Pourquoi ce plafond de verre résiste
En France, les chefs des moyennes et grandes entreprises sont à 93 % des hommes. Quelles sont les pistes les plus actuelles pour que ça change? Que peut faire une femme pour accéder aux échelons les plus élevés de la hiérarchie ? Aux Etats-Unis, 50% de femmes sont “middle manager” ou professionnelles, mais seulement un 1/3 de ce chiffre atteint la Direction générale, selon Susan Colantuono – CEO et fondatrice de Leading Women. Et ce n’est pas faute de leadership, les middle managers en font preuve au quotidien. Alors ? Susan Clantuono illustre son propos avec l’exemple de Tonya dont l’objectif est de réussir au sommet de la hiérarchie. Vice-présidente d’une entreprise Fortune 50 il y a deux ans, elle partage sa frustration: “j’ai travaillé dur pour améliorer ma confiance et mon assertivité, pour développer une marque. J’ai d’excellentes évaluations de la part de mon responsable. Mes équipes adorent travailler avec moi selon mon 360, j’ai fait toutes les formations de management possible et imaginable, j’ai un mentor génial. Malgré tout, cela fait deux fois, quelqu’un d’autre me passe devant. Mon manager est au courant que je souhaite grimper les échelons et que je cherche une mission à l’international. Je ne comprends pas. »
The show must go on : restez en piste !
Réussir, toujours selon Susan Clantuono, repose sur 3 piliers : être soi-même super bon, engager les autres dans ce qu’ils font super bien et 33% de quelque chose d’autre qui manque justement aux femmes pour réussir. Ces 33% recouvrent la capacité à identifier ou construire la stratégie de l’entreprise, les risques et les opportunités, les moyens financiers pour y arriver, et également la connaissance du business. Personne ne dit jamais aux femmes que ces 33% font la différence pour percer le plafond de verre. Tonya a d’ailleurs vendu sa candidature à une autre entreprise en montrant sa connaissance des affaires et partageant sa vision de la stratégie. Elle a atteint un poste de direction. Facebook COO Sheryl Sandberg ajoute un autre argument tout aussi pertinent : les femmes abandonnent malgré le mentoring et le temps flexible, et propose d’explorer 3 autres pistes :
1 – Prendre votre place
Les femmes se sous estiment et attribuent leur réussite à des facteurs externes : elles ont eu de la chance, quelqu’un les a aidées ou bien elles ont dû travailler dur. Le problème c’est qu’on promeut rarement une personne qui n’y croit pas elle-même. Sheryl Sandberg raconte : « Les participants d’une conférence pouvaient poser deux questions, à la fin. Après la première, attribuée à un homme, toutes les femmes de la salle ont baissé la main… ». Il s’agit de s’asseoir à la table des grands sans douter de sa valeur.
2 – Construire un vrai partenariat avec votre mari
C’est mathématique, si la répartition des tâches fait que la femme a trois boulots, qui des deux va laisser tomber sa carrière ? La résolution de cet équilibre est plus complexe qu’il n’y paraît parce qu’il est dynamique et change en fonction des périodes de la vie. Cela vaut le coup de le tenter : les ménages équilibrés divorcent deux fois moins.
3 – Etre à ce que vous faites, demain viendra bien assez vite
Inconsciemment, une femme pense déjà à ce qu’elle va faire pour tout gérer quand il y aura des enfants par exemple, et inconsciemment, elle peut renoncer par avance. Soyez à ce que vous faites, propose Sheryl Sandberg, occupez-vous d’aujourd’hui.
Apprendre à prendre des risques
Sur le terrain, le plafond de verre peut prendre encore d’autres formes dont deux sont à remarquer :
– Il y a encore trop peu de modèles de leaders féminins
Certes, un homme aussi peut inspirer une femme, mais, pour une femme il est plus simple de prendre exemple sur une autre femme, au moins au début. J’ai vu des femmes prendre des postes de directions et devenir masculines. Se couper les cheveux, changer de tenue, marcher comme un cow-boy. C’est choquant. Mais l’opportunité est là : nous pouvons proposer un leadership innovant parce que justement nous sommes moins tentées de copier l’ancien.
– Apprendre à prendre des risques
Il ne s’agit pas d’encourager les femmes à prendre les mêmes risques que les hommes. Les chiffres parlent, elles en prennent moins, ou elles en prennent autrement ? Diriger permet de faire des bonds vers l’inconnu, pas juste des petits pas dans notre monde en mutation. Voilà quelques petits pistes pour continuer un travail en profondeur qui, je le crois, continuera naturellement à permettre aux femmes de prendre des postes de direction, de décision.