Mardi 2 novembre 2021 se tenait la conférence “AI is answering the call of sustainability” animée par Dan Jeavons, VP Computational Science and Digital Innovation Shell, Hege Skryseth, Executive VP of Kongsberg et Junta Nakai, VP of substainabiliity & financial services at Databricks.
Ces experts se sont interrogés sur le rôle que jouaient l’IA et la DATA dans la transition énergétique. Pour ce faire, ils ont échangé autour des solutions concrètes et ont identifié les meilleures pratiques. Ils ont également salué les réussites et ont souligné comment l’innovation en matière d’IA et de gestion de la donnée contribue à accélérer la progression vers le développement durable.
Comment l’IA peut-elle changer la donne en matière de durabilité ?
Cette question est plus que d’actualité alors que se tient depuis lundi à Glasgow la COP26, la 26e conférence mondiale des Nations unies sur le climat. Relier ces deux grandes tendances d’une importance essentielle pour l’avenir de l’humanité : le changement climatique et la maîtrise de la technologie numérique est plus que pertinent. Au cours de ces discussions, les experts ont examiné les moyens de lier ces enjeux en vue de la durabilité.
L’intelligence artificielle au service de la réduction d’émissions de CO2
L’IA rend possibles de nombreux cas d’utilisation pour lutter contre le changement climatique. Les technologies IA peuvent avoir un énorme impact sur la durabilité et en particulier sur les émissions CO2. Le système énergétique actuel nécessite en effet une optimisation afin de lutter contre le volume de CO2 que nous rejetons. Lors de la conférence, Junta Nakai donne un exemple concret vécu chez Data Bricks : “Un de nos clients dirige une des plus grandes entreprises de logistique au monde. Chaque matin, ils activent des algorithmes pour optimiser l’itinéraire de leurs chauffeurs. Ils ont calculé qu’en économisant un kilomètre par jour sur 1000 camions qui livrent, ce sont des millions et des millions de tonnes de CO2 qui sont économisées par an”.
L’IA peut jouer un rôle crucial dans la réduction de ces émissions mais aussi dans la conception et l’optimisation du futur système énergétique. Ce dernier se devra d’être plus diversifié et mieux distribué en se basant sur une production hautement localisée et une diversification des sources d’énergie.
Après s’être concentrée sur l’éolien et le photovoltaïque, l’Union européenne, et en particulier les États membres à l’ouest de celle-ci (France, Allemagne, Belgique…), se focalise en effet de plus en plus sur l’hydrogène pour décarboner le secteur électrique et celui de la mobilité.
Trop d’informations « tue » l’information : le défi Big Data
Le développement durable peut bénéficier de l’intelligence artificielle, à condition néanmoins de garantir la qualité des données utilisées et le respect de la confidentialité. L’IA a effectivement besoin d’être nourrie de données de qualité avant d’être opérationnelle. Or ces données ne sont pas toujours accessibles ou abordables à bas coût. La qualité insuffisante des données peut pourtant conduire à des distorsions, des discriminations ou des conclusions erronées qui ne contribueront pas à la réalisation des objectifs de développement.
Parvenir à un tel niveau de maîtrise de la donnée nécessite de nombreux moyens humains et techniques. Les sources d’informations sont devenues extrêmement nombreuses et cette information pléthorique pose un réel défi.
Comment importer en continu des centaines de sources documentaires, aux formats divers pour les comprendre, en extraire des données exploitables, les synthétiser, les analyser et générer des alertes en fonction de règles précises utilisables ? Bref, derrière la question de l’IA au service de la durabilité se pose clairement la problématique Big Data.
Sans parler de la nuance entre ce que les entreprises disent faire et ce qu’elles font vraiment. “Il convient de pouvoir contrôler de manière indépendante ce qu’une entreprise dit faire et ce qu’elle fait réellement. Cela nécessite que l’ensemble de l’écosystème de données fonctionne de manière transparente, qu’il soit davantage intégré, fusionné et que les silos soient éliminés.” explique Dan Jeavons.
“Sans analyse de la Data, l’IA au service du développement durable est un voeu pieu” complète Steny Solitude le fondateur de Perfect Memory. Il est nécessaire de surveiller la bonne application des engagements sociétaux des entreprises. La donnée est si abondante qu’elle est devenue quasi impossible à analyser par les services spécialisés. “De nouveaux outils basés sur la technologie sémantique proposent une analyse pré-décisionnelle qui fait gagner énormément de temps” poursuit le fondateur de la startup qui fournit des technologies sémantiques pour faciliter l’accès et l’exploitation de la connaissance dans les organisations. L’ADN de cette entreprise est d’identifier, de collecter, de traiter et de structurer les données afin de les transformer en informations compréhensibles et exploitables par tous les acteurs des entreprises et leur écosystème.
Pour conclure, il apparaît clair que les acteurs du développement doivent s’engager activement dans un dialogue avec les autorités chargées de la protection des données et toutes les parties prenantes. Il convient de développer des réponses appropriées, fondées sur des valeurs partagées et les technologies numériques. Une utilisation responsable combinée à une application cohérente des principes de protection des données peut contribuer au succès des applications d’IA dans le développement durable : “Si nous parvenons à construire les plateformes numériques qui permettent la transformation des émissions de CO2, nous aurons un réel impact sur le changement climatique et nous conduirons le changement structurel dont notre société a besoin.”