Cette démarche implique bien évidemment un savoir-faire et une intelligence sociale. Avant tout vous devez vérifier si les conditions de base sont réunies, ensuite adopter une tactique alimentaire, et quand le sujet arrive, parler salaire. Après tout c’est le nerf de la guerre… des talents. Comme ces cadres qui à leur manière recrutent leur patron, c’est à vous de choisir votre emploi, de conduire votre projet vers de nouvelles réussites et aussi vers des échecs que vous devez intégrer dans votre démarche. Sans emploi ou poste vous devez changer quand tout va bien, n’attendez pas que les événements vous y poussent, mieux vaut piloter le changement que le subir, et se remettre en question tout en restant soi-même.
Les conditions de base à valider
Un bon projet s’élabore selon des conditions de base incontournables :
– Un choix compatible avec vos atouts : vouloir un poste est normal, le valoir est autre chose,
– la discipline : avant de maîtriser les circonstances, se contrôler soi-même,
– la santé physique et mentale : elle permet de mieux encaisser les revers,
– l’optimisme : se souvenir de vos réussites pour les répéter,
– la décision : elle tue le mauvais stress, en changer chaque fois que nécessaire,
– la concentration : canaliser votre énergie sur un emploi,
– l’ouverture d’esprit : rester ouvert à toutes les possibilités,
– la connaissance de soi : être lucide et conscient de son potentiel,
– l’exigence d’un salaire : se faire payer sa valeur ajoutée d’aujourd’hui,
– la détermination : se décider soi-même, empêcher les autres de le faire à votre place,
– la prise de risques : ils font partie de la vie.
La tactique alimentaire
Reste le timing de votre projet qui dépend de l’argent dont vous disposez. Vous devez définir la durée pendant laquelle vous disposez d’une autonomie financière pour attendre le moment où l’emploi que vous visez se présente. Un projet peut prendre du temps, surtout quand le marché est tendu, il faut trouver la synchronisation entre le poste libre et votre capacité à l’occuper. Première condition de toutes les conditions pour être efficace : avoir de l’argent devant soi ou un sponsor. Tactique alimentaire veut dire gagner de l’argent par tout moyen légal et moral, le temps de retrouver une situation conforme à vos compétences et à vos aspirations. Dans tous les cas, se libérer du besoin impératif d’avoir un salaire, le manque d’argent est mauvais conseiller, il affaiblit, donc évacuez le au maximum de votre esprit. Un patron cherche des compétences, si vous êtes obsédé par le besoin d’euros pour la fin du mois, un dialogue de sourds s’instaure et déçoit les deux parties. Dans un entretien de recrutement, libéré des contingences financières, vous parlez avec votre interlocuteur métier, fonction à occuper, mission à remplir, ainsi les points de vue se rapprochent, les émotions se partagent, les appétences se dévoilent. Poser les questions pertinence montre votre savoir-faire. La tactique alimentaire offre le moyen royal de se concentrer sur la recherche de l’emploi désiré, ce qui prend du temps. S’il le faut, mieux vaut baisser votre salaire pour mieux remonter, et avoir assez d’argent pour mettre les vôtre à l’abri du besoin. La diminution de la rémunération à l’instant «t» est déconnectée de votre valeur professionnelle. Un chanteur ne sort pas que des tubes, un écrivain ne publie pas que des best-sellers.
Un directeur de Hilton licencié ne retrouve pas rapidement la direction d’un hôtel similaire, il accepte un job de chef barman d’un Palace à Londres. « Il n’y a pas de petit boulot… », explique-t-il, « il n’y a que de grands fainéants ». D’abord, il reste en activité et gagne bien sa vie, les pourboires au Ritz doublent son salaire et sans impôts. Les grands patrons de chaînes internationales passent dans ces palaces, de fil en aiguille, de contacts en informations, il entre en relation avec un autre réseau d’hôtels, et apprend avant tout le monde la vacance prochaine d’un poste de directeur d’hôtel à Houston.
Parler salaire
Vous devez gagner de l’argent pour ne pas dépendre des autres, de la société, et travailler sous une forme ou sous une autre, garder et développer les relations avec des actifs, fabuleux gisement de possibilités professionnelles. Un emploi en entraîne un autre. Le fait d’être actif, même dans un autre métier ou un poste plus bas dans la hiérarchie, rassure et séduit le patron qui recrute. Si jamais, vous en rencontrez un qui trouve anormal que vous ayez accepté un poste « alimentaire », mieux vaut passer votre chemin, c’est la preuve que vous ne partagez pas les mêmes valeurs. Dans un entretien, le plus souvent vous êtes plus apprécié par la pertinence de vos questions que par la justesse de vos réponses. Abordez franco le sujet de la rémunération, sujet tabou issu de la tradition judéo-chrétienne, souvent absent du discours. Des recrutements échouent au bout de plusieurs semaines d’entretiens, patrons et candidats occultent le sujet, et s’aperçoivent, quand enfin ils en parlent, qu’il existe un gap important. On parle du salaire au moment de partir comme si on voulait écourter le temps passé sur le sujet. N’’annoncez pas de chiffre, le premier qui parle argent a perdu. Ecoutez, montrez-vous ouvert aux pratiques du secteur, à la politique de rémunération de l’entreprise, à la répartition entre fixe et variable. Considérez le salaire en termes fluctuants, sans corrélation mathématique avec celui proposé, prenez en compte le prix du marché, la taille de l’entreprise, et les possibilités d’évolution.
Bannir la candidatisation
Un patron a besoin d’être séduit, convaincu et rassuré. Un actif rassure plus qu’un demandeur d’emploi. Pour réussir restez l’actif que vous étiez il y a encore quelques heures ou quelques jours, faites savoir à votre réseau, vous êtes déjà pris, indisponible, très occupé, la nouvelle de votre chômage se répandrait à la vitesse de la lumière et vous cantonnerait dans le groupe des demandeurs d’emploi, rencontrez votre réseau pour lui parler de son nouvel avenir et non de vos déboires professionnels. Contactez vos connaissances pour leur faire part de bonnes nouvelles, des sujets qui les intéressent, d’idées ou d’interrogations sur leur business, de solutions, de perspectives pour leur situation. Entrer dans leur « bulle », tout patron, tout dirigeant a un projet à réaliser, un CA à atteindre, l’ambition d’être le 1er de son marché, il se moque de votre recherche d’emploi. Inutile d’en parler, ceux qui réussissent et que nous avons observés sont a priori en activité, sous une forme ou une autre, ils sont pris. Même si vous n’êtes pas en poste, vous devez avoir une activité qui se voit et donner le change. Rester actif sans tricher, occupé et sollicité, parler au présent ou au futur, le chômeur use du passé et de l’imparfait.