Tabac et chômage sont des assassins
L’un tue physiquement à petit feu, l’autre étouffe socialement aux petits jobs. Pour paraphraser Samuel Becket, entre assassins on s’entend bien. Tout le monde sait cela. Depuis des années des campagnes antitabac sont menées par les gouvernements de droite et de gauche. Un rapport de la Cour des comptes les politiques de lutte contre le tabagisme fait un bilan sévère des politiques antitabac de ces dix dernières années. Les Français fument toujours autant, une personne sur trois, et 73 000 personnes en meurent chaque année. Les lois Veil et Evin n’auraient servi à rien. Le tabac étant retiré de l’indice des prix de l’INSEE, reste à augmenter le prix du paquet au risque de créer un marché noir. Depuis le 1er janvier 2008, l’interdiction de fumer est effective dans tous les lieux publics. Ce rapport montre que les jeunes, les femmes et les plus pauvres fumeraient de plus en plus. Et les chômeurs, pourrait ajouter ce rapport, ce sont souvent des jeunes, des femmes et des seniors. Plus le chômage augmente, plus les cigarettes se vendent ?!
Un antistress qui tue
Fumer quand on est sans emploi est paradoxal, on accentue le manque d’argent dont a tant besoin pour des besoins plus importants. Un fumeur qui aspire un paquet investit entre 2 et 3000 euros par an selon la marque. Fumer entraîne des problèmes de santé, donc d’autres dépenses, qui aggravent la situation financière déjà désastreuse du chômeur. Le sans emploi a des soucis : manque d’argent, sentiment d’inutilité, nécessité de quémander, frustrations diverses, inquiétudes sur l’avenir, manque de reconnaissance sociale, image sociale moins valorisante… alors la nicotine rassure plus que Pôle emploi. Mais arrêter de fumer pendant cette période est surhumain voire téméraire car les chances de réussite sont minimes. Le chômage tue socialement, la cigarette à coup de cartouches, mais lentement. Que dire des actifs qui fument en faisant le trottoir dans le froid ? Nicotine pour compenser la pression de la hiérarchie, le stress du job fragilisé, l’angoisse de le perdre ?
Le tabac crée des emplois
La cigarette est une soupape : elle évacue en partie stress, les souffrances et les déceptions, c’est un exutoire à portée de main. Si on considère que le chômage est la dépression de notre société, alors les gros fumeurs se recrutent parmi les chômeurs. C’est le meilleur antidépresseur, un moindre mal par apport au fait d’être chômeur qui donne du plaisir et du réconfort jusqu’au prochain contrat de travail. La Cour des Comptes, au lieu de préconiser la hausse du prix des cigarettes devrait recommander la baisse du chômage. Le nombre de cigarettes vendues légalement est de 55 milliards par an. Le tabac rapporte à l’Etat plus de 10 milliards d’euros qui sont destinés au financement des dépenses de l’assurance maladie, à la compensation des charges de caisses d’assurance maladie, prévoyance et ou retraite. Le buraliste lui gagne 8% sur le prix de vente du paquet. Le tabac lutte contre le chômage en créant des emplois, il suffit de découvrir la filière tabacole en France : plus de 10000 agriculteurs cultivent le tabac, l’industrie du tabac emploie environ 6 000 personnes, fait vivre 7 000 fournisseurs, 20 000 distributeurs. L’ironie pour un chômeur fumeur serait-elle de trouver un emploi dans l’industrie de la cigarette et s’arrêter de fumer ?!