En mars 2016, la Sodexo prend la place d’Alstom au club très fermé des entreprises les plus cotées de France, propulsant ainsi sa présidente Sophie Bellon sous le feu des projecteurs. Elle devient la 1ère femme dirigeante du CAC 40. L’occasion de découvrir cette femme d’affaires hors pair, mais aussi une mère de 4 enfants qui milite pour une meilleure répartition entre vie de famille et vie professionnelle.
« On ne confond pas organigramme et arbre généalogique »
Sophie Bellon est « fille de » (Pierre Bellon, fondateur de Sodexo), « cousine de » (Jacques-Antoine Granjon, PDG de vente-privée.com). Mais comme « on ne confond pas organigramme et arbre généalogique », selon les dires de son père, Sophie sait depuis toute jeune qu’elle doit voler de ses propres ailes pour s’imposer. Diplômée de l’EDHEC, elle débute sa carrière en 1985 aux États-Unis, d’abord au Crédit Lyonnais, puis dans le luxe en devenant agent pour les marques de mode française (Armani, Chanel…).
10 ans plus tard, elle dit « se sentir prête pour Sodexo », l’empire fondé par son père en 1966.
Le groupe pèse près de 17 milliards d’euros en Bourse et compte 412 000 salariés. Sophie Bellon commence par occuper une place à la direction financière, au contrôle de gestion puis à la direction client où elle porte l’entreprise à l’international. Nommée vice-présidente du conseil d’administration à la suite d’un processus de sélection strict, elle devient présidente de Sodexo le 21 janvier 2016, prenant la place de son père. Sophie Bellon siège également au conseil d’administration de L’Oréal depuis avril 2015.
La culpabilité d’être mère et manager
Mère de 4 enfants, Sophie Bellon avoue dans une interview pour le Huffington Post qu’elle a vécu la gestion de sa carrière seule, sans personne avec qui échanger sur la difficulté d’équilibrer vie personnelle et vie professionnelle, sur le sentiment de culpabilité de rentrer trop tard pour s’occuper de ses enfants, de laisser ses équipes pour se consacrer à sa famille. Dans les années 90, la mixité en entreprise n’existait pas, ou si peu. Le débat était clos avant même de pouvoir l’aborder. Être femme et manager était « un combat de tous les instants », selon ses dires.
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Une autre vision de la réussite
Aujourd’hui habituée du Women’s Forum, elle clame haut et fort la place des femmes à de hauts postes de management. Elle pousse à faire sauter les barrières psychologiques qui enferment les femmes dans une vision impossible et très masculine de la réussite, où « les hautes responsabilités nécessitent du surmenage ». Elle prône les horaires flexibles, le télétravail, les congés parentaux comme leviers de la réussite qui bénéficient finalement à tous, hommes et femmes, pour une vision du travail plus épanouissante et synonyme de liberté.
« Exigez le respect, affirme-t-elle. Acceptez vos succès. Soyez indulgents avec les autres comme avec vous-mêmes. Affirmez vos convictions. Apprenez des autres. Profitez de vos proches. Amusez-vous au travail. Existez par et pour vous-mêmes. Ne lâchez rien. Faites-le pour vous. Faites-le pour votre entreprise » (interview Huffington Post du 30 octobre 2013).
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La représentation des femmes dans les conseils d’administration
La loi du 27 janvier 2011 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle vise un quota progressif du nombre de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises. Un premier palier oblige les sociétés cotées à composer leur conseil d’administration d’au moins 20 % de femmes (depuis 2014) puis d’au moins 40 % à compter de 2017 (c’est également le cas pour les entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 50 millions durant 3 exercices et disposant d’un effectif supérieur ou égal à 500 salariés). Aujourd’hui, en 2016, seules 12 entreprises du CAC rempliraient cette obligation (données Le Figaro).