J’ai passé une annonce pour trouver des commerciaux. L’un des critères demandés était une bonne maîtrise du français. La première lettre de motivation que je reçois vient d’une personne qui m’assure de son habitude à « prendre les comandes par tél. » ; l’auteur de la seconde, un homme, m’explique : « Je me suis donc tournée vers votre secteur… » ; la troisième me donne le nom de la société pour laquelle, dit-elle : « j’effectuai du conseil clientèle ». Désespérant ? Bien sûr ! Mais on ne peut s’arrêter à ce jugement, cette incapacité à maîtriser le français, même un langage simple et courant, s’étendant à un grand nombre de personnes salariées ou en recherche d’emploi. Cela devient si préjudiciable pour les entreprises que l’urgence est de prendre le problème à bras le corps et de porter l’attention sur les solutions.
Faire des fautes : humiliant et culpabilisant
Fondamentalement, c’est au niveau de l’enseignement primaire et secondaire qu’est la source du problème. Un enseignement du français réduit de moitié par rapport à ce qu’il fut jusque dans les années 1970, l’essai de nouvelles méthodes pédagogiques souvent avérées stériles, donnent aujourd’hui des dizaines de milliers de bacheliers et d’étudiants qui font, en moyenne, 14,7 fautes pour 10 lignes manuscrites. Lorsqu’ils se retrouvent salariés d’entreprises ou d’administrations, dans l’obligation de rédiger emails, lettres, rapports et autres écrits professionnels, ils ne peuvent, d’un coup de baguette magique, savoir subitement accorder les participes passés, se sentir à l’aise avec les conjugaisons ou ne plus hésiter devant les doublements de consonnes. Ils continuent, en dépit de l’aide apportée par les correcteurs orthographiques du traitement de texte, à faire des fautes. Ils le vivent comme une humiliation, car ils connaissent leurs faiblesses et le jugement d’autrui est là pour les persuader qu’ils devraient avoir honte de si mal connaître leur langue maternelle ; et ils le vivent comme une culpabilité car on leur fait savoir que c’est l’image, le sérieux de leur entreprise qu’ils dévalorisent ainsi.
Les entreprises disent « Stop ! »
On comprend aisément qu’un client potentiel, s’il reçoit un courrier comportant plusieurs fautes d’orthographe, se détourne et choisisse de s’adresser ailleurs. Les chefs d’entreprises le comprennent si bien qu’ils refusent, de plus en plus, de subir ce genre d’aléas : leurs recruteurs sont chargés de veiller au grain en imposant l’orthographe parmi les critères d’embauche. Les lettres de motivation avec des fautes sont écartées, les postulants doivent souvent passer sous les fourches caudines d’un test d’orthographe. Il devient ainsi, pour les entreprises, très difficile de recruter des personnes capables d’écrire correctement. Et face aux fautes, ce sont tous les niveaux hiérarchiques qui sont concernés : dirigeants, cadres et simples salariés.
Le DIF au secours de l’orthographe
Deux voies pour pallier ses lacunes en français et se remettre à niveau : on peut le faire seul, avec des livres et/ou des programmes en ligne sur Internet, ou, si l’on est salarié, on peut profiter du droit individuel à la formation (DIF) pour suivre un stage en présentiel et se faire aider d’un formateur. La première solution, comme tous les apprentissages en autonomie, demande de la volonté, de la persévérance et de bonnes capacités organisationnelles. Les bonnes résolutions avec lesquelles on prend cette voie ne mènent pas systématiquement au but escompté car les partants se découragent parfois avant de l’atteindre. Certaines formules de e-learning ont cependant le vent en poupe, comme le projet Voltaire qui attire de nombreux étudiants.
Des stages pour cadres et dirigeants d’entreprises
La seconde solution est à la fois rapide et confortable. En deux jours de formation intensive, les participants revoient les fondamentaux de l’orthographe et de la grammaire. De nombreux exercices permettent une intégration rapide des connaissances et l’encadrement de formateurs spécialistes du français est une aide d’autant plus efficace qu’elle s’adresse à de petits groupes. Le suivi, optionnel, peut se faire ensuite individuellement, par téléphone et Internet. Des professionnels de l’écrit apportent aujourd’hui leur savoir-faire à ces formations, telle la maison d’édition Narratif qui, avec le soutien de l’Institut des Lettres et Manuscrits, propose à Paris des stages destinés aux cadres et dirigeants d’entreprises (en individuel ou en groupes de 2 à 5 personnes) dans leurs locaux ou dans le superbe environnement de l’Institut, éden du monde de l’écrit.
L’orthographe est l’instrument d’une dignité : celle du savoir bien écrire. « Bien » signifiant ici « normalement ». Une bonne orthographe n’est pas garante d’intelligence ou de don pour l’écriture, mais elle est, dans le monde du travail, synonyme de soucis en moins et garante d’une économie d’énergie, de temps et d’argent.