Le FMI estime l’argent blanchi chaque année entre 800 et 2 000 milliards de dollars, soit 2 à 5 % du produit brut mondial. Cela concerne les grands groupes, les banques internationales, et votre entreprise aussi. Bertrand Monnet, directeur scientifique de la chaire Management des Risques Criminels de l’EDHEC, dévoile les méthodes du crime organisé pour s’immiscer dans votre entreprise.

Parasitisme, infiltration, blanchiment d’argent…

Le parasitisme, la 1ère méthode utilisée par  le crime organisé consiste à instrumentaliser les flux logistiques de la supply chain, pour de nombreux trafics (drogue, espèces animales et végétales protégées, diamants, armes…), en  utilisant à un moment ou à un autre les moyens légaux : avions, bus, trains, ferries…
Le 2ème parasitisme très développé est le blanchiment d’argent par l’instrumentalisation des flux financiers.
La mafia
 ouvre des comptes dans les paradis bancaires qui lui garantissent l’anonymat des fonds qui sont ensuite transférés vers l’économie réelle via une multitude de sociétés écrans. La mafia parasite également les places financières en spéculant sur les marchés des actions et des produits dérivés.

Prédation, extorsion, contrefaçon

Comme la piraterie maritime, l’enlèvement contre rançon ou le vol de matériaux, de produits ou de matières stratégiques. Au Nigéria, les guérillas détournent chaque année entre 2 et 5 % de la production de pétrole. Egalement l’extorsion force les entreprises à faire sortir de l’argent de leur bilan, dans le Sud de l’Italie la fiscalité criminelle (le pizzo) fonctionne sur le principe de la bourse ou la vie, les des extorsions ne se déroulent pas de manière aussi brutale., mais consistent le plus souvent à gonfler artificiellement par une surfacturation des flux a priori légitimes essentiellement dans les achats. Les multinationales qui veulent s’implanter à Moscou n’ont pas le choix des fournisseurs ni de négocier les prix. Par l’assassinat, l’enlèvement contre rançon ou l’attentat, le crime organisé intimide l’entreprise et la force à accepter sous la menace les techniques précédemment citées, enfin, le crime organisé recourt souvent à la contrefaçon ce qui correspondrait à 5 et 10 % du commerce mondial.

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Comment détecter une attaque et vous prémunir

Il convient de s’assurer contre les risques d’enlèvement, d’extorsion ou de piraterie maritime et les transférer vers les compagnies d’assurances, ce qui protège le bilan mais n’annule pas le risque. Pour cela, les entreprises ont recours aux conseils d’avocats ou de consultants spécialisés, les services publics de la diplomatie, des renseignements et des forces armées. Les plus en pointe mettent en place des directions de la  Sûreté, démarche efficace, si la direction générale et les dirigeants sont mobilisées  comme le Directeur de l’intelligence économique, le DRH,  le DAF, l’audit et les achats… Les attaques du crime organisé sont parfois faciles à détecter  : une surfacturation massive, la pression d’un politique tenu par la mafia lors de la passation d’un marché. La capacité de détection passe par la formation et la sensibilisation des collaborateurs. L’Edhec propose des modules de formation au management des risques criminels et terroristes, à la lutte contre le blanchiment d’argent et au management du risque de fraude. Ces formations s’adressent bien entendu aux directeurs de la sûreté, mais aussi aux équipes de la DRH, de la direction financière, de l’audit, des achats, de la communication…

Lecture associée : Directeur de l’intelligence économique

Sociétés écran, schtroumpfage ou smurfing

Il existe  beaucoup de méthodes souvent difficiles à détecter au jour le jour en travaillant dans une entreprise même à un poste de cadre supérieur : fausses factures entre des sociétés écran, schtroumpfage ou smurfing, dans ce cas plusieurs personnes déposent des sommes en espèces dans des comptes bancaires de moins de dix mille unités de la devise du pays afin d’éviter le seuil de déclaration, virement électronique, raffinage ( échange de petites coupures contre des grosses dans le but d’en diminuer le volume, d’une banque à l’autre pour éviter  soupçons, et la plus insidieuse, l’amalgamation de fonds obtenus par des moyens frauduleux dans des entreprises honnêtes qui génèrent des recettes brutes au comptant, restaurants, bars, boîtes de nuit, hôtels, bureaux de change et compagnies de distributeurs automatiques… Avec plus ou moins la complicité bancaire à tous les niveaux.
La chaire Management des Risques criminel de l’EDHEC

Comme l’explique Bertrand Monnet,  Directeur de la Chaire Management des risques criminels, à l’EDHEC Business School,  mène une recherche permanente sur les organisations terroristes et criminelles, les guérillas et la délinquance locale, en s’appuyant sur plus de 9 000 sources d’information référencées tels que journaux locaux, lettres professionnelles, radios et chaînes de télévision locales, blogs et sites internet spécialisés, base de données… en analysant plus de 2 000 informations d’intérêt, et 500 notes d’information rédigées chaque mois. Cette veille s’articule aux de deux axes, les acteurs criminels et terroristes, mafias, gangs régionaux et locaux, guérillas et organisations terroristes, et leurs actions concernant l’entreprise tels qu’attentats, enlèvements, actes de piraterie, extorsion, blanchiment…