1 – La situation compliquée
Une situation compliquée peut avoir l’apparence d’une situation complexe, mais ce n’est qu’une apparence. Par exemple, la situation compliquée, c’est quand vous crevez un pneu sur l’autoroute. Il faut agir vite, en sécurité, vous êtes pressé par le temps, c’est dangereux, il faut placer le triangle de sécurité, appeler de l’aide ou mettre en place le crick, changer la roue… Bref, il faut enchainer les actions rapidement. Mais si difficile soit-elle, cette situation reste seulement une situation compliquée, parce que vous pouvez faire et refaire l’enchaînement des actions dans les deux sens, autant que vous voulez, la chaine démontage-montage ne change pas. Ce qui n’est pas le cas d’une situation complexe.
2 – La situation complexe
La situation complexe est dans laquelle vous ne savez pas par quel bout la prendre. Par exemple dans une entreprise d’une douzaine de personnes, il suffit de modifier un paramètre pour que tout le système évolue. Parfois, on pense bien faire pour l’ensemble en modifiant un paramètre mais ce qui est en résulte est pire qu’au départ, ce qui s’ajoute à l’incompréhension du décideur. On essaie alors de corriger en revenant en arrière (comme on le ferait pour changer la roue) en modifiant un des paramètres qui a beaucoup bougé, mais c’est encore pire qu’avant. On réitère ces corrections maladroites plusieurs fois jusqu’à ce qu’une personne vous dise : là on arrête tout, on coupe le moteur et on attend que la situation se calme (et implicitement qu’elle retrouve un équilibre par elle-même, c’est-à-dire naturellement, tous les systèmes complexes retrouvent naturellement un équilibre dynamique, c’est ce qu’on appelle « l’auto-organisation (c’est l’une des propriétés des systèmes complexes).
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3 – Les différences entre ce qui est compliqué et ce qui est complexe
Ce qui est compliqué :
– vous pouvez en général le dénombrer, bien distinguer chaque rouage et chaque interaction entre les rouages,
– vous pouvez le démonter et le remonter 1000 fois sans modifier le système,
– c’est organisé de manière passive : soit par l’homme (le réveil), soit la nature (un cailloux),
– c’est comme un réveil : vous pouvez compter le nombre de pièces, les poser toutes sur la table, et les démonter/remonter autant de fois que vous voulez,
– « com-pliqué » vient du mot « plier », on peut plier et déplier le papier plusieurs fois sans problème,
– Le tout est supérieur à la somme des parties : un engrenage seul n’est rien, un engrenage avec d’autres pièces donnent l’heure dans le réveil.
Ce qui est complexe :
– vous ne pouvez pas généralement le dénombrer, certains liens sont tissés entre certains éléments donc vous ne pouvez pas bien distinguer chaque élément, les limites sont floues,
– vous ne pouvez pas le démonter et le remonter sans modifier le système,
– c’est auto-organisé : une plante, un être humain, les flux d’humains dans une foule sur une grande place (on le voit bien quand on prend de la hauteur sur une terrasse)
– c’est comme une plante : séparez les racines, les feuilles et la tige et vous avez détruit le système ou l’avez modifié grandement,
– « com-plexe » vient du mot plexus qui veut dire « tressé »,
– Le tout est à la fois supérieur à la somme des parties (par exemple le muscle biceps associé aux os radius, humérus et scapula permet de plier le bras) mais le tout est aussi inférieur à la somme des parties (il pourrait se raccourcir plus en se contractant, mais du fait de la présence de l’articulation du coude, il est limité). Un autre exemple du tout inférieur à la somme des parties est l’étude relevée dans le livre de Richard Wiseman, dans lequel il parle du brainstorming : parfois on a de meilleures idées seuls qu’en groupe.
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4 – Comment gérer la complexité
Il faut avant tout accepter qu’il y ait toujours une part d’incertitude dans la situation, vous n’aurez jamais une vision complète à la fois des éléments en jeu et de toutes les interactions entre eux, sans oublier de vous dans le système que vous étudiez. Il faut aussi tenir compte de la simultanéité des évènements qui ont lieu dans le système, même si notre cerveau ne peut penser qu’une seule chose à la fois.
Alors comment appréhender un système que vous ne pouvez qu’accompagner ?
Dans un premier temps il s’agit d’étudier théoriquement la pensée complexe et la complexité. De très bons ouvrages (Morin, Lemoigne, etc.) font de bonnes bases. Dans un second temps, un excellent outil est l’intuition, il convient de se former à son utilisation et la développer comme une compétence. Passionné par la complexité et l’intuition, je donne aujourd’hui des formations sur l’utilisation de l’intuition, en particulier en situation complexe.