« Mais que vous êtes belle, Madame Burnout ! »
Les entretiens de recrutement se déroulent au niveau de la Direction Générale France et Europe du géant Américain qui a un besoin urgent de ses services. En une semaine, le parcours est bouclé et elle reçoit un contrat … un CDI…. Bingo ! En lisant son contrat elle fait pourtant un amer constat : son salaire est divisé par trois par rapport à sa dernière rémunération, et sa fonction est celle d’un manager senior. Mais elle a l’assurance verbale du Directeur Général que son statut sera revu dès la fin de l’année (dans 6 mois à la fin de sa période d’essai). Elle en a vu d’autres, elle a le « cuir dur » et accepte prenant en compte son âge, la situation économique et sa situation familiale, avec les études des enfants à financer… Elle assume.
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« Je compte sur toi,
j’ai mis mes c……. sur la table ! »
Dès son arrivée, le Directeur Général la tutoie pour lui expliquer : « J’ai fait appel à toi parce que je sais que tu vas me sortir de la merde ! »
En fait, il a signé un contrat, actuellement le delivery est en défaut, et il ne peut pas se permettre de « planter le contrat ». Il fait donc toute confiance en sa capacité de remettre de l’ordre dans ce dossier. 2 semaines après son arrivée, Bernie a clarifié la situation. Elle sait ce qu’il y a à faire, elle établit son plan de travail, met en place un suivi hebdomadaire qui identifie précisément les actions, les acteurs, et l’avancement. Ce dernier est vite traité car toutes les actions sont au rouge, aucune ne respecte le plan de travail. Le Directeur Général participe à chaque revue hebdomadaire, mais ne prend aucune décision vis-à-vis des acteurs qui ne tiennent pas leurs engagements.
Bernie lui explique : « Voilà les actions correctives à prendre et le planning à tenir pour pouvoir tenir la date de démarrage. Mais, c’est clair, ce sera un démarrage en mode « dégradé ». »
La réaction du Directeur Générale la surprend : il lui met sur les épaules les tâches qui sont au rouge. C’est ainsi qu’à l’issue d’un suivi hebdomadaire elle se retrouve à traiter les aspects organisationnels, fonctionnels, techniques et financiers. En clair, ce qui n’a pas été fait en 3 mois par 3 personnes lui est demandé en 1 mois à elle seule…. ! Et la Directeur Général d’ajouter avec son style chatié : « Je compte sur toi, j’ai mis mes c……. sur la table ! »
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« Surtout, ne contacte pas le client ! »
Chaque jour elle reçoit des demandes relatives à l’avancement des livrables dont elle a «hérité ». Totalement délectable ! Elles émanent des personnes en charge de les produire qui n’ont rien fait pendant 3 mois. Bernie Burnout subit un véritable harcèlement de mails, relances, appels téléphoniques…. Non seulement, elle ne reçoit pas d’aide mais surtout il lui est interdit de contacter le client. Malgré cette « course à handicaps », elle produit dans les délais les livrables attendus : en 3 semaines, à raison de 20 heures par jour, week-end compris…. Un document de 80 pages, y compris les planches de présentation, et le budget pluriannuel du projet.
Un 3ème couteau vient faire
le sale boulot : « Merci Bernie »
Bernie est satisfaite, elle a remis le projet sur les rails et rédigé le document majeur, pierre angulaire du contrat si important pour le Directeur Général. L’équipe projet en prend connaissance, et met une semaine pour s’en approprier en partie le contenu. Un atelier de travail est organisé pour répondre aux questions restantes, et à l’issue d’une réunion de plusieurs heures, l’équipe projet acquiert la certitude qu’elle tient enfin le document contractuel qu’elle s’est engagée de fournir à son client… Le lundi suivant, Bernie s’attend à être reçue avec les honneurs par le Directeur général qu’elle a sorti d’une mauvaise passe. En fait, c’est un « troisième couteau » qui fait le job, et le Directeur Général et tous les membres de la DG, étrangers à « tout courage managérial » brillent par leur absence.
Et le sbire de lui expliquer maladroitement : « C’est bien, tu as fourni le document qui comptait pour nous, maintenant, on a plus besoin de toi… »
Alors que Bernie dépitée allait se retirer il ajoute : « J’ai une question à te poser… As-tu diffusé le document auprès du client ? »
!???? Bernie reste pantoise. Evidemment, c’est important pour ce grand groupe de s’arroger le bénéfice de la réalisation du document. Et le Directeur général ne peut pas dire à son client : je n’ai pas au sein de mes équipes les compétences nécessaires pour fournir les livrables correspondants à notre engagement contractuel.
Comme Bernie insiste pour avoir des explications, elle entend : « Tu es en période d’essai, il n’y a aucun motif à te fournir…. »
Aussitôt ordinateur, téléphone portable, carte de crédit et voiture de fonction lui sont retirés. Bernie complètement dépecée, l’envie de vomir, quitte le siège de l’ogre yankee et plonge dans la grisaille de la foule des chômeurs.
Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
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