Réinventer votre activité pour la mettre en adéquation avec votre écologie personnelle
Né aux Etats-Unis, au début des années 2000, le « job crafting », littéralement « travail façonné par la main », est « un processus que le salarié choisit de mettre en œuvre pour modifier certains éléments de son travail (tâches, organisation, relations) afin que celui-ci lui convienne mieux », explique cette membre du réseau européen de psychologie positive. Ainsi, vous allez remodeler, restructurer, adapter votre poste afin de le rendre moins ennuyeux, avec davantage de sens. Moins ambitieux qu’un intrapreneur, le job crafter prend néanmoins la responsabilité de réinventer son activité pour la mettre en adéquation avec son écologie psychologique personnelle.
Réunir les conditions d’un climat sain
Mais est-ce toujours faisable ? « Non, répond le docteur Boniwell. Certains facteurs doivent être réunis comme un climat sain dans l’entreprise. Si l’on ressent une défiance, on ne peut pas être s’exprimer ouvertement et être authentique. Il faut de la bienveillance, de la confiance et de l’ouverture ». Même si c’est vous, le/la salarié(e) qui prenez l’initiative de cette démarche de job crafting, le manager ou N+1 devra faire preuve a minima d’écoute et de compréhension. Mieux, il faudra qu’il s’implique dans le changement. « Une négociation sera nécessaire pour avancer », poursuit Mme Boniwell.
Analyser votre travail pour y mettre du sens
Lorsque vous entrez dans ce processus, il vous faut d’abord analyser votre travail : vos principales tâches, les plus grosses difficultés rencontrées et les relations importantes. L’étape suivante consiste à réfléchir à chacune des émotions associées à chaque tâche, difficulté, relation à l’autre. La troisième étape est de noter les forces – parfois insoupçonnées -, compétences et faiblesses que vous utilisez dans chacune de vos tâches, difficultés et relations. Et enfin, d’y mettre du sens. « Parfois, ce ne sont pas les tâches en elles-mêmes qui posent problème mais la perception qu’on en a », constate Ilona Boniwell qui est intervenue dans de petites entreprises comme des grands groupes sur ce sujet.
D’où la pertinence d’associer ses collaborateurs à ce processus. « Ils peuvent avoir un regard sur vos forces, vos faiblesses, vos relations ». Et ils pourront être directement concernés par votre éventuel changement de poste ou de tâche alors autant les impliquer dès le début du processus.
Une négociation qui n’aboutit pas toujours
Pour autant, le job crafting permet-il toujours des changements positifs ? Hélas, non. « Il n’est pas toujours possible de renégocier toutes ses tâches, remarque le docteur Boniwell. Mais parfois, même si ce n’est que 10 à 20 % des tâches, cela peut apparaître comme une victoire et redonner de l’énergie ». Ainsi le salarié éprouve plus de plaisir au quotidien et développe des compétences jusque-là sous-évaluées. En découlent aussi de meilleurs résultats pour l’entreprise.
Mais parfois, la méthode de job crafting aboutit à… une démission. Si vous vous apercevez par exemple que vous n’êtes plus en adéquation avec les valeurs de votre entreprise, que vous avez le tour de votre poste, que vous aspirez à autre chose. Le processus est alors salutaire car il vous permet de sauter le pas en allant voir ailleurs.
Qu’il aboutisse ou non à un changement, le job crafting favorise une introspection professionnelle, qui invite à mieux se connaître et à envisager de nouvelles perspectives. Même sans emploi et peu expérimenté vous pouvez piocher dans cette méthode des éléments afin de retrouver une activité en accord avec votre personnalité et vos valeurs.
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