
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La vente de costards en chute libre depuis 10 ans

Pour preuve, les ventes de costard en France ont chuté de plus de 50 % entre 2010 et 2020, selon les chiffres avancés par BFM. Le média a relayé les dires de Laurent Thoumine, responsable chez Accenture, qui va jusqu’à affirmer que le costume constitue « une approche défensive (…) [permettant de] prendre de la distance par rapport à son interlocuteur ; pour se protéger. » Une arme de défense, en somme, pour s’aider soi-même à s’affirmer en cas de déficit de confiance.
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un costume ?

Le costume est une marque d’expérience et de professionnalisme

Et pourtant. Malgré ce désamour observé depuis près d’une décennie dans le monde du travail, le costume semble résister. L’enquête de Dockers révèle qu’il reste bel et bien un symbole en entreprise : symbole d’autorité pour 24 % des sondés ; symbole de pouvoir pour 20 % d’entre eux et jusqu’au signe évident de professionnalisme et d’expérience pour 35.9 % des sondés. « Porter une tenue formelle accentue le sentiment de puissance et modifie la manière dont nous percevons le monde », affirme même l’américain Abraham Rutchick, co-auteur d’une étude publiée dans Sage Journals sur le sujet et professeur de psychologie.
L’arme de défense ne fonctionnerait pas si mal, finalement.

Le tayloring à l’affiche dans les Maisons de couture

Récemment, le costume a été remis au goût parmi les créateurs de mode en quête d’une nouvelle forme d’élégance après les années streetwear vues, revues et revisitées sous toutes les coutures. La tendance du « tayloring », comme on l’appelle, a été la tête d’affiche de Maisons comme Prada, Lacoste ou encore Nina Ricci en 2019 et 2020.

Alors, allons-nous revoir le costume-cravate dans les couloirs de nos entreprises ? Gageons que oui ! Et puis, même chez les casual de la Tech’, le « T-Shirt-Jean-Basket » est une arme servant l’image personnelle, avec ses codes et ses lois. Un T-Shirt avec un logo relèvera toujours d’une appartenance à un groupe de consommateurs, à une catégorie socioprofessionnelle. Une paire de baskets devra être tantôt flashy, tantôt blanche, de préférence de marque pour montrer son statut social.
N’oublions pas que le T-Shirt basique gris de Mark Zuckerberg vient de chez Brunello Cucinelli. Il coûte ente entre 300 et 400 dollars. Une histoire d’image, toujours.
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