Après avoir été reconnu par la justice responsable direct d’un trou de près 5 milliards dans les caisses de la Société Générale, quel employeur peut recruter un homme possédant de telles références. Pourtant, rien n’est perdu pour Jérôme Kerviel.
Kerviel, riche d’un capital sympathie
Jérôme Kerviel se pose désormais en chantre de la lutte contre la « tyrannie des marchés ». L’ex-trader dispose d’un certain nombre d’atouts dans sa manche dont sa célébrité n’est pas le moindre. Comparé à un autre de ses
« coreligionnaires », Fabrice Tourre, devenu célèbre aux États-Unis via un procès retentissant sous le sobriquet autoproclamé de « Fabulous Fab », Kerviel dispose d’un capital sympathie nettement supérieur à celui dont l’intelligence mathématique démoniaque couplée à une absence de scrupules d’anthologie avait été l’un des rouages du krach de 2008. En effet, depuis ses menées bancaires suicidaires, Kerviel a fait bien du chemin, il a pris son bâton de pèlerin pour suivre son propre itinéraire sur le chemin de la rédemption.
Kerviel béni par le pape François
Des salles de marché jusqu’à sa remise sacrificielle à la police de Menton ce 19 mai en passant par une bénédiction dérobée au Pape François sur rien moins que la Place Saint-Pierre, Jérome Kerviel semble pourvu d’un don pour la communication – voire pour la manipulation médiatique que bon nombre d’employeurs potentiels seraient bien avisés d’exploiter. La démarche semble toutefois moins vierge de tout soupçon que celle d’un Edward Snowden ou même d’un Julien Assange, ces derniers en agissant comme ils l’ont fait savaient pertinemment qu’ils mettaient leur peau sur la table au nom d’intérêts pour eux supérieurs.
Kerviel un candidat à profil rare
Dire aujourd’hui que Kerviel dispose d’un profil rare de candidat à un poste est un euphémisme qui résonne de façon bien ironique. Pourtant il n’est pas dit que plusieurs cabinets de recrutement ne seraient pas prêts à lui apporter un job sur un plateau en or massif. Jérôme Kerviel a aujourd’hui à son crédit une expérience hors pair, il a fait montre d’un invraisemblable équilibre psychique pour tenir bon face au déferlement médiatique qui l’ a englouti. Pour certains, il détiendrait des cartes maîtresses pour se vendre – et même très bien se vendre – à une entreprise : une forme de prestige, une certain de courage, une résistance à toute épreuve, un sens de la communication à l’égal de son don pour la manipulation.
Kerviel, proie des chasseurs de têtes
Bien que la justice lui ait donné raison, il semble très improbable que la Société Générale n’ait pas eu vent d’une façon ou d’une autre des agissements coupables de Kerviel avant leur découverte et le scandale qui en a résulté. Il a alors fait figure en France de bouc émissaire idéal d’un système financier particulièrement décrié et honni depuis la crise de 2008. A l’image de ces hackers engagés par le Pentagone ou les plus grosses sociétés informatiques, Jérôme Kerviel pourrait bien être une proie de choix pour les chasseurs de tête en quête d’un spécialiste capable de manipuler comme il l’a fait rouages et leviers dans le monde impitoyable de la finance mondialisée et devenir ainsi un conseil de premier plan.
Mais est-ce compatible avec sa nouvelle profession de foi affichée? Victime du système ? En a-t-il envie encore aujourd’hui ?
L’épreuve a changé l’homme qui a payé sa dette à sa manière. Tout est possible pour lui.