Chaque année, le nombre de maladies de la vue recensées en France ne cesse d’augmenter, et cela s’explique par l’augmentation des maladies chroniques et le vieillissement de la population. Il a été constaté que près de 50% des Français avaient besoin d’une correction optique et qu’un Français sur trois était sujet à des troubles de la vue. Le glaucome, principale cause de cécité dans l’Hexagone, touche environ un million de Français, dont la grande majorité d’entre eux ont plus de 40 ans et dont seulement 500 000 sont dépistés puis soignés. Le nombre de patients atteints de rétinopathie diabétique est aussi estimé à un million. Pour ce qui est de la cataracte, plus de 800 000 interventions sont réalisées annuellement pour son traitement. Par ailleurs, selon les résultats du baromètre 2017 effectué par Opinion Way pour le compte de l’AsnaV (Association nationale pour l’amélioration de la vue), la myopie se fait de plus en plus fréquente chez les jeunes de 16 ans à 24 ans. Le même baromètre a affirmé que les activités qui privilégient la vision sur écran en sont les principales responsables. Compte tenu de tous ces chiffres, l’ophtalmologie constitue un véritable enjeu de la santé publique.
Mais malheureusement, ces dernières années, une pénurie marquée d’ophtalmologues a été constatée dans l’Hexagone. Au début de l’année 2021, on a uniquement recensé 4 621 ophtalmologistes conventionnés, alors qu’ils étaient au nombre de 4 719 l’année précédente et 5 035 en 2017. L’ophtalmologie devient ainsi le rendez-vous médical le plus difficile à obtenir. Il faut en moyenne patienter 65 jours (sauf urgence) avant de pouvoir consulter un ophtalmologiste. Dans certains départements sous-dotés, ce délai d’attente s’élève jusqu’à 6 ou 12 mois. Alors, comment explique-t-on ce phénomène ? Existe-t-il des moyens pour y faire face ?
Remédier à la situation de pénurie d’ophtalmologues en ouvrant un centre d’ophtalmologie
Avant tout, l’ouverture d’un centre d’ophtalmologie est un projet qui se destine exclusivement aux ophtalmologistes et orthoptistes. Si vous exercez l’un de ces métiers, mais que vous ne souhaitez pas créer votre propre centre, il vous est tout de même d’intégrer un projet aussi ambitieux que novateur qui apporte des réponses concrètes à la pénurie marquant actuellement le secteur de l’ophtalmologie. Ainsi, vous pouvez facilement trouver un emploi d’ophtalmologue (libéral, salarié, remplaçant, télémédecine) ou d’orthoptiste (salarié, activité mixte…) au sein d’un réseau de centres d’ophtalmologie.
Où installer son centre d’ophtalmologie ?
Si vous êtes un ophtalmologiste qui souhaite contribuer à résorber les territoires les plus touchés par la pénurie, n’hésitez pas à vous orienter vers la création d’un centre ophtalmologique dans les communes qualifiées de zones “sous-denses” ou “sous-dotées”. Ce sont les expressions que l’on utilise pour qualifier les territoires médicaux où la densité ophtalmologique est en deçà de 5 ophtalmologistes libéraux pour 100 000 habitants.
L’accès aux soins optiques dans ces territoires se révèle extrêmement difficile (pour les nouveaux patients notamment) et le délai d’attente pour un rendez-vous y est relativement conséquent. Dans le Cantal, en Lozère ou dans l’Indre par exemple, les patients doivent s’armer de patience avec respectivement 193, 201 et 217 jours d’attente pour obtenir un rendez-vous. En général, c’est dans les départements avec de plus petites agglomérations où la densité en ophtalmologues est la plus faible.
Avant de vous lancer dans la mise en place d’un centre d’ophtalmologie, il est surtout conseillé de se baser sur différents critères, à savoir les besoins réels du territoire ainsi que ses problématiques, les caractéristiques de la population, la concurrence… En ce qui concerne l’emplacement, vous ne devez privilégier que ceux qui sont très bien desservis, afin que votre centre soit facile d’accès. Plus l’emplacement sélectionné se situe à proximité de votre patientèle, plus il contribuera au succès de votre futur centre.
Comment ouvrir son centre d’ophtalmologie ?
Notez avant tout que la constitution d’un centre ophtalmologique est un projet particulièrement chronophage et qui requiert un investissement conséquent. C’est pourquoi il apparaît plus opportun d’intégrer un groupe spécialisé. Cette alternative donne droit à un accompagnement sur mesure allant de la création à la gestion de votre centre. Le groupe peut aussi définir avec vous tous les équipements de dernière génération nécessaires à votre activité médicale et/ou chirurgicale.
Il peut vous aider à identifier les locaux adaptés et s’occuper de la recherche et du recrutement d’ophtalmologues et d’orthoptistes qui constitueront votre équipe. Il vous dispense de surcroît des démarches administratives inhérentes à votre projet. Le groupe vous offre la possibilité de racheter un centre existant, mais pour lutter contre la pénurie, il est plus pertinent d’ouvrir un nouveau centre ou mieux encore, de donner vie à des centres secondaires.
Pour devenir le chef d’un centre appartenant au réseau souhaité, que ce soit dans le cadre d’un rachat ou d’une nouvelle installation, vous devez dans un premier temps présenter votre projet à ce groupe. L’équipe de recrutement se chargera ensuite de vous aider à le peaufiner en vous présentant d’intéressantes opportunités. Dès que ce projet sera au point, l’équipe vous aidera à trouver la zone d’implantation la plus rentable et à déterminer le type de local le plus adapté. En parallèle, elle prendra en charge l’ensemble des démarches administratives. Une fois le local validé et le dossier administratif finalisé, le groupe sélectionnera pour vous les meilleurs équipements à la pointe de la technologie et composera votre future équipe.
À présent que votre centre d’ophtalmologie est officiellement créé, le réseau auquel vous appartenez désormais vous accompagne quotidiennement en s’occupant toutes les tâches administratives, et ce, sous votre supervision.
Si vous ne désirez dépendre d’aucun groupe spécialisé, les étapes pour ouvrir votre centre indépendant sont les suivantes :
- création du projet
- diagnostic territorial
- mis en place des règlements de fonctionnement
- établissement du budget à allouer à l’ouverture du centre
- recherche d’éventuelles aides financières
- recrutement et constitution d’une équipe santé
- recherche de locaux
- achat d’équipements et travaux d’aménagement
Il est surtout conseillé de vous faire accompagner par un avocat spécialisé dans les différentes démarches.
Les bonnes raisons d’intégrer un réseau de centres ophtalmologiques
En plus de remédier à l’importante pénurie d’ophtalmologistes qui touche les territoires médicaux sous-dotés où l’offre en soins ophtalmologiques est inexistante ou insuffisante face à la demande, l’adhésion à un réseau de centres ophtalmologiques est pour vous l’opportunité de faire évoluer votre carrière dans un secteur porteur. Il s’agit ici pour vous de privilégier la juste proximité soignant-patients en développant votre propre patientèle.
Si vous avez fait le choix de créer un centre ou d’en racheter un, la délégation des tâches de gestion vous offre la possibilité de vous consacrer à 100% à votre cœur de métier, de traiter le plus de patients possible, tout en leur octroyant plus de temps médical, de renforcer la qualité des soins et de satisfaire amplement votre patientèle. L’équipe du siège ainsi que votre équipe s’attèleront à faciliter et à fluidifier la prise en charge de vos patients, mais aussi à optimiser, maîtriser et sécuriser les parcours de soin.
La téléconsultation d’ophtalmologie au secours des zones à faible densité
Afin de faciliter l’accès aux soins ophtalmologiques dans les zones dépourvues de médecins spécialistes et de réduire au maximum les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous, de nombreux cabinets ont fait le choix d’activer le levier de la téléconsultation (consultation à distance entre ophtalmologues et patients).
Le dispositif de la télé-ophtalmologie suppose la coopération entre ophtalmologues et orthoptistes et a été rendu possible par la signature du premier protocole de télémédecine en 2018. Dans ce schéma, l’orthoptiste effectue à distance tout le bilan visuel prévu au protocole et dont les résultats seront télétransmis aux ophtalmologues avec lesquels il est en coopération. Ces derniers les interprèteront par la suite et enverront leur prescription au patient sous quelques jours.
Si vous êtes un orthoptiste, pour contribuer au bon fonctionnement de ce nouveau dispositif, vous pouvez dès maintenant consulter les offres d’emploi proposé par les réseaux spécialisés et aider les ophtalmologues à remédier à ce phénomène de pénurie.
La pénurie d’ophtalmologistes en France démystifiée
Cette pénurie chronique qui touche tout le pays s’explique notamment par le fait que les études pour devenir ophtalmologue se révèlent aussi longues que sélectives. Après son diplôme de docteur en médecine, le médecin poursuit son cursus dans le but de se spécialiser en ophtalmologie, ce qui revient à un parcours d’étude complet de 12 ans d’étude. L’étudiant peut même faire le choix d’orienter sa spécialité sur des “surspécialités”.
Il n’est donc pas surprenant si un praticien sur deux qui part en retraite n’est actuellement pas remplacé. Tous les ans, pour environ 250 départs, seule une centaine de nouveaux ophtalmologues sont formés. Par ailleurs, près de 2 500 praticiens en service devraient mettre un terme à leur activité d’ici 10 ans, déplore le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF).
Ce constat est paradoxal, étant donné que le vieillissement de la population, l’augmentation constante du nombre de maladies chroniques, ainsi que l’exposition continue aux écrans (chez les plus jeunes et les travailleurs notamment) pourraient booster encore plus les besoins de consultations ophtalmologiques.
Les personnes âgées de 60 ans et plus pourraient atteindre les 29% de la population française à l’horizon 2025. Or, ce sont les séniors qui sont les plus sujets aux pathologies oculaires, plus particulièrement la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge). Cette dernière requiert un suivi régulier chez un ophtalmologue.
La répartition géographique inadéquate des praticiens est aussi l’une des raisons qui expliquent la pénurie d’ophtalmologistes et l’allongement significatif des délais de consultation. En d’autres mots, les régions françaises ne sont pas toutes égales en matière d’accès aux soins optiques, tant au niveau des délais d’obtention d’un rendez-vous qu’au niveau du nombre de praticiens installés. Alors que plus de 500 cabinets conventionnés sont établis en région parisienne et que le délai d’attente y est de 22 jours en moyenne, ce délai est aux alentours de 142 jours dans le Pas-de-Calais. Et pour cause, seuls 9 cabinets conventionnés sur 97 accordent des rendez-vous. Dans la Haute-Loire comme dans les Vosges, il y a moins de 100 cabinets conventionnés. Dans tous les cas, plus il y a d’ophtalmologistes, moins le temps d’attente pour une consultation est important, et vice-versa.