Apprentissage, les entreprises s’y mettent lentement

L’apprentissage est en pleine mutation. La Loi Avenir professionnel de 2018 ainsi que les nombreux investissements de l’État dans la formation professionnelle ont fait progresser de façon significative le nombre de nouveaux apprentis en France. Le nombre de centres de formation des apprentis (CFA) ne cesse de croître également mais les entreprises sont, pour le moment, loin d’être les acteurs les plus nombreux à créer ces centres de formation.

La Loi Avenir professionnel instaurée en 2018

En France, l’apprentissage est en plein essor. Le nombre de nouveaux apprentis explose, passant de 321 000 en 2018 à 521 000 en 2020.

Entre 2019 et 2020, les signatures de contrats ont même connu un bon historique de +42%.

Les CFA ne sont pas en reste. Leur nombre ne cesse de croître, de 900 en 2018 ceux-ci sont passés à 2 500 en 2020.

Plusieurs raisons expliquent cet engouement pour l’apprentissage.

D’une part, les bénéfices sont évidents pour les étudiants. Cette expérience est l’occasion d’acquérir des savoir-faire spécifiques, d’entrer dans le monde du travail plus facilement, de percevoir une rémunération plus avantageuse une fois diplômé, etc.

D’autre part, les aides de l’État encouragent les entreprises à recruter des jeunes en apprentissage. Suite à la crise sanitaire, le gouvernement a notamment instauré le plan “1 jeune 1 solution” permettant aux entreprises de bénéficier de 5 000 euros pour l’embauche d’un apprenti mineur et de 8 000 euros pour l’embauche d’un apprenti majeur. L’État a également mis en place une prime à l’embauche de demandeurs d’emploi de longue durée en contrat de professionnalisation d’une valeur de 8 000 euros. Seules conditions, le demandeur d’emploi doit être âgé d’au moins 30 ans et doit être inscrit à Pôle Emploi depuis au moins 1 an.

La loi Avenir professionnel de 2018 a aussi été l’une de ces raisons. Cette loi offre la liberté de choisir son avenir professionnel et permet aux entreprises de concevoir des formations en fonction des leurs besoins en personnel et les faire dispenser par leurs salariés expérimentés à tout moment de l’année. La possibilité pour elles de créer des formations et les dispenser soit dans leurs propres CFA soit dans d’autres CFA de France.

Les entreprises commencent à créer leurs CFA

La loi de 2018 a créé un enthousiasme débordant pour les entreprises qui ont eu pour volonté de créer leur CFA.

Les principaux exemples concernent principalement des entreprises de tailles importantes ou des regroupements d’entreprises.

L’Oréal, Saint-Gobain, Engie, NGE… sont des précurseurs en la matière.

NGE, qui emploie 11 000 salariés en France, a d’importants besoins en recrutement. Pour pallier cela, cette société a créé il y a 20 ans un centre de formation interne qui accueille des apprentis depuis la loi de 2018. En 2021, elle a notamment pu créer 800 contrats d’alternance. C’est 450 de plus qu’en 2019.

Pour le moment, les PME sont rares à se lancer dans l’aventure. Toutefois, il existe quelques exemples comme le CFA de la gastronomie créé par un regroupement de chefs étoilés. En septembre 2021, ce CFA a accueilli 25 apprentis. D’ici 3 ans, les chefs ont pour objectif de recevoir 400 apprentis cuisiniers, serveurs, commis, etc. pour faire fonctionner 2 restaurants, un salon de thé et un espace banquet.

En pratique, bien que l’enthousiasme des entreprises était présent, seulement 58 CFA d’entreprises ont été créés.

Pour la FIPA (Fondation Innovation Pour les Apprentissages), il faut le temps d’asseoir ce nouveau modèle. Or, il faut être conscient que l’investissement de départ est important (frais de personnel, bâtiment, etc.). Les charges fixes sont lourdes et la rentabilité est difficile à atteindre au départ. En effet, la rentabilité d’un tel organisme découle du nombre d’apprentis accueillis puisque le centre se voit verser un financement par France Compétences sur chaque contrat d’apprentissage signé.

Les organismes de formation et les écoles, créateurs majoritaires des CFA en France ?

Bien que les entreprises commencent à créer leurs CFA, les plus grands créateurs de CFA sont les organismes de formation professionnelle et les écoles de l’enseignement supérieur.

Si l’apprentissage est une nouvelle ressource financière, il faut toutefois asseoir le modèle pour lui donner des perspectives. Ce n’est pas si facile. Silvya Terrade, à la fois école et CFA d’esthétique et coiffure (diplôme du CAP au BAC+3) attire les jeunes de 16 à 30 ans et les former en coiffure, esthétique et santé (optique, diététique, petite enfance). Dans la coiffure, l’acquisition des compétences exige plusieurs années d’expérience. Un apprentissage permet donc d’accélérer l’insertion des jeunes dans l’emploi tout en leur permettant des niveaux de salaire légèrement plus élevés par rapport à des formations académiques.

L’école de design graphique et des arts appliqués EEGP est aussi devenue en 2020 un Centre de Formation des Apprentis. À ce jour, c’est le seul établissement d’enseignement supérieur du Maine-et-Loire certifié centre d’apprentissage dans les métiers du Design et des Arts Appliqués. On le voit donc. Si les entreprises sont un peu à la traîne, les écoles s’y mettent, et ce, dans tous les domaines.

Qu’il se fasse dans un CFA d’entreprise ou un CFA créé par une école ou un organisme de formation, l’apprentissage permet aux jeunes d’assurer leur avenir professionnel. Se former à la fois en entreprise et au centre de formation est un réel atout pour intégrer le monde professionnel quel que soit le secteur d’activité choisi par l’étudiant.


Andre Litali, rédacteur de contenus éditoriaux et commerciaux chez Cadre Dirigeant Magazine, Paris: