Web Summit 2022 : le Web3 veut montrer qu’il est là pour durer

Credit Photo Missão Web Summit

L’équipe du HUB612 était présente à Lisbonne pour Le Web Summit 2022. Beaucoup de discussions, de conférences ou de démonstrations tournaient autour du Web3. Cryptos, NFT et blockchain étaient sur toutes les bouches. Le Web3 s’est clairement imposé comme l’une des grandes tendances du salon. Positionné sur les sujets Web3, et particulièrement les enjeux gravitant autour de la finance décentralisée, le HUB612 n’a pas perdu une miette de ces échanges et vous propose une sélection des propos stratégiques.

Malgré l’effondrement du cours des cryptomonnaies ces derniers mois (auquel s’ajoute la frilosité actuelle des investisseurs), les acteurs du Web3 n’en démordent pas. Pas question de laisser l’enthousiasme retomber. Les entrepreneurs continuent en effet d’afficher leur foi dans ces nouveaux modèles et continuent de prédire un avenir radieux à la finance décentralisée et à la blockchain.

Web 3 : un modèle vertueux ?

Les entrepreneurs du Web3 ont beaucoup défendu les vertus de la finance décentralisée, souvent accusée des pires travers (spéculation, bilan énergétique, instabilité…)
Pour Chang Peng Zhao, CEO de Binance (incontestablement l’une des stars du Web Summit 2022), “la technologie est neutre”. Autrement dit, la blockchain et les cryptos doivent être distinguées des utilisations qui en sont faites. Et beaucoup d’acteurs imaginent même que la blockchain trace la route vers un monde meilleur. “Nous croyons que le Web3 et la finance décentralisée peuvent servir de moteur à un monde plus soutenable”, assure Sopheap Lao, CEO de Davensi, qui relativise aussi le coût environnemental des cryptomonnaies : “ Le bitcoin, si décrié, consomme moins que YouTube. Et l’Ethereum beaucoup moins que le bitcoin”.
Sur le plan moral, les acteurs du Web3 soulignent aussi un progrès vis-à-vis du modèle actuel. “Contrairement au web 2.0, le web3 ne se base pas sur la collecte des données personnelles. Avec la décentralisation, celles-ci restent la propriété des utilisateurs. Avec le Web3, les gens gardent le contrôle de leurs données. Et c’est un changement de paradigme, parce qu’ils ne sont plus de simples utilisateurs. Ils sont au cœur du système”, assure Sopheap Lao.

Un enthousiasme tempéré par des voix discordantes du Web3

Les promoteurs du Web3 ont donc donné de la voix lors de ce Web Summit 2022. Mais certaines critiques étaient bien présentes. En témoigne la conférence donnée par Molly White, dont le site Web3 is going just great est l’un des points de ralliement des critiques des crypto-monnaies et autres NFT. “Décentralisation, démocratisation, résistance à la censure… Les buts poursuivis par le Web3 me paraissaient convaincants et en phase avec ma propre vision. Mais lorsqu’il fallait aborder la manière dont les cryptos et la blockchain allaient y parvenir, cela devenait pour le moins flou…” a souligné la jeune américaine, très applaudie par une salle pleine.
Molly White a aussi dénoncé un développement basé sur des levées de fonds parfois peu rationnelles.

En attendant la maturité de la technologie et des usages dans le Web3

Les acteurs du Web3 en conviennent, le secteur est encore loin d’être mûr.
“Nous n’en sommes qu’au tout début. Mais l’adoption des cryptos grandit. La technologie blockchain s’impose, elle ne peut pas être effacée”, explique Chang Peng Zhao.
Si la technologie s’impose, elle ne doit pas, néanmoins, effacer les usages. “Le produit, c’est le plus important. Ne vous lancez pas dans une campagne marketing avant d’avoir un produit…”, prévient Chang Peng Zhao.
Pour que les cryptos et NFT s’imposent sur le marché et dans le grand public, il faudra leur trouver des usages pertinents.
“La blockchain peut par exemple être un remède aux fake news et un moyen de lutte contre les deep fake, en garantissant l’authenticité d’un contenu. Plus généralement, les NFT peuvent apporter des solutions à beaucoup de problèmes qui se posent en matière de propriété intellectuelle”, explique ainsi Charles Hoskinson, le fondateur de Cardano, qui intervenait lors d’une conférence baptisée “Est-ce que la crypto est morte ?”

Finance décentralisée : des sujets à traiter avant d’aller plus loin

Certains obstacles devront être levés avant d’aller plus loin dans le domaine de la finance décentralisée.  Pour Sopheap Lao : “Le Web3 est encore très fragmenté aujourd’hui.Vous avez plusieurs blockchains, plusieurs protocoles, plusieurs wallets… Le Web3 est encore immature et il faut parfois être un geek pour l’utiliser. Les cryptos sont difficiles à comprendre, même pour des spécialistes.”
Il y a aussi le risque. Toujours selon Sopheap Lao  “Les cryptos sont volatiles. On l’a constaté récemment. Il faudra régler le problème de la spéculation. Nous avons probablement besoin d’un grand nombre d’outils d’information et de gestion du risque que les utilisateurs ne peuvent pas créer eux-mêmes. C’est à ce prix qu’une vraie transition vers le Web3 pourra s’engager.”
Enfin, “Il faudra aussi les bonnes personnes. Les talents ne peuvent pas être trouvés dans le monde traditionnel. Nous avons besoin de datas scientists, de quant traders, etc.”
Ce n’est qu’une fois que ces défis auront été surmontés que le Web3 pourra réellement atteindre sa vitesse de croisière.
Seule certitude, le marché continue d’évoluer. “Tout le monde veut faire de la crypto et de la blockchain. Mais nous n’en sommes qu’au début. Le marché a d’ailleurs commencé à se rationaliser, avec des consolidations” analyse Chang Peng Zhao.

 

Pauline Raud, stratège de marque pour acteurs Tech / FinTech / DeepTech: Pauline Raud accompagne les entreprises Tech dans leurs enjeux de communication et leur stratégie de marque (contenus, relations presse, social media, événementiel) depuis 15 ans. Elle a travaillé au sein du monde des startups FinTech (HUB612, ZoneBourse) et EdTech (digiSchool).