Le 22 novembre 1963, 12 heures 30, Dallas, sur Dealey Plaza, John Fitzgerald Kennedy, le 35ème président des Etats-Unis est assassiné. Retour sur un personnage complexe et mythique qui a lancé la communication politique.
Président à 43 ans, catholique et riche
Le 21 janvier 1961, à 43 ans, John Fitzgerald Kennedy prête serment comme 35ème président des Etats-Unis. Tout le monde connait sa fameuse phrase « Mes chers compatriotes, ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. »
Un président jeune, beau, énergique, bronzé, donne un message de force et d’espoir à l’Amérique. L’époque fait rêver : la prospérité avec 5,6% de croissance, 5 % de chômage et une inflation de 1,3%.
Derrière le beau président il y a aussi une extension de l’égo du père. Sous l’homme charmant, brillant, se cache un être froid, calculateur, vaniteux et superficiel. Il est élu de peu, sur 68 838 979 voix il obtient 49,7%, soit 112 803 de plus que Nixon. La différence la plus étroite du siècle.
Plus riche président élu, son image l’a beaucoup aidé, certains évoquent les 100 000 voix fournies par la mafia à Chicago, d’autres la réticence d’élire pour la première fois un président catholique.
« Les Kennedy, c’était la famille royale de l’Amérique.»
A l’annonce de sa mort l’Amérique et la planète sont consternées. Son assassinat reste aujourd’hui au bout de plus 50 ans une énigme, malgré des tonnes de livres écrits sur cet événement. Les thèses se comptent par centaines et compliquent encore plus la situation.
Peut-être aussi parce que l’homme Kennedy, sous une image de réussite, de bonheur et de beauté est un être complexe. Avant tout le fils de son père, il est surtout un homme de communication réussie, jusqu’à sa mort mise en scène en direct à la télévision aux yeux du monde entier. On ne peut pas faire mieux.
L’homme, beau, fringant et séducteur cache un état de santé précaire, depuis l’enfance il souffre de la maladie d’Addison et marche avec des cannes qu’il abandonne pour descendre la passerelle de l’Air Force One. Il constitue le gouvernement le plus jeune du siècle avec une moyenne d’âge de 47 ans. Attentif à son image publique, il exploite les conférences de presse, ne laissant rien au hasard, il entretient les journalistes : conférences privées, cocktails avec les rédacteurs en chef qu’il connait par leur prénom. Il exploite l’image de la famille, avec Jacky, « Je suis l’homme qui accompagne Jacqueline Kennedy à Paris » dit-il d’un ton espiègle en arrivant en France, ses enfants, John John dans le bureau ovale, Caroline sur un poney, et cache ses béquilles aux caméras quand il voyage, tenant à coup de piqûres 2 à 3 fois par jour d’anesthésique local. John Fitzgerald Kennedy, un super homme de marketing qui a lancé la communication politique.
Khrouchtchev et Marilyn Monroe
La fête donnée au Madison Square Garden pour ses 44 ans ravit l’Amérique avec la sulfureuse Marilyn Monroe qui susurre de manière très sensuelle
« Happy Birthday, Mister Président… » s’adresse à l’homme qui dispose de la plus forte puissance nucléaire, selon certains un « héros de guerre fabriqué ». Humilié par l’opération ratée contre Castro de la Baie des cochons, l’affaire de têtes nucléaires à Cuba est une épreuve douloureuse pour lui, le monde passe à côté du pire après son bras de fer avec Khrouchtchev. A l’époque, la majorité des américains blancs sont favorables à une nouvelle loi sur les droits civiques des noirs, mais il reste encore une forte résistance dans le pays.
Contrairement à la légende, ce n’est pas Kennedy, mais le texan Lyndon B. Johnson qui signera la loi. C’est la personnalité la plus surestimée, il y a un gap abyssal entre l’image qu’il offre au monde et ce qu’il est en réalité. Il y a le JFK public et le JFK secret, à la libido compulsive et aux fréquentations proches de la mafia.
L’homme qui a voulu aller sur la Lune
Le 25 mai 1961 John Fitzgerald Kennedy prononce devant le Congrès un discours sur les besoins urgents de la Nation. « Je crois que cette nation devrait s’engager à atteindre l’objectif, avant la fin de cette décennie, d’envoyer un homme sur la Lune et le ramener en toute sécurité sur Terre. Aucun projet spatial dans cette période ne sera plus impressionnant pour l’humanité, ou plus important pour l’exploration à long terme de l’espace, et aucun ne sera aussi difficile ou coûteux à réaliser. Nous proposons d’accélérer le développement du véhicule spatial lunaire approprié. »
Par ces mots, Kennedy vient de donner naissance au plus extraordinaire programme spatial du 20ème siècle : Apollo. Huit ans plus tard seulement, le 21 juillet 1969, à 2h56 GMT, 6 ans après la mort de Kennedy, Neil Armstrong pose le pied sur le sol lunaire : “C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité.”
Qui a tué Kennedy à Dallas ?
L’image du héros cache celle d’un homme froid qui paradoxalement réussit à être le rêve de l’Amérique, le fantasme d’un peuple, la beauté, la richesse, la puissance… Loin de l’ordre moral que son père lui a peu prodigué, Kennedy profite de sa situation pour sa satisfaction personnelle. Il prend des gros risques avec ses liaisons avec de nombreuses femmes et ses flirts avec la pègre, sous la surveillance de Hoover, le patron de la CIA, qui le tient dans sa main. S’il avait vécu longtemps, les choses auraient sûrement éclaté, on aurait vu qu’il n’était pas le héros, l’homme de caractère, avec l’intégrité et la modération exigée par le poste de président du pays plus puissant du monde. Un culte irraisonné de la célébrité et une histoire fabriquée de toutes pièces avec des images. Kennedy est mort en héros. Il était temps car il trompait son monde. Il avait les compétences politiques, le charisme, le talent oratoire, une intelligence, du courage et un talent exceptionnel du marketing au niveau planétaire.
Alors qui l’a tué ? Castro, la Mafia, Lee Harvey Oswald, les soviétiques, Hoover… Certains avancent même qu’il s’agit d’un suicide organisé ? … Peu importe, c’est l’Amérique avec ses armes qui l’a fait et défait, et son père qui l’a hissé à coups de millions et de manœuvres à un poste qu’il ne voulait pas. Merci de nous avoir fait rêver. C’était trop beau !