Florilège de l’angoisse du public
Le phobique de la parole en public est assailli de torrents d’idées noires juste avant de se lancer : peur du jugement des autres, de lui-même, angoisse de ne pas convaincre ou de ne pas transmettre ses idées. « Mes collaborateurs me confient cette prise de parole, car ils ont confiance en moi, je ne peux pas échouer. » « Mes collaborateurs me confient cette prise de parole, car ils n’ont pas encore remarqué mon incompétence, ils vont s’en rendre compte lorsque je parlerai en public. »
Au cours de l’intervention, le moindre détail peu connoté, comme le simple geste d’un membre de l’auditoire qui regarde sa montre ou bâille, devient le signe d’une remise en question de votre capacité à intéresser le public et à susciter l’intérêt. De même, la remarque négative d’une seule personne devient souvent pour vous un échec total de votre prestation, voire de votre intégrité sociale, alors que les autres personnes du groupe l’ont appréciée. De l’angoisse de s’exprimer en public à la remise en question de vos capacités, allant jusqu’au syndrome de l’imposteur, il n’y a qu’un pas !
Lecture associée : Syndrome de l’imposteur : 6 moyens de s’en débarrasser définitivement
Combattre vos peurs, exercices physiques et mentaux
Hormis une tentative de relativisation de l’événement (votre intégrité sociale ne sera pas remise en cause si vous bafouillez), certains mécanismes peuvent vous aider à appréhender votre prise de parole, et même à apprécier l’instant si vous vous exerciez régulièrement.
La voix et le corps, pour gagner en confiance
Physiquement d’abord, vous pouvez mieux préparer votre corps à la prise de parole : la voix et la posture corporelle sont les fondamentaux. Pour commencer, prenez l’habitude, lorsque vous êtes seul, de briser le silence en parlant à voix haute, en lisant un texte par exemple. En effet, écouter le son de votre voix, et y prêter réellement attention, vous habitue à son timbre, à son débit naturel et vous entraîne à l’adapter au volume sonore attendu. Objectif : travailler le rythme, les variations et surtout savoir à quoi vous attendre lorsque vous briserez le fameux silence pesant du début d’intervention.
Ensuite, avant de faire le show, prenez le temps de préparer votre corps par de petits exercices : votre dos, vos épaules, vos bras et votre cou sont les fondamentaux d’une posture qui reflète la confiance en soi. Redressez-vous, bougez vos membres, votre cou, respirez… Un peu comme un sportif avant un match, échauffez-vous ! Vous ne pouvez que vous sentir plus à l’aise.
Lecture associée : Parler en public est plus facile si vous racontez une histoire
Les préparations mentales pour vaincre vos peurs
Si vous préparez votre intervention dans ses moindres détails au point d’apprendre par cœur chaque phrase pour les récitez, vous risquez ainsi d’aller droit dans le mur, en effet en général le trac vous fait oublier tout ce que vous avez appris, et surtout, vous pouvez zapper l’essentiel ! « Il est important de préparer les détails de son intervention, notamment les informations techniques, les sources, les chiffres, explique la coach en management Adeline Vincent, mais ce qui compte est de communiquer le concept général, le message à faire passer auprès de l’auditoire. » Vous pouvez consigner les détails sur une feuille ou une diapositive de « back office » que vous consulterez en cas de nécessité. En bref, le par cœur est à bannir, au profit des mots-clés et du message général à transmettre.
Lecture associée : Quand on coupe la parole aux femmes : le phénomène « manterruption »
Vous projeter dans l’événement
Si le par cœur du texte est déconseillé, il vous revient tout de même d’anticiper l’événement. Tout comme vous préparez votre corps et votre voix, préparez votre mental en vous projetant, visualisez-vous entrain d’évoluer face au public, imaginez-vous à l’aise, faisant de grands gestes, le verbe facile … Là encore, inspirez-vous de la technique de la projection mentale utilisée par les sportifs pour réussir à vous dépasser. De même, anticipez au mieux les questions pièges qui peuvent vous être posées et préparez la parade, tout en gardant à l’esprit qu’une question piège à laquelle vous ne savez pas répondre ne met pas pour tant à mal toutes vos compétences. Celle ou celui qui a confiance répondra : « bonne question, je n’y avais jamais réfléchi » ou simplement « je ne sais pas » en réponse à une demande d’information. Si la question vous déstabilise lors de votre intervention, notez les coordonnées de la personne et proposez-lui de répondre ultérieurement après avoir recueilli tous les infos.
Lecture associée : 5 conseils pour influencer qui vous voulez
Préparer votre introduction en guise de tremplin
Apprendre par cœur les premières phrases de votre introduction peut vous rassurer pour entamer votre intervention, un peu comme un tremplin pour vous lancer jusqu’à ce que les mots et la gestuelle deviennent spontanés… Le trac est le plus souvent en amont de votre intervention, et une fois dans l’action, vous transformez cette peur en adrénaline qui rend votre présentation tonique, dynamique, plus intéressante que si vous aviez récité votre texte sans aucune émotion… En fait, le trac vous sauve !
Si l’angoisse de vous exprimer en société s’inscrit parmi d’autres symptômes de phobie sociale (isolement, peur du contact en petit comité, peur de parler à une personne inconnue, même dans un contexte informel…), des exercices comportementaux avec l’aide d’un spécialiste peuvent s’avérer nécessaires.