Marché de l’emploi et IA. Le monde de l’éducation peut-il réduire sa dissonance avec le marché de l’emploi grâce à l’IA ? L’avènement de l’IA au sein des entreprises et des institutions redéfinit les schémas établis et impose de bâtir de nouveaux modèles. Le monde de l’éducation débute lui aussi sa transformation numérique avec l’intégration de nouveaux outils qui entrent progressivement dans la vie des étudiants et dans celle des enseignants.

Cependant le système éducatif doit pourtant faire face à un enjeu de taille une fois la formation des étudiants achevée : comment les intégrer avec succès sur le marché de l’emploi ? Le monde de l’éducation a-t-il les bonnes cartes en main pour relever les nouveaux défis liés à la révolution numérique du marché de l’emploi ? Cette institution, qui peine à s’interconnecter avec le monde du travail, peut-elle encore prendre le train en marche ?

Les limites d’un système à l’obsolescence programmée

Selon un sondage réalisé en octobre 2021 par Opinion Way pour France Universités, huit chefs d’entreprise sur dix jugent que les diplômés d’université ne sont pas assez préparés à la vie professionnelle, et ce malgré l’entrée en vigueur de la loi ORE de 2018, qui donne aux universités la mission de mieux accompagner l’insertion professionnelle des étudiants.

Face à ce constat, les moyens mis en place pour tenter de pallier ce problème tels que les bureaux d’aides à l’insertion professionnelle, l’organisation de rencontres entre les deux mondes via des forums, journées et salons, ou les plateformes traditionnelles de dépôts des CVs dessus sont-ils encore
suffisants ?

Les besoins évoluent constamment et la correspondance entre les compétences des personnes et les besoins des entreprises doit pouvoir se faire de façon dynamique et continue.

Le monde du travail fait sa révolution numérique et les codes ont changé. Le recours à l’IA bouscule les schémas établis, révélant ainsi les limites d’un système immobiliste à l’obsolescence programmée. Le fossé entre l’offre et la demande peut-il se réduire ou la fracture numérique est-elle irrémédiable ?

Faire matcher le monde de l’éducation et de l’emploi : le nouveau rôle des données et de l’IA

Face à cette nouvelle donne, est pointée du doigt la rigidité technologique du monde de l’éducation, qui semble être enfermé dans un modèle obsolète et cloisonné. Un immobilisme qui l’éloigne de la réalité des nouvelles attentes des entreprises en matière de compétences. Dans la grande bataille que se livrent les candidats pour exister face aux recruteurs, comment réussir à faire démarquer les profils et à les faire correspondre aux besoins des entreprises ?

C’est là que les données entrent en jeu : elles jouent un rôle central dans la transformation du marché de l’emploi et de la formation. En combinant des informations provenant des offres d’emploi, des formations et des investissements, l’intelligence artificielle devient un outil stratégique capable d’anticiper les tendances du marché et d’aider les individus à identifier les compétences à développer pour rester compétitifs.

Mais cette technologie ne s’arrête pas là. En utilisant les données personnelles des utilisateurs — CV, compétences, expériences —, l’IA est capable de matcher chaque personne avec les opportunités de formation et d’emploi les plus pertinentes. Ce processus de personnalisation, essentiel pour assurer un bon alignement entre les profils et les besoins du marché, repose cependant sur un point crucial : le contrôle des données personnelles par les utilisateurs. C’est en garantissant la transparence et la maîtrise de ces dernières que les avantages de cette technologie peuvent être maximisés.

Résultat : un apprentissage plus adapté, des transitions professionnelles fluides et un recrutement plus efficace, en phase avec les besoins réels.

Pourtant, à l’heure actuelle, les données sont cloisonnées et sous-utilisées par le monde éducatif qui peine à s’adapter. Les solutions existent pour permettre la correspondance automatique des données, dans un cadre confidentiel et sécurisé, mais elles ne sont pas adoptées ce qui crée un manque d’efficacité dans la recherche d’emploi et l’acquisition des talents.

Un enjeu de formation tout au long de la vie

Face à cette dynamique, il est crucial de reconnaître que la problématique de l’adéquation compétences/marché ne se limite pas à l’éducation formelle, comme l’université, mais touche tous les aspects de l’apprentissage tout au long de la vie. Les emplois évoluent rapidement, et il est impératif que les individus continuent de se former tout au long de leur carrière. À cet égard, le gouvernement français a pris des mesures significatives pour promouvoir la formation tout au long de la vie, reconnaissant ainsi l’importance de l’apprentissage continu pour tous, quel que soit leur stade de carrière.

Appel à action

Sur le marché de l’emploi, le décloisonnement des données et leur utilisation par l’IA apportent des avantages indéniables.

Si cette révolution technologique présente des bénéfices avérés pour les entreprises et pour les individus, pourquoi ne serait-elle pas une opportunité pour les écoles, premières pourvoyeuses de talents sur le marché du travail ?Pour cela, il est crucial que les décideurs politiques, les entreprises et le monde de l’éducation investissent dans le développement de solutions technologiques innovantes et adoptent une approche plus ouverte en matière de partage des données. Cela ne signifie pas que l’IA doit remplacer l’humain, mais plutôt l’accompagner dans ses missions, en lui apportant de nouveaux outils et de nouvelles perspectives.

En personnalisant l’apprentissage et en optimisant le recrutement grâce à l’IA, il est possible de bâtir un marché du travail plus agile, prometteur pour tous, et adapté aux défis de demain.
Marché de l’emploi et IA/Marché de l’emploi et IA

Article co-écrit avec

Marion Peringuey,

avocat collaborateur, avocate au barreau de Paris depuis 2019 elle rejoint Yards (ex-MBA Avocats) en 2020. Elle intervient en droit social auprès des entreprises, en conseil et en contentieux. Elle conseille et accompagne les entreprises dans toutes les problématiques de la viecourante d’une société (rédaction de contrats de travail, d’accords collectifs, négociation avec les délégués syndicaux, information-consultation du CSE, phase de pré-contentieux…). Elle représente également les clients du cabinet lors des contentieux devant les juridictions (conseil de prud’hommes, cour d’appel, tribunal judiciaire…).




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Christine Hillig-Poudevigne Avocat-Associée M B A - Membre de YARDS A.A.R.P.I
Christine a prêté serment en 1997. Elle accompagne ses clients dans des opérations de restructurations (fusions, acquisitions, transferts de salariés…) et de gestion des effectifs (Plan de Sauvegarde de l’Emploi, Plan de Départs Volontaires, Accords GPEC, Congé Mobilité, Rupture Conventionnelle Collective…). Egalement dans lleurs négociations collectives, les consultations des instances représentatives du personnel, et en droit individuel du travail (embauche, rupture, négociations de départ, etc.). Après la Chambre de Commerce Internationale (CCI), elle a commencé sa carrière chez Slaughter and May à Paris puis chez Allen & Overy avant de rejoindre MBA en 2006. ou elle dirige le Pôle Social.