Pour un Numérique responsable, solidaire et citoyen

La Covid-19 est venue accélérer la croissance des entreprises du Numérique. Véritable calamité pour certains, elle s’est transformée en véritable opportunité pour notre industrie.
Certes, la digitalisation avait déjà, avant la crise, un bel avenir avec l’arrivée en 2019 du format Chorus Pro1, de la dématérialisation des bulletins de paie, du portail France Num2, et prochainement avec la facturation électronique obligatoire pour toutes les entreprises à partir de 20233. La Covid-19 accélère la pénétration du digital dans les PME encore peu équipées. Si les ERP sont en général bien présents au sein des organisations, la dématérialisation, aux bénéfices pourtant nombreux, a longtemps fait figure de parent pauvre. Seulement 25% des PME sont équipées d’un outil de GED. Moins d’une organisation sur 5 utilise une GED en France4.

La dématérialisation au service du télétravail

C’est évidemment le télétravail, longtemps boudé par les directions, qui est au centre de tous les débats. En France, 25% de la population active était en télétravail pendant le confinement, soit près de 8 millions de personnes5.
Le télétravail aura des impacts forts sur l’économie, sur l’immobilier, sur nos modes de déplacement, de consommation, et sur notre relation au travail tout simplement. Il est le meilleur tremplin pour la dématérialisation, dont l’objectif est la disparition progressive du papier dans les services administratifs et financiers.
Durant le confinement, certaines sociétés ont plébiscité les plateformes de gestion électronique documentaire car elles ne pouvaient plus payer leurs fournisseurs faute d’un processus existant en mode dématérialisé. Comment faire circuler des photocopies de factures dans un parapheur lorsque les signataires ne sont plus au bureau ? Comment rapprocher une facture avec son bon de commande quand celui-ci est classé dans le dossier papier ?
Ce virage vers le Tout Numérique est une bonne nouvelle pour les entreprises, qui vont améliorer leur productivité, pour les éditeurs de logiciels et prestataires de services qui vont exploiter ce gisement inespéré, mais il peut aussi être porteur de mauvaises nouvelles, car il va accroître les inégalités et accélérer le réchauffement climatique.

Le Numérique, source d’inégalités et fort émetteur de gaz à effets de serre

Dans ce contexte de crise sanitaire et sociale inédite, mais aussi de forte croissance pour les acteurs du Numérique – éditeurs, intégrateurs, prestataires – n’est-il pas temps de réfléchir à notre responsabilité sur les impacts du Numérique au sein des entreprises, de la société civile et dans l’environnement ?
L’environnement, d’abord, c’est un sujet prioritaire qui fait appel à la responsabilité de chacun. Il faut savoir que le numérique est un fort émetteur à gaz à effets de serre dans le monde avec un passage de 3 à 7% d’ici 20 ans au niveau mondial.
Concernant les entreprises, de nombreuses TPE, en particulier les commerçants n’ont ni la culture ni le budget pour s’équiper en Numérique alors que nous parlons d’outils indispensables à leur survie. Les ventes en ligne représentent près de 10% du commerce de détail en France.6 Certaines sociétés ne seront pas en mesure de rattraper leur retard, et l’écart avec leur concurrent se creusera nécessairement.
Au sein même des entreprises, beaucoup de Français sont encore éloignés voire incapable de gérer les tâches administratives sous forme numérique, comment les aider alors que même leur entreprise va leur demander d’être rapidement à niveau.
Plus de 20% des français ne sont pas à l’aise avec l’outil informatique7, on peut parler d’illettrisme numérique alors que certains services n’existent plus qu’en mode numérique. L’état lui-même bascule de plus en plus vers des services sur internet. Ainsi, 800 000 personnes résidant dans la région Hauts-de-France n’ont pas utilisé internet au cours de l’année, soit un habitant sur six, une proportion comparable au niveau national.8 Cet état de fait ne peut nous laisser indifférent, et nous ne pouvons laisser derrière nous ces petites entreprises et ces personnes fragilisées par cette inéluctable quête du Tout Numérique.

Une prise de conscience au plus haut niveau

Les multiples mesures mises en place par le gouvernement depuis plusieurs mois ont pour but de renforcer le financement des entreprises, réduire les inégalités dues à la fracture numérique, relancer l’économie en accélérant la digitalisation des TPE/PME : plus de 7 milliards seront disponibles pour accompagner la transformation numérique7, réduire les impôts de production, etc.
En novembre 2020, le gouvernement annonçait un nouveau plan de relance estimé à 250 millions d’euros pour former et accompagner les Français à l’utilisation des services digitaux, par 4000 conseillers numériques qui travailleront au service de collectivités locale et de structures privées9.
Ce mouvement initié par le gouvernement doit être relayé par nos entreprises au titre de la solidarité et de notre engagement citoyen.

Du concret avec la démarche RSE

Beaucoup ont déjà entamé cette démarche, principalement les grandes entreprises au travers de la RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale). C’est maintenant à nos structures plus petites de nous emparer de cet outil. Il s’agit sensibiliser nos collègues et collaborateurs au travers de formations ou de jeux, en virtuel ou en présentiel, à l’environnement et à la solidarité.
De nombreuses plateformes et associations proposent ce type d’accompagnement. Citons par exemple les plateformes d’engagement citoyen « Vendredi » et « l’Ascenceur », et pour l’environnement,
la « Fresque du Climat » ou « Ma Petite Planète ».
Parce que la solidarité n’est pas qu’un mot !
1Source : https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/R52176
2Source : https://www.francenum.gouv.fr/
3Source : https://www.daf-mag.fr/Thematique/reglementation-1243/Breves/Facturation-electronique-obligatoire-2023-B2B-que-faut-savoir-354716.htm
4Source : https://www.archimag.com/demat-cloud/2020/12/17/knowledge-management-ged-collaboration-information
5Source : https://www.bfmtv.com/economie/coronavirus-45-des-francais-declarent-ne-plus-travailler-du-tout-en-raison-du-confinement_AN-202003200096.html
6Source : https://www.fevad.com/chiffres-cles-du-e-commerce-en-2020/
7Source: https://blog.ariase.com/box/actualite/confinement-difficulte-internet-solidarite-numerique
8Source: https://www.insee.fr/fr/statistiques/4986976
9Source: https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/plan-de-relance-4000-conseillers-vont-accompagner-les-francais-dans-le-numerique-20201117
Olivier Rajzman, Directeur commercial France & Benelux chez Docuware: Diplômé de l’ESLSCA Business School Paris, il débute sa carrière en 1988 avec la création de sa propre société, GESTILOG, spécialisée dans la revente de solutions Sage. Après plus de 10 ans d’activité, il rejoint Adonix et participe au lancement de son nouvel ERP X3 en 2000. Il occupera des postes à responsabilités dans le développement commercial, notamment au sein de Connect Suite et Sopra, et en 2011, après 6 ans au poste de Directeur Commercial chez Taliance, il prend la Direction française du groupe allemand DocuWare, parmi les leaders de la GED.