Des envies de star-système dès le plus jeune âge
Issu d’une famille iranienne de classe aisée émigrée aux États-Unis, Sean Rad grandit dans les beaux quartiers de Bel Air, à Los Angeles. Dans un tel environnement, ses premières ambitions visent évidemment le show-biz, mais il déchante rapidement au sujet de ce milieu, selon ses dires, après une mauvaise expérience durant son adolescence. On apprend tout de même que le jeune homme, encore lycéen, écrivait et chantait des morceaux de jazz-pop dans des salles de concert : repéré par un label, ses parents refusent qu’il signe de peur qu’il ne tombe dans la drogue. Autre anecdote : Sean Rad développe son premier projet entrepreneurial (une messagerie mobile) à l’âge de 18 ans, juste avant d’intégrer l’Université de Californie.
L’incubateur où tout a commencé
En 2010 après ses études, Sean Rad rejoint un nouvel incubateur à startups appelé Hatch Labs, dirigé par Dinesh Moorjani (vice-président de la société IAC, détentrice du site de rencontres « Match » et « Meetic »). Le jeune homme s’y installe pour développer une application de fidélisation client, il y rencontre Joe Munoz, un développeur informatique, et ensemble, lancent le projet de Sean Rad appelé Cardify. Celui-ci traîne en longueur, l’application n’étant pas validée par l’Apple Store. Les deux hommes agrandissent tout de même leur équipe (Jonathan Badeen, Whitney Wolfe Herd) et en parallèle, ils participent à un hackaton en présentant un autre projet d’application qui leur tient à cœur appelé Matchbox. Le concept remporte le premier prix et Dinesh Moorjani conseille aux deux hommes de concentrer leurs efforts sur Matchbox. Vous vous en doutez, il s’agit des prémices de Tinder.
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De Matchbox à Tinderbox
Pour développer ce nouveau projet, Sean Rad appelle son meilleur ami à la rescousse : Justin Mateen, roi du marketing et de la jet set. C’est lui qui transforme le nom MatchBox en TinderBox – puis en Tinder* – pour se dissocier du site de rencontre en ligne Match, d’ores et déjà sur le marché en visant un public plus âgé (Match appartient à IAC, la société de Dinesh Moorjani). Les membres de l’équipe dédiée au premier projet Cardify sont également sur le coup et en 2012, l’application Tinder est lancée sur les stores-mobiles, par la « dream team » : Sean Rad, Joe Munoz, Justin Mateen, Alexa Mateen, Dinesh Moorjani, Jonathan Badee et Whitney Wolfe Herd.
Un scandale de harcèlement sexuel et des propos détonants dans les journaux
Le succès est au rendez-vous et Tinder connait une super croissance. L’entreprise embauche une centaine de salariés en très peu de temps, l’équipe dirigeante travaille H24, et très vite se trouve confrontée à des problèmes de mœurs. En effet Sean Rad ne lésine pas sur son image de riche homme sulfureux, régulièrement à la une des journaux, tantôt, il se vante d’avoir les mannequins à ses pieds, tantôt il parle de sodomie en interview. Un jour, il se montre très agressif et accusateur au sujet d’une journaliste de Vanity Fair qui a le malheur de critiquer Tinder. En 2014, les frasques continuent : deux des fondateurs en couple, Justin Mateen et Whitney Wolf, se déchirent dans la vie comme au travail. Wolf accuse l’entreprise de harcèlement sexuel et de discrimination, et l’affaire finit loin des tribunaux, mais sous le feu des projecteurs, avec l’éviction de Mateen et un dédommagement financier conséquent (et top secret) pour Wolf. Quelques mois plus tard, l’entreprise IAC (principale actionnaire) demande à Sean Rad de quitter son poste de CEO pour permettre à Tinder de s’introduire en bourse sans les dommages collatéraux liés à son image. Un an plus tard, il retrouve pourtant sa place, son successeur n’ayant pas convaincu les troupes Tinder.
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En 2018, Sean Rad, un repenti passionné par son entreprise
En 2016, Sean Rad à 29 ans est classé par le magazine Forbes parmi les jeunes entrepreneurs les plus prometteurs du monde., et 3 ans plus tard, son entreprise pèse plus d’un milliard de dollars. L’homme d’affaires se dit repenti, fait attention à son image et à ses propos, il sort même avec Alexa Dell, la fille de Michael Dell qu’il a évidemment rencontrée sur Tinder. (Michael Dell est le PDG de la société informatique Dell.) « Tinder comme le rock and roll, c’est la liberté ! racontait Sean Rad dans une interview. Mon job, c’est de le faire croître (…) On veut être une entreprise mondiale, pas la énième startup créée dans un garage … Tinder, c’est ma vie ! ». Vous pouvez suivre Sean Rad sur son compte Twitter : @seanrad.
*Tinder dans le monde, c’est 2 milliards de « matchs » par jour, 1 million de « dates » par semaine, 190 pays (la France est en 4ème place des pays qui téléchargent le plus l’application), et 800 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018.